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BRICE TARVEL |
Ceux Du SoupirailAux éditions MALPERTUISVisitez leur site |
1345Lectures depuisLe vendredi 29 Janvier 2016
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Une lecture de |
Série Morgane. Collection Brouillards. Parution novembre 2015. 120 pages. 10,00€. Et ceux qui soupirent, râlent ? Les précédentes aventures de Morgane et de Mamie Edwige, sans oublier Valentin qui serait jaloux si on l'oubliait, ont été relatées dans certains magazines et même sur des réseaux sociaux, ce qui est flatteur mais également perturbateur. Ce qui oblige Morgane, mais elle s'y adonne volontiers, à lire de nombreux messages via son ordinateur, et y répondre, car elle est une jeune fille polie. Toutefois, alors que les vacances de Pâques se profilent, elle reçoit un appel au secours de la part de Noémie, une gamine habitant au Tréport. Enfin, ce n'est pas Noémie qui a écrit le message, mais une copine un peu plus âgée, petite précision qui ne nuit en rien à la compréhension de cette notule, au contraire. Aussitôt mamie Edwige prépare le voyage qui va s'effectuer en train et en car, son véhicule ayant déclaré forfait pour cause de vieillesse. Ils s'installent à l'hôtel puis partent à l'assaut de la falaise, afin de rejoindre la demeure de Noémie. Trois cent soixante cinq marches, environ, à se coltiner, c'est bon pour l'équilibre pondéral, pour la circulation sanguine, surtout lorsque l'on peut emprunter le funiculaire. Mais avant de continuer cette histoire et suivre dans leurs déambulations mamie Edwige et les deux adolescents, intéressons-nous quelque peu au texte en raccourci du message, afin de nous plonger dans l'atmosphère de ce roman. Noémie a dix ans, elle a lu un magazine qui présentait mamie Edwige, a tout de suite été intéressée, ses parents ont disparu depuis quelques semaines et elle a été adopté par son oncle et sa tante, depuis elle vit dans une baraque baroque en haut de la falaise, laquelle falaise est creuse en partie et grouille de monstres. Elle n'invente rien, d'ailleurs elle en a aperçu quelques-uns par le soupirail placé au pied de la maison.
Il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité de mamie Edwige, et alors que nos trois héros s'approchent de la demeure, ils sont abordés par une gamine sortant d'une hutte et qui les attendait. Noémie, vous avez deviné n'est-ce pas. Ils entendent une voix accompagnée par un piano s'élever dans les airs. La tante Madeleine, épigone de la Castafiore, et l'oncle Jean qui s'adonnent à leur passion, et ce durant des heures tous les jours. Munie d'un cylindre métallique, Noémie s'approche du soupirail et les trois compagnons médusés distinguent une espèce de tentacule nantie de ventouses s'infiltrer entre les barreaux. Leur conviction est faite. Ils quittent Noémie et lui promettent de revenir le lendemain afin de s'entretenir avec ses parents adoptifs. Après une nuit réparatrice à l'hôtel du Homard capricieux, mamie Edwige, accompagnée de Morgane et de Valentin, frappe à la porte du couple d'artistes amateurs. Elle se présente comme recruteuse pour la télévision et affirme que leur prestation, dont elle a pu entendre un extrait, l'a tellement éblouie qu'elle veut leur proposer de participer à une émission. Des louanges qui ne laissent pas indifférents et Tante Madeleine les invite à entrer. Hélas. Installés dans un canapé, mamie Edwige, Morgane et Valentin, assistent à une scène étonnante puis au moment où ils ne s'y attendent pas se trouvent basculés dans une sorte de trappe, plongent dans un gouffre et se retrouvent dans une grotte. Ce qui leur permet de constater que Noémie avait raison. Cohabitent dans cette caverne une méduse géante, un Léviathan, des crabes immenses et autres gentilles bestioles qui ne demandent qu'à accueillir les trois spéléologues malgré eux. Le genre d'accueil que peut effectuer un ogre en apercevant des gamins perdus dans la forêt. Heureusement une aimable sirène du nom de Fahil va les aider à se dépêtrer d'un piège mortel.
Evidement, le lecteur adulte ne peut s'empêcher en lisant cette histoire d'évoquer deux grands noms du domaine littéraire fantastique : Jean Ray bien sûr, mais ce n'est pas la première fois que Brice Tarvel s'inspire du maître et narrateur des aventures de Harry Dickson. L'autre nom n'est autre que Howard Phillips Lovecraft, lui aussi grand fantastiqueur amateur d'animaux issus d'une imagination débordante et torturée. Ce bestiaire, qui n'est pas composé de monstres inconnus mais d'êtres hypertrophiés, permet à Brice Tarvel de laisser sa fantaisie créatrice s'exprimer librement, et de jouer avec les codes de la littérature soi-disant juvénile mais que les adultes aiment lire, en cachette ou non, afin de retrouver cette innocence et ce débordement dans la démesure qui peuplaient les romans de notre enfance, succédanés d'Alice au pays des Merveilles, de Prince Caspian, de Bilbo le Hobbit, avec un petit air du Club des cinq, pour ne citer que les classiques. Mais si mamie Edwige est toujours égale à elle-même, on assiste à une mue de Valentin et surtout de Morgane. En effet l'adolescente est jalouse parce que Valentin, son ami de cœur et d'aventures, rencontre un peu trop souvent à son goût Aglaé, la fille du gérant de la supérette de Florac. Aglaé, qui malgré son prénom, n'est pas si belle que ça, possédant un nez plus long qu'un salsifis et qu'une de ses prunelles ne parait pas bien axée. Evidemment, lorsqu'on veut trouver des défauts à quelqu'un il n'est pas difficile d'en repérer quelques-uns. Pourtant Morgane sait qu'elle ne doit pas céder à la jalousie. Ce qui ne l'empêche nullement de lancer quelques piques à son ami qui n'est pas désossé.
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