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JIM THOMPSON |
Ville Sans LoiAux éditions RIVAGESVisitez leur site |
849Lectures depuisLe mardi 20 Fevrier 2018
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Une lecture de |
Ragtown est une ville de l’ouest du Texas qui s’est développée grâce au pétrole. Si Mike Hanlon a ainsi fait fortune, c’est parce qu’il a su habilement combiner ses affaires, quitte à causer quelques mécontentements. Puis il a construit un grand hôtel, le seul digne de ce nom dans cette ville dont il est le shérif en titre. Aujourd’hui, Mike Hanlon est impotent, en fauteuil roulant, ce qui ne l’empêche pas de garder un œil sur ce qui l’entoure. S’il s’est marié assez récemment avec Joyce, c’est peut-être pour qu’on l’envie d’avoir une jolie épouse ne manquant pas de caractère. Toutefois, Mike Hanlon se méfie d’elle, qui serait bien capable de le priver de la moitié de sa fortune, voire davantage. Il n’accorde aucune confiance non plus à Lou Ford, le shérif adjoint, qu’il devine totalement corrompu. Le parcours de David McKenna, surnommé Bugs, a été plus chaotique que la moyenne, avec une grosse part de malchance. Sans doute se montra-t-il souvent trop impulsif dans les postes d’agent de sécurité qu’on lui confiait. Ce qui était dû à un tempérament d’une certaine rigueur et à des mauvais choix. Après plusieurs séjours en prison, il débarque à Ragtown tel un vagabond, frôlant de nouveaux ennuis. Bien que son casier judiciaire ne plaide guère en sa faveur, le shérif Lou Ford lui indique un job à sa mesure : Mike Hanlon cherche un agent de sécurité efficace. Joyce Hanlon approuve et appuie sa candidature. Bugs est bientôt engagé par le propriétaire de l’hôtel. Rapidement, il ressent une sincère sympathie pour Mike Hanlon, tout en évitant de trop l’afficher, restant à sa place. Joyce s’avère plutôt câline envers Bugs, attitude dont il n’est pas vraiment dupe. Il y a une autre femme qui l’attire davantage à Ragtown, Amy Standish. Âgée de trente ans, cette institutrice est la fiancée du shérif Lou Ford. Une relation houleuse, constate Bugs. Il a donc de possibles chances de plaire à Amy, qui n’est pas contre des rendez-vous privés. Bugs doit se montrer prudent, maintenant qu’il a un job confortable, d’autant qu’il se doute que Lou Ford est un type malsain. Westbrooke, qui assure la gestion de l’hôtel, est un professionnel sérieux. Il a un problème avec l’ami comptable qu’il a lui-même engagé. Ce dernier a détourné 5000 dollars. Bugs ne comptait pas intervenir dans ce problème. Il eût été préférable qu’il n’aille pas sermonner le comptable, qui meurt à cette occasion. Bugs sait avoir une part de responsabilité dans la mort du comptable. Mais puisque ça semble être un suicide et qu’il possède un alibi, il y a moins de risque. Par contre, on n’a pas retrouvé le petit pactole détourné. Et bientôt, Bugs reçoit une lettre de chantage. Jusqu’à là, il accordait sa confiance à Rosalie Vara, la femme de ménage métisse, dont il devinait l’intelligence. Mais il l’imagine bien capable de le faire chanter. À moins que ce ne soit Joyce, assez perverse pour jouer ce jeu-là. Si le gérant Westbrooke a sombré dans l’alcool, une cure lui permettra d’y voir finalement plus clair. De son côté, que projette Mike Hanlon concernant son épouse Joyce ? Il y a fort à parier que Lou Ford compte tirer profit de toutes ces embrouilles… (Extrait) “Westbrook se passa le dos de la main sur la bouche. Dit que, merde, il était désolé, il ne voulait pas que Bugs le prenne comme ça. Il n’avait rien fait de plus pour Bugs qu’il n’en aurait fait pour quelqu’un qu’il appréciait, et que Bugs ne lui devait pas un sou. Mais… mais… Sa voix enfla, devint tout à coup vindicative. L’alcool déferlait sur lui comme une grande marée, anéantissant toutes ses inhibitions, ne laissant que sa terreur et un sentiment d’indignation. Sa petite bouche dure cracha un flot de paroles venimeuses et haineuses. Il ne pensait pas ce qu’il disait. C’était l’alcool qui parlait, pas lui. Mais il y avait chez lui un cynisme inhérent qui lui donnait la faculté de mettre bout à bout diverses situations pour aboutir invariablement à des conclusions peu flatteuses. Des conclusions, des réponses, qui dénotaient un manque de logique risible mais étaient en même temps insidieusement convaincantes. Bugs le regardait bouche bée sans savoir s’il devait rire ou se fâcher.” La collection Rivages/Noir a entrepris de publier l’intégralité des livres de Jim Thompson (1906-1977), icône du roman noir. Avec beaucoup d’inédits, ainsi que des retraductions de titres parus précédemment chez d’autres éditeurs (tels “L’assassin qui est en moi” ou “Pottsville, 1280 habitants”). Datant de 1957, le présent roman fut publié sous le titre “Éliminatoires” dans la Série Noire, doté d’une traduction moins complète. Pour être objectif, “Ville sans loi” n’est pas le plus remarquable roman de l’auteur. Mais même un livre un peu moins original de Jim Thompson, ça reste une excellente lecture. Ce qui peut légèrement dérouter, c’est qu’il n’y a pas de héros central dans cette histoire, si ce n’est l’hôtel Hanlon. Malgré un passé agité, l’agent de sécurité Bugs McKenna apparaît comme le moins malhonnête de l’intrigue, face à la sournoiserie ambiante. Au poker, on aurait un "full" avec les cinq cartes en jeu : trois Reines (Joyce, Rosalie, Amy) et deux Rois (Mike Hanlon, Lou Ford). Chacun dissimule ses intentions, les plus hypocrites étant les femmes, mais les hommes sont assurément aussi fourbes. À travers les personnages d’Ed et Ted, employés de l’hôtel, Jim Thompson a voulu donner une touche drôlatique. Disons qu’ils peuvent prêter à sourire, sans plus. Moins de tension, d’intensité, et peut-être d’inspiration, que dans d’autres romans de l’auteur. Malgré tout, il maîtrise à merveille le chassé-croisé des protagonistes, et c’est avec un véritable plaisir que l’on suit leurs aventures. |
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