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GILBERT TANUGI |
Deuil En AcierAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
1064Lectures depuisLe jeudi 28 Mai 2015
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Une lecture de |
Paris, début des années 1970. Les gens tels que Monsieur Jo, on ne les appelle pas encore des tueurs en série, des serial killers. On les qualifie de psychopathes, de maniaques. Si Monsieur Jo est un personnage inventé par Chris, c'est surtout quelqu'un de dangereux. Il joue au dur dans les boîtes de Pigalle, il y fait preuve d'une grande générosité. Dans sa vie ordinaire, Christian de Grandseigne apparaît pourtant comme un jeune homme sans grand caractère. C'est le fils trop couvé d'une femme du monde snobinarde vivant dans un décor historique et précieux. Christian est un jeune homme tranquille, assez rêveur, ne cultivant aucun but précis pour l'avenir. Il ne fréquente pas grand monde, aucune femme ne semble l'intéresser. Il surveille vaguement les intérêts familiaux, gérés par Maître Guignard. C'est donc en cachette que, la nuit, Christian de Grandseigne se rend à Pigalle, où il se transforme en Monsieur Jo. Est-il vraiment crédible dans son rôle de caïd ou n'est-ce qu'un pigeon de plus ? Est-ce pour son argent ou pour son physique que des filles, telles que Gaby, Daniela ou Andréa, s'offrent à lui ? Quand elles découvrent son secret, il doit les éliminer. Avec un couteau ne lui appartenant pas. Fièvre, crise de folie ? Il bénéficie d'un peu de chance : l'enquête policière qui débute ne fait pas le rapprochement entre Chris et Monsieur Jo. Néanmoins, un embarrassant portrait-robot est diffusé. Maître Guignard est un ambitieux, voire un arriviste. À l'insu de Chris, il est l'amant de Mme de Grandseigne, sa mère. Il imagine même un mariage entre son propre fils et elle, même s'il est très incertain que la mère de Chris adhère à ce projet. Maître Guignard va venir en aide au jeune homme, non sans arrière-pensées. Bonne occasion de le contrôler, de l'amener à accepter des opérations financières juteuses. Toutefois, si le danger paraît s'éloigner, Monsieur Jo risque de renaître. De recommencer à tuer, en s'attaquant à Anne, la nièce de leur maître d'hôtel. Une fuite en avant probablement suicidaire… Né en 1929, Gilbert Tanugi fut récompensé en 1972 par le Grand Prix de Littérature Policière pour son troisième roman, “Le canal rouge” (Denoël, Crime Club). C'est en grand format que fut publié “Deuil en acier” chez Le Masque, en 1974. Certes, il s'agit d'une intrigue plutôt sombre, mais la fluidité du récit et une certaine part d'humour évitent toute lourdeur à l'histoire. Le personnage central n'est pas sans rappeler le cas célèbre de Georges Rapin, dit Monsieur Bill, jeune bourgeois dandy qui s'encanailla avant de devenir un meurtrier. Un côté Dr Jeckyll et Mr Hyde, bien sûr. Gilbert Tanugi parvient à décrire la tension mentale qui habite le jeune homme. À replacer dans le contexte de l'époque, voilà une quarantaine d'années, où l'on s'interrogeait moins sur le rapport entre crime et folie. Un suspense à redécouvrir. |
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