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NICK TOSCHES |
Le Roi Des JuifsAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1771Lectures depuisLe mercredi 15 Fevrier 2006
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Une lecture de |
Arnold Rothstein est mort à New York le 6 novembre 1928, à l’âge de 46 ans. L’avant-veille au soir, il jouait au poker avec des amis au Park Central Hotel. Après quoi, il fut la cible de coups de feu. Arnold était issu d’une famille juive, venue de la lointaine Bessarabie. Sans doute ignorait-il l’histoire culturelle si ancienne de son peuple. Commerçants s’étant installés en Amérique au milieu du 19e siècle, les Rothstein devinrent d’authentiques new-yorkais. En ce temps-là, la ville était peu sûre. Dans ses quartiers mal famés, se côtoyaient les échoppes de textile, les bistrots et les bordels. Mais on y était plus libre. Abraham, dit Abe le Juste, père d’Arnold, fut un homme influent dans sa communauté religieuse. Encore que sa légende soit probablement enjolivée. Arnold Rothstein s’affichait homme d’affaires. En effet, il possédait plusieurs sociétés, générant beaucoup d’argent. C’était surtout un joueur. Il créa une maison de jeu à Saratoga, fut propriétaire d’une écurie de chevaux de course, truqua le championnat de base-ball. La justice ne prouva pas son implication dans cette magouille, ni dans d’autres cas. Sans se mouiller, Arnold finança des trafics de drogue. Les futurs chefs de la mafia italo-américaine furent ses amis. Les corrompus de la mairie de New York l’appréciaient. Il produisit aussi des spectacles à Broadway. Son personnage inspira de grands écrivains. À cause de son douteux dernier testament, contesté par la famille, sa succession fut compliquée. A cette époque, l’antisémitisme progressait. Si Abe le Juste montrait une pieuse sagesse, le seul Dieu d’Arnold était l’argent. Il profita du manque de réglementation dans ce pays neuf pour en amasser ; au besoin, il contourna la loi. Sa carrière en eaux troubles peut expliquer sa mort. A moins que sa maîtresse, la belle Inez Norton (qui succéda à la défunte Bobbie Winthrop) ait été la cause de ce meurtre. On ne le saura jamais, car on n’enquêta guère. New York vivait alors entre fric et trafics, corruption et crime… « Ne croyez rien, sauf si ça vient de moi » nous répète l’auteur. Démêler la vérité de l’invention dans cet inextricable récit serait illusoire. Nick Tosches est un magnifique bluffeur sarcastique, autrement dit un véritable écrivain. Ce livre est fascinant. S’agit-il d’une biographie ou d’un roman ? d’un prétexte pour raconter le passé de New York, pour évoquer sa population juive ? S’agit-il de se souvenir de tous ceux qui méprisaient la légalité ? Il est improbable qu’un modeste commentaire suffise à traduire cette puissante originalité. Les romans noirs de Tosches sont de belle qualité. Celui-ci est inclassable, déroutant, passionnant. En un mot : remarquable ! |
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