DOMINIQUE SYLVAIN

Médecin légiste âgée de trente ans exerçant à Paris, Philippine Domeniac s’est réinstallée chez son grand-père, dans le village où sa famille a ses origines. Comme tous les Domeniac, elle reçoit un curieux courriel, qui fait référence à son père Thierry. Éminent biologiste, celui-ci se suicida vingt-quatre ans plus tôt. Philippine en informe son ami le policier Serge Clémenti. Ne sachant s’il s’agit d’une menace, la jeune femme fait appel à la détective Louise Morvan. Une enquête psychologique sur les Domeniac reposera Louise de missions agitées et de liaisons incertaines.

Dans la famille, il y a d’abord le grand-père Jean-Pascal, ancien expert psychiatre. On ne peut exclure la vengeance d’un accusé qu’il aurait fait condamner. Sujette à des troubles mentaux, son épouse est sous la garde du dévoué Pierrick. Ils eurent deux fils. Thierry fit une brillante carrière, avant de se poser des questions sur les avancées de la biologie moléculaire, et sur les OGM. Son couple fonctionnait mal, aussi. Son suicide s’explique grâce à de nombreux facteurs. Hadrien, l’oncle de Philippine, représente la branche aisée des Domeniac. Mariée à Judith, qui évolue dans le monde artistique, Hadrien est un puissant homme d’affaire qui n’apprécie guère les investigations de Louise. Alcoolique et stressé, son fils Stanislas dirige un grand quotidien. La détective privée éprouve plus d’affinités envers Édouard, l’autre fils qui est avocat.

Ayant interrogé, non sans difficulté, chacun des membres de la famille, Louise estime qu’aucun des Domeniac n’a de motif de jouer au corbeau. Quand la tombe de Thierry est souillée, ça semble une suite au courriel anonyme. Un certain Matthias Dotko surveille les Domeniac et prend Louise en filature, avant de la contacter. Il a de sérieux griefs contre Hadrien. Dotko l’accuse d’avoir fait couler la société de sécurité créée par son défunt père, mort dans l’explosion de sa voiture. Pierrick, le gardien de Mme Domeniac, disparaît avant d’être retrouvé assassiné. Louise le soupçonnait pourtant d’être l’auteur des courriels.

Ne renonçant pas à comprendre, elle interroge Sabernat, dirigeant de la société Genetrix fondée par Thierry et Hadrien. Thierry aurait conçu un virus destiné à détruire les plants à cocaïne, mais il était aussi sceptique sur les objectifs des multinationales fabriquant les OGM. Tandis que le policier Clémenti retrouve une amie de Pierrick, pourchassée par de violents adversaires, Dotko et Louise deviennent partenaires pour tenter de démêler l’affaire. Le danger mortel plane toujours autour de Philippine et des siens…

Voici donc une nouvelle aventure de Louise Morvan. Toutefois, il n’est pas indispensable d’avoir lu les précédentes pour apprécier cette héroïne. On la devine aussi déterminée dans ses enquêtes que bien plus incertaine sur le plan sentimental. Indépendante et obstinée, elle garde une belle part de fragilité. Elle est ici confrontée aux secrets d’un clan familial, mais aussi à la menace d’une mystérieuse mafia russe. Dans les romans de Dominique Sylvain, aux intrigues toujours complexes et aux personnages intenses, c’est la densité narrative qui capte l’attention des lecteurs. On se trouve entraîné au cœur d’un labyrinthe : pas d’autre choix que de suivre le guide, l’auteur. Parce qu’on a ici un suspect, ou là un début d’explication, on s’est cru près de la sortie ? Non, il y aura d’autres chemins ténébreux et inquiétants avant de parvenir à la bonne issue. Cette sinuosité maîtrisée fait la force, le caractère atypique, des histoires racontées par Dominique Sylvain. Excellent, une fois encore !

Une autre lecture du La Nuit De Geronimo de L A

En 1995 apparaît sur la scène du polar la détective Louise Morvan, sa créatrice la fait disparaître en 2001. Depuis nous étions sans nouvelles d’elle. Se serait-elle mariée avec le beau Serge avant d’abandonner la profession? Que nenni!
Louise Morvan est plus que jamais détective privée et Clémenti n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Philippine Domeniac, médecin légiste et fille d’une puissante famille, reçoit, comme tous les membres de sa famille, des mails anonymes au texte étrange:« Geronimo n’a tué personne, mais qui a tué Geronimo? »
Or Geronimo était le surnom de son père, un éminent biologiste, qui se serait suicidé vingt quatre ans plus tôt. Serge Clémenti suggère à Philippine de s’adresser à Louise afin de démasquer le corbeau, corbeau qui ne peut être qu’un intime.

A croire que le passé ne peut appartenir qu’à Louise Morvan…

Et nous voilà partis au village, pour une enquête psychologique digne de Maigret… jusqu’à ce que, d’OGM en virus, de cocaïne en mafia, nous ne débarquions sur la place Rouge.

Dominique Sylvain est passé maître depuis longtemps dans l’art raffiné de tromper puis de surprendre le lecteur, tout comme elle est une experte dans le maniement des explosions de violence inattendue. Et ce roman, qui germe sur les terres du drame familial, n’échappe pas à la règle. Très vite il s’ouvre sur le monde, « le monde fou, instable » où « il faut s’arrimer dans son bateau » si l’on ne veut pas « passer sa vie à vomir par le hublot »
Certain parlent, au sujet de ce polar, du roman de la mondialisation, du polar total, autant de jugements pertinents mais incomplets.

Secrets familiaux, puissant de la presse, cocaïne, OGM, virus, meurtres, explosions, agent de sécurité, secrets militaires, trafiquants repentis, savants sans scrupules… Paris, le village, La Colombie, la Russie… L’amour, la haine, la vengeance et la mort…

Ne vaudrait-il pas mieux de parler de Total Polar?