|
|
PIERRE SAHA |
Les Crimes De RueAux éditions RAVET-ANCEAU - POLARS EN NORD |
1332Lectures depuisLe mardi 26 Mars 2008
|
Une lecture de |
En disgrâce de l’Éducation Nationale, Maurice Lobgeois a quitté Paris et sa famille, pour une nouveau départ en Baie de Somme. Il est devenu localier pour l’Écho de la Baie, et vit avec la belle Astrid. Le libraire Max et l’adjudant de gendarmerie Carpentier sont ses principaux amis. Sur la commune de Rue, le décès insolite d’un ivrogne octogénaire, Desaulnes, incite Maurice à s'interroger. On suppose une mise-en-scène, plutôt qu'un suicide. Le localier écrit d’abord un article prudent sur cet ancien garde-champêtre, icône locale, pilier de bistrot depuis toujours. Maurice est très mal reçu chez la vieille Mme Freux, qui parait nerveuse et inquiète. Peu après, un autre octogénaire, Priseur, périt dans l’incendie de sa maison. Lui aussi semblait se barricader chez à son domicile. Maurice est contacté par Serge, ami Alsacien, compagnon de ses années de militantisme politique, atteint d’un cancer en phase terminale. Malgré le choc de leurs douloureuses retrouvailles, le localier poursuit son enquête. L’ancien secrétaire de mairie dresse un portrait sans concession de Desaulnes : “C'était un jean-foutre, monsieur, un vériable bon-à-rien!”. Ce fainéant aurait eu un fils illégitime, dont on ne sait pas grand-chose. La disparition de Mme Freux est signalée. Pour Maurice et l’adjudant Carpentier, cette affaire commence à ressembler à un règlement de compte. La sœur âgée de Priseur est trouvée pendue dans sa cave, victime de violences et de strangulation. Après le décès de son ami Serge, Maurice se rend chez une dame de Reims, ancienne habitante de la région de Rue. Elle a retrouvé des photos anciennes, accablantes... Cette histoire cultive une singulière ambiance où, malgré quelques sourires et une part d’ironie, domine une certaine amertume. Bien qu’encore jeune, le héros a subi bien des désillusions, professionnelles ou militantes : « Dire qu’on avait des idées sur tout ! On se croyait en rupture de ban totale avec nos aînés, alors qu’on suivait leurs pas sans broncher. » Son parcours, ses déceptions, rejoignent un peu les motivations de l’assassin, beaucoup plus haineuses. La noirceur prime sur le pur roman d’enquête. C’est bien la nature humaine, avec ses bassesses, ses vilénies, qui est au cœur de l’intrigue. Un récit qui gagne en densité, en force, au fil des pages.
|