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HENRI TROYAT |
La Femme De DavidAux éditions J'AI LUVisitez leur site |
353Lectures depuisLe mardi 25 Fevrier 2020
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Une lecture de |
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Editions J’Ai Lu N°3316. Parution 5 octobre 1993. 160 pages. Première édition Flammarion 1990. ISBN : 9782277233169 Elle ne pouvait pas le voir en peinture, au début… En janvier 1782, Charlotte, dix-sept ans, attend celui qui doit devenir son fiancé. Son père, Charles-Pierre Pécoul, entrepreneur des Bâtiments du Roi, estime qu’elle est en âge de se marier. Il lui a même trouvé un fiancé potentiel, le peintre Louis David, qu’il a connu lors de la rénovation du logement et de l’atelier de l’artiste au Louvre. Lors de leur première rencontre, Charlotte ressent une aversion qu’elle a du mal à dissimuler, en voyant ce fiancé à la bouche très rouge et très enflée d’un côté, qui était comme un lambeau de viande crue au milieu de son visage pâle. Selon le père de Charlotte l’homme est un génie, pourtant elle est consternée, et se réfugie dans sa chambre, en pleurs. Et elle se demande si ce peintre, dont la notoriété commence à franchir la frontière des artistes, ne serait attiré que par sa dot conséquente. Elle pense toutefois ne valait-il pas mieux être choisie pour son argent que rester vieille fille ? Le mariage aura lieu le 16 mai 1782 et Charlotte a révisé son jugement. Pour preuve, le 15 février 1783, Charlotte accouche d’un petit garçon, qui bientôt sera suivi d’un petit frère puis de deux sœurs. C’est assez, les années passent, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Les tensions entre le couple se font vives, Louis David possédant un caractère entier qui n’a rien à envier à celui de Charlotte. De plus, pour lui, la peinture ne peut se concevoir en dehors du classicisme, se revendiquant toutefois néo-classique, empruntant volontiers ses personnages dans l’histoire romaine ou grecque. Le Serment des Horaces, en 1784, lui assure la notoriété, et son école de peinture est suivie par de nombreux élèves. Seulement, lors de la Révolution, il s’engage auprès de Robespierre, devenant son ami, et votant la mort du Roi Louis XVI, ce qui lui sera longuement reproché par la suite. Il n’échappe pas à la prison lors de la réaction thermidorienne, et ne s’occupe plus de politique sous le Directoire. Mais il se prend d’admiration pour Bonaparte, puis Napoléon 1er, ce qui l’amènera à réaliser sa plus grande et fastueuse composition, Le Sacre de Napoléon, tableau très souvent représenté dans le manuels scolaires. Son ménage bat de l’aile, Charlotte n’acceptant pas ses revirements politiques, ses engagements révolutionnaires et ils divorcent, pour se remarier quelques années plus tard. Avec la chute de l’Empire, Louis David est obligé de se réfugier à Bruxelles. Son amitié avec Robespierre et surtout son passé de régicide restant en travers de la gorge des successeurs des Bourbon. Pendant ce temps Charlotte se montre une maîtresse-femme, élevant ses enfants, aidant lorsqu’il en est besoin Louis David, professant à son égard acrimonie et admiration.
Cette biographie romancée sur la vie et la mort du peintre David, est narrée par Charlotte qui s’exprime comme si elle rédigeait ses mémoires. Si tout tourne, ou presque, autour du peintre, c’est bien Charlotte Pécoul épouse David qui tient la barre, ne ménageant pas ses efforts, distillant ses sentiments, ses conseils, ses appréhensions, ses regrets parfois, ses tribulations de l’époque de Louis XVI jusqu’en 1825 sous la Restauration. Elle partage les hauts et les bas dans la renommée de son époux tout en s’occupant de ses enfants, lui insufflant courage lors de ses moments de découragements, lui prodiguant conseils, tout en restant effacée derrière celui qui se considère comme le Chef de file de la nouvelle école de peinture. David recherchait les honneurs et se considérait parfois comme un incompris surtout lors de ses démêlés avec l’Académie royale de peinture, la combattant puis recherchant les Prix, via l’Institut nouvellement créé sous le Directoire, et recevant dans son atelier des élèves qui deviendront des peintres renommés, même s’il ne partageait pas toujours leur orientation picturale, tels que Girodet, Ingres, Gérard. Henri Troyat, dont on connait la sensibilité dans ses descriptions de femmes engagées, comme dans ses cycles : La Lumière des justes, Les semailles et les moissons et bien d’autres, nous livre ici un beau portrait de femme attentionnée, engagée, mais toujours effacée derrière son mari. Mais Henri Troyat prévient que par manque de documents, s’il s’inspire d’un fait véridique et historique, il a brodé et donc ceci n’est pas à prendre comme une biographie mais bien un roman d’inspiration historique.
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