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MAUD TABACHNIK |
Le Sang De VeniseAux éditions J AI LU |
1964Lectures depuisLe mardi 4 Novembre 2003
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Une lecture de |
« Les Juifs furent expulsés d’Angleterre en 1290, de France en 1306, d’Espagne en 1492, du Portugal en 1497. » Venise par pragmatisme fiscal refusa d’emboîter le pas aux nations chrétiennes et opta pour une solution plus douce : en 1516, elle les regroupa dans le quartier du ghetto. L’action de ce roman se déroule en 1575. La puissance commerciale de la république vénitienne périclite, sa suprématie maritime est mise à mal par les attaques incessantes des pirates. Pour maintenir son rang la cité lacustre doit renforcer ses relations économiques avec l’empire ottoman, ennemi déclaré de la chrétienté. Mais elle a besoin « sinon de l’approbation, du moins de la neutralité de Grégoire XIII » La communauté juive devient le jouet de ces batailles politiques. Venise va-t-elle sacrifier, pour plaire au Pape, les habitants du Ghetto ? C’est ce qu’elle semble avoir décidé et sa tache lui est facilitée par les événements criminels qui secouent la cité. Le cadavre exsangue d’un jeune garçon est découvert non loin du Ghetto. Pain béni pour la raison d’état. Les discours fanatiques d’un moine franciscain qui accuse les Juifs de saigner les enfants chrétiens en vue de préparer leurs galettes de Pâques, feront le reste. La plume de Maud Tabacchnik ressuscite le Venise du XVI siècle grouillant de vie, de fastes et de richesses. Elle nous conduit dans les ateliers des artistes les plus légendaires ; dans les palais officiels, richement ornés pour les personnages les plus illustres ; nous assistons aux séances du tribunal de la Sainte Inquisition ; nous traversons la ville bruyante et festive, échouons dans les prisons secrètes de la république. Elle nous décrit les deux mondes qui s’opposent : celui des Juifs et de ses multiples communautés, celui des « gentils » et de ses multiples intérêts. La haine, la jalousie l’ignorance et le fanatisme les dressent les uns les autre et pourtant deux femmes, l’une juive, l’autre chrétienne refusent cet engrenage de violence et cherchent par-delà leur différence, la vérité. L’une refuse de se soumettre à la raison d’état l’autre au fatalisme et aux traditions séculaires. L’une et l’autre, mues par l’amour de la justice, de la vérité, de l’amour, démasquent les véritables coupables et font reculer la raison d’état, qui ne demande qu’à s’adapter à la nouvelle donne bien plus favorable aux intérêts de la ville. |
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