|
![]() |
JAN THIRION |
Tout MoiAux éditions DU HORSAINVisitez leur site |
1606Lectures depuisLe lundi 14 Juillet 2014
|
![]() |
Une lecture de |
![]() |
Cent micro-fictions ! Cent micro-frictions ! Cent micro-frissons ! Alors que certains romanciers s'échinent à pondre des pavés, parfois indigestes, de cinq, six, sept cents pages, voire plus, s'engluant dans une histoire dont on se demande s'ils vont arriver à retomber sur leurs pieds, sans perdre en route un de leurs personnages, Jan Thirion adopte la démarche inverse. Tout est écrit en peu de mot et il devient l'un des chantres du minimalisme Il nous propose de déguster un trou normand salvateur entre deux plats bourratifs. Jan Thirion s'est imposé une contrainte. Ecrire un texte en mille signes. Et il a multiplié ces petites tranches de vie, ces instants pris sur le vif en cent vignettes colorées ou en noir et blanc. Un kaléidoscope d'images qui défilent sous nos yeux comme peut le ressentir un mourant qui revient à la vie et a revu son existence en quelques secondes avant de franchir la barrière. Mais celle-ci était trop haute et il s'est contenté de rester du bon côté. Ce qui ne l'a pas empêché de se remémorer des scènes qu'il pensait enfouies dans les limbes de sa mémoire. A nos actes manqués...
Afin de donner plus de poids, de véracité, de crédibilité, de complicité entre l'auteur et le lecteur, ces textes sont écrits à la première personne. La narration d'un vécu transposé, d'une rencontre dans un lieu public, d'une scène de la vie courante, d'une immixtion dans l'intimité des personnages ordinaires ou presque. Peut-être vous-même les avez-vous rencontrés lors de vos déplacements, dans un restaurant, sur le parking d'un centre commercial. Les avez-vous côtoyés, perdus dans leurs pensées revanchardes ou moroses, se précipitant pour on ne sait quelle raison. Ainsi dans Un mauvais médecin, qu'est-ce qui pousse cette femme à hanter les centres commerciaux de sa ville ? Dans Un mariage réussi Un octogénaire danse le rock lors d'un mariage, quitte à dégringoler et réveiller son arthrose ou son arthrite, il ne sait plus trop. Mais qu'est-ce qui le pousse à vouloir épater les jeunes ? Une libraire, qui se dépêche de ranger dans les présentoirs la presse pour jeunes, car sa fille qui va accoucher la réclame, est braquée par un individu cagoulé. Mais elle pense reconnaitre le malandrin. Tel est le thème de Braquage à petite échelle. Mais qu'est-ce qui a donné l'idée à cette jeune fille d'enfiler un chandail en laine trop long et de s'approcher du feu où bout du lait dans une casserole. C'est vraiment Un accident domestique. Ce ne sont que quelques exemples, mais la palette scripturale de Jan Thirion est nettement plus complexe, élaborée, diversifiée, qu'elle pourrait laisser croire. Puiser dans le quotidien semble banal et en relever les traits saillants ne sont pas donnés à tout le monde. Et ces textes sont comme des billets d'humeur et d'humour noir qui pimentent des scènes supposées insignifiantes et qui prennent toute leur saveur sous la plume d'un décortiqueur malicieux. Le lecteur assidu ne manquera pas de reconnaître certaines histoires, qui ont été retravaillées, légèrement remaniées et enrichies comme par exemple dans De la revanche dans l'air dont une version plus longue figure dans Dix rounds. Jan Thirion utilise ses armes favorites : la dérision dans le dérisoire, l'humour dans le pathétique, le petit grain de folie au service d'une histoire banale. |
Autres titres de |