Traducton Eic BouryPremière chronique de l’année 2013, mémorable pas tant par la qualité estimable des pages que par leur nature immatérielle : l’éditeur a eu la bonne idée de procéder à l’envoi d’un livre numérique. Voilà qui va soulager la sacoche de mon facteur. Qu’on se le dise !Islande, janvier. Météo pourrie (ah ?) mélange de pluie et de neige, tempêtes impitoyables. La micro société islandaise ne se remet toujours pas de la faillite du pays. Notre héros, Einar, qu’on a déjà rencontré dans « Le septième fils » … est journaliste pour « Le Journal du Soir » et se répartit entre la capitale, Reykjavik et le nord. Akureyri, c’est le nord du nord ! Son aéroport est résolument bloqué à maintes reprises chaque hiver en raison des tempêtes de neige, la ville difficilement joignable par une route tortueuse.Einar s’interroge beaucoup sur les mutations qu’il observe dans son quotidien. Lui, et les personnages autour de lui, collègues, policiers, les jeunes, dont sa fille Gunnsa, ne savent plus s’ils doivent encore, ou pas, croire aux valeurs ancestrales d’un pays où chacun connait tout le monde, à tel point qu’on n’y a pas besoin de nom de famille.C’est forcément les plus faibles qui sont les premières victimes des changements. Ainsi, la vieille voisine d’Einar est retrouvée tabassée chez elle. Même les enfants pâtissent de la folie financière qui s’est emparée du pays, spéculation effrénée puis ruine totale. La petite Magga est enlevée à son père, ancien « viking », de ceux qui ont mis une société entière à genoux en spéculant. La rançon réclamée est monstrueuse, énorme, impossible à réunir.Pourquoi, alors que le temps court et que le journaliste s’efforce d’enquêter de son côté, sa collègue et amie Sigurbjörg abandonne-t-elle soudain son poste pour écrire la biographie d’un rocker sur le déclin ? Enfin, qui a agressé une malheureuse postière sourde, et surtout pourquoi ? Thorarinsson tissse habilement une intrigue ancrée dans les discours des personnages, principaux comme secondaires, au travers desquels on perçoit le désarroi d’individus traumatisés par la banqueroute de l’état. On suit le discours intime d’une gamine traumatisée par la ruine de son père et qui lutte ensuite moralement contre ses ravisseurs. Enfin l’enquête de Sigjurbjörg, jeune journaliste intelligente mais blessée, ouvre des tiroirs qui ne cessent de surprendre le lecteur. Einar garde son humilité, sa patience, et son intuition. Pour qui aime le rythme très nordique, la modestie d’une intrigue qui exclut les échanges de coups de feu comme les poursuites automobiles pour se concentrer sur les gens, tout simplement, « L’Ange du Matin » est un bon cru.
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