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OLIVIER THIEBAUT |
L'enfant De CœurAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
918Lectures depuisLe mercredi 1 Juillet 2015
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Une lecture de |
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N°2332. Parution novembre 1993. 176 pages. 6,65€. Disponible sur le site de la Série Noire. N'en était pas un ! Féru de poésie et rimailleur à ses heures, Benoît, dix sept ans, tue sa mère à coups de couteau, et aux policiers qu'il a appelé, dénonce Antoine Lacaze, l'amant de sa génitrice, comme le meurtrier. Au commissaire qui prend sa déposition, qui l'invite au restaurant et le fait parler, il raconte sa version édulcorée des faits. La jeunesse de Benoît n'a pas été toujours rose. Le divorce de ses parents, l'alcoolisme de sa mère et sa fringale sexuelle ont quelque peu perturbé son enfance. L'amour des vers est un héritage paternel et il se plonge avec délice dans Rimbaud. Il revit les scènes qui l'ont marqué enfant, des scènes de violences entre ses parents, leur séparation, les algarades entre Antoine et sa mère, les moments au cours desquels sa mère recherchait une affection sexuelle auprès de lui, et il y incorpore ses rêves. Des rêves de conquêtes féminines auprès de jeunes filles et qui se terminent toujours par des accidents. Antoine Lacaze se défend d'être le meurtrier mais Benoît ne démord pas de sa déposition. Ce jour là, Antoine a effectivement rendu visite à sa mère, lui a fait l'amour, d'ailleurs des traces de sperme l'attestent, puis il a essayé de renverser Benoît en fonçant en voiture sur lui. Sa mère lui ayant fait une confidence, Benoît l'a tuée et il recherche auprès du commissaire confirmation. Benoît se rend auprès du cadavre à la morgue où il jette la perturbation parmi les corps qui gisent dans les tiroirs. Sa mère n'était pas enceinte comme elle le lui avait annoncé. Le commissaire confie Benoît à son père qui malgré tout aime son fils, mais Benoît l'accuse d'avoir été à l'origine de la déchéance de sa mère, de la multiplicité de ses amants, de son alcoolisme.
Olivier Thiébaut fait partie de cette nouvelle génération d'auteurs qui renouvellent le roman noir français, en lui apportant une dose d'intimisme, de sensibilité qui jusqu'alors n'apparaissait qu'en filigrane. Le déroulement de cette histoire n'est que le prétexte à mettre en scène un personnage d'adolescent perturbé dans ses relations familiales, et principalement maternelles. Cette graine d'homme est engluée dans ses souvenirs, dans ses rêves, ses cauchemars, dans son ressentiment envers son père qui n'a pas su assumer son rôle de pater familias. La poésie contribue pour une bonne part à l'atmosphère glauque, pernicieuse qui se dégage de ce roman. Quant à l'épilogue il est assez déroutant, logique et perturbant.
Citation: Ça vous arrive d'avoir à faire à des assassins sympathiques ? |