enchanté de faire votre plein d’essence ! et autres joyeuses calembourdes de Marie TREPS


Enchanté De Faire Votre Plein D’essence ! Et Autres Joyeuses Calembourdes TREPS133

MARIE TREPS

Enchanté De Faire Votre Plein D’essence ! Et Autres Joyeuses Calembourdes


Aux éditions LIBRAIRIE VUIBERT

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Le samedi 13 Avril 2013

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Marie TREPS




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Une manière spirituelle de converser !

Vous connaissez sûrement quelqu’un de votre entourage, voisin, collègue, ou autre, qui, dans une conversation, déforme les mots, volontairement ou non. Ainsi j’eus une voisine qui me parla un jour de picot-marqueur. Je mis longtemps à comprendre qu’il s’agissait de marteau-piqueur. Et depuis j’ai tendance à penser picot-marqueur lorsque je vois un ouvrier défoncer avec cet outil un trottoir. Une autre fois elle me proposa des mélancolies. Ce à quoi je lui répondis que j’avais déjà des soucis dans mon jardin. Elle voulait tout simplement dire ancolies, ces fleurs vivaces qui se déclinent dans toute une palette de couleurs mais dont la plus connue est l’ancolie bleue, dite commune.

Ce livre a mûri dans la tête de l’auteure à la suite d’une rencontre avec Pierre Bonsenne, alors directeur du magazine Lire, sur les plateaux de Bouillon de culture de Bernard Pivot en 1994. A l’issue de cette émission, Pierre Bonsenne, très élégant et distingué, salue Marie Treps en lui disant d’une voix feutrée : Arrosoir et persil. Que répondre à cette formule de politesse pour le moins peu banale ? Sans réfléchir outre mesure, Marie Treps réplique tout de go : Enchantée de faire votre plein d’essence. Si elle avait rétorqué Enchantée de faire votre plein des sens, cela eut prêté à confusion. Evidemment pour ce faire, ces échanges spirituels ne prennent que plus de saveur lorsqu’ils sont spontanés, et diffusés entre personnes d’esprit ouvert et appréciant l’humour.

Les bons mots, les jeux de mots qui jouent sur la consonance ou sur les approximations peuvent ne pas titiller l’oreille de l’auditeur mais écrits ils prennent une saveur incomparable. Les jeux de mollet pour les jambettes doivent être interprétés ainsi : les jeux de mots laids pour les gens bêtes.

Certaines expressions qui sont devenues courantes chez les amateurs de bons mots ont une origine bien loin de celle que leur prête. Ainsi la locution courante Des lèvres et des dents, que longtemps j’ai attribuée à San Antonio alias Frédéric Dard puisque je l’avais découverte dans ses romans, est en fait un emprunt à Alphonse Allais dans Le parapluie de l’escouade (1893). Mais selon l’auteure de cet ouvrage cette expression est à mettre également au crédit de Léo Malet dans Le soleil nait derrière le Louvre (1954), tandis que San Antonio déclinait Ni des lèvres ni de l’Isle-Adam dans Au suivant de ces messieurs (1957) et Fernand Raynaud Ni d’Eve ni des dents dans son sketch Heureux ! dans les années 50.

Tout le monde se souvient du sketch de Coluche Le Clochard analphabète, dans lequel l’humoriste détournait les mots pour leur donner une signification nouvelle, approximative mais non dénuée de bon sens. Je ne parle pas de l’ingénieur à Grenoble ou du savant de Marseille, mais de cette petite phrase anodine en apparence : Tu croirais la caserne d’Ali-Baba, tu vois ? Il doit gagner des sommes gastronomiques lui. La caverne transformée en caserne, pourquoi pas. Les jarres emplies d’or et d’objets sertis de pierres précieuses étaient peut-être rangées comme des soldats à la parade. Quant aux sommes gastronomiques, c’est plus évident qu’astronomiques, puisque cela permet au moins de manger à sa faim même si l’on est dans les étoiles.

Marie Treps en chercheuse opiniâtre est allée dénicher quelques perles chez nos classiques, Marcel Prout, pardon, Marcel Proust en tête. Faites attention à ne pas vous salir à la porte, car, rapport aux serrures, je l’ai faite induire d’huile (Sot d’homme et Gomme or ! Bon, cela me prend aussi de fauter. Sodome et Gomorrhe. 1922). Une autre ? Mais c’est encore jeune pour des situations pareilles […]. Il faut qu’il ait un peu plus de plomb dans l’aile (mon interlocuteur voulait dire dans la tête). Toujours Marcel Proust dans Sodome…

Et croyez vous que Balzac ait échappé à ce petit amusement lexical ? Que nenni ! Oh ! Je suis restée pendant cinq ans dans un château des Alpes avec un Anglais jaloux comme un tigre, un nabab ; je l’appelais un nabot, car il n’était pas si grand que le bailli de Ferrette. Et je suis retombée à un banquier, de Caraïbe en syllabe, comme dit Florine. Extrait de Splendeurs et misères des courtisanes, 1847. Personnellement j’aime aussi la locution être jaloux comme un pied. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce que les pieds jaloux = les pièges à loups. Merci à mon prof de français qui me l’a apprise il y a cinquante ans.

Le plus étonnant réside en ce que vous et moi utilisons souvent des expressions dont nous ne connaissons pas l’origine, qui sont parfois un peu abstruses, et qui sans nous sembler illogiques n’en sont pas moins détournées de leur sens originel. Par exemple Fier comme un pou. Au premier rabord, cela ne veut rien dire. Mais si l’on sait qu’il faudrait écrire Fier comme un poul, le L ne se prononçant pas, alors cela change tout. Mais qu’est-ce qu’un poul ? Tout simplement un Coq en vieux français. Et cette explication nous éclaire un peu mieux sur la signification exacte de cette locution.

Marie Treps ne se contente pas de décliner toutes ces joyeusetés linguistiques, comme si elle établissait un catalogue des calembours, des pataquès et autres écarts de langage. Elle donne des explications à ces différentes expressions, l’origine, les à-peu-près et leurs divergences. Un travail de longue alène, comme dit mon cordonnier, qui demande de nombreuses heures de recherches, de la rigueur et de la patience. De l’humour aussi, parfois un brin potage, pardon potache. Un livre charmant, jamais ennuyeux qui vous permettra de briller en société, pour peu que vos interlocuteurs apprécient les réparties décalées, surtout si vous vous en référez à leurs auteurs, qu’ils se nomment Albert Cohen, Marcel Proust, Honoré (moi de même) de Balzac, San Antonio, Coluche, Fernand Raynaud, Cabu, ou encore Philippe Roth. Afin que l’on ne vous prenne pas pour un débile textuel mais pour quelqu’un qui sait converser avec élégance et humour, sans pédanterie.

En guise d’interlude, Le roman de madame Rose, décliné sous forme de feuilleton, est un salmigondis humoristique de ces déviances verbales et l’auteur réalise là un petit tour de force de construire une nouvelle qui soit lisible tout en étant farfelue lexicalement.

Juste un tout bémol, qui n’est pas un couac. Si Marie Treps nous propose deux index, l’un concernant les calembourdes, l’autre les Docteurs es-calembourdes classés par ordre alphabétique et le ou leurs ouvrages de référence, un index des auteurs par pages eut été le bienvenu. Dans une prochaine édition peut-être.

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