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JOSEPHINE TEY |
Jeune Et InnocentAux éditions 10/18Visitez leur site |
802Lectures depuisLe mercredi 10 Decembre 2014
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Une lecture de |
Au milieu des années 1930, dans le Kent, sur la côte Est de l'Angleterre, à moins de cent miles de Londres. Le corps d'une baigneuse est découvert dans la Crique de Beachy Head, du côté de Westover. Comme il est tôt le matin, on pense à une noyade accidentelle, pas à un suicide. Un jeune homme appelé Robert Tisdall, de son vrai nom Stannaway, déclare que cette femme se nomme Chris Robinson, qu'il logeait chez elle depuis peu. La victime était en vacances dans la région. On s'aperçoit bientôt qu'il s'agit d'une actrice célèbre, Christine Clay. Sa mort de médiatisée dans le monde entier. À Londres, le journaliste d'investigation Jammy Hopkins compte en savoir plus que ses confrères sur l'affaire. Inspecteur de Scotland Yard, Alan Grant est chargé de l'enquête, même si le meurtre reste encore incertain. Sans le brusquer, il interroge Robert Tisdall. Ce jeune homme candide a hérité d'une belle fortune qu'il a dilapidée, se retrouvant sans un sou. Généreusement, Christine Clay l'hébergeait depuis quelques jours. Elle-même avait besoin de s'isoler après son dernier tournage, à l'ambiance imparfaite. L'inspecteur Grant et Tisdall croisent à Westover Erica Burgoyne, la fille du chef de la police du secteur. On trouve un emploi de serveur pour Tisdall. Un bouton de manteau repéré sur le lieu du crime pourrait accuser le jeune homme. On sait aussi de Jason Harmer, compositeur de musiques de films, peut-être amant de la victime, est présent dans les environs. Il n'a pas d'alibi sérieux. L'inspecteur Grant fait la connaissance de lord Edward Champneis (ça se prononce Chins), le mari de Christine Clay. Voyageur aisé s'intéressant modérément à son épouse, l'homme reste assez sympathique pour Grant. Après avoir croisé Erica Burgoyne, de passage à Londres, le policier a rendez-vous avec Champneis et son avocat. Deux surprises dans le testament de la défunte. Elle laisse “Un shilling pour des bougies” (titre original) à son frère Herbert. Et un codicille offre une part de son héritage à Robert Stannaway, dit Robert Tisdall. C'est un mobile, aussi Grant se rend-il à Westover avec un mandat d'arrêt, afin d'interpeller Tisdall à l'hôtel La Marine. Mais le jeune homme utilise la ruse pour fuir. La comédienne de théâtre Judy Sellers s'accuse du crime, mais le policier Grant n'y croit nullement. En cavale, Tisdall s'est caché dans la voiture d'Erica, ce dont elle s'était bien aperçue. Prête à nourrir le fugitif, la jeune fille suit aussi la piste du marginal Harrogate Harry, sur les traces du manteau volé de Tisdall. Il est fort possible que lord Champneis ait menti sur la date de son retour en Grande-Bretagne. Avec son adjoint le sergent Williams, Grant ne renonce ni à retrouver Tisdall, ni à comprendre les circonstances du crime...
Le film d'Alfred Hitchcock “Jeune et innocent” (1937) sur un scénario de Charles Bennett et Alma Reville s'en inspire, mais diffère sensiblement de “A shilling for candles” de Josephine Tey. La célèbre actrice Christine Clay est bien trouvée morte sur une plage, mais la strangulation par une ceinture prouve le crime. Le suspect Robert Tisdall (Derrick de Marney) est arrêté très vite et interrogé par la police. Il s'évade juste avant l'audience au tribunal, chaussant les lunettes de son avocat myope pour passer inaperçu. Dynamique fille de colonel, Erica Burgoyne (Nova Pilbeam) possède sa propre voiture. Robert Tisdall s'y est caché, tandis qu'elle quittait la ville. Il lui demande de le déposer auprès d'un vieux moulin abandonné, où il va se cacher. Erica y revient bientôt pour lui donner à manger. C'est ensemble qu'ils poursuivent l'aventure jusqu'à l'arrestation du vrai coupable. Hitchcock fait une apparition assez longue, jouant un photographe à la sortie du tribunal. Parmi les scènes comiques, deux constables sont obligés pour rentrer au poste de police de monter dans une carriole pleine de cochons. Mémorable scène de bagarre dans un pub, ou encore celle avec l'avocat bigleux. Le dénouement, dans un bal, est calibré à souhaits par le cinéaste. Par contre, Alan Grant, le héros de Josephine Tey, ne figure absolument pas parmi les enquêteurs. Publié en 1936, “A shilling for candles” est la deuxième des six aventures de l'inspecteur Grant. Roman d'énigmes, certes. Pas de ceux qui étalent une brochette de personnages d'allures fourbes ou faussement aimables, tous plus soupçonnables les uns que les autres, non. Au centre de l'affaire, un suspect très probable, qui à l'air d'un naïf malgré une vie déjà chargée, assez malin pour disparaître à temps. Autour, une foultitude de gens qui ont plus ou moins connu la victime. Grâce à eux, Josephine Tey décrit l'Angleterre de son époque, aussi bien rurale et côtière que citadine. On navigue entre le petit peuple, ce qui inclut des policiers débonnaires, et la bonne société londonienne, sans oublier le monde artistique. Ça donne de délicieux portraits tel celui, fort ironique, d'un hôtelier du Kent qui va se montrer obséquieux avec les policiers de Scotland Yard : “Toselli exécrait la police. Toute sa vie, il avait détesté quelque chose ou quelqu'un...” Sinueux, riche en détails et en péripéties, un roman d'enquête d'excellente qualité. |
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