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ROLAND SADAUNE |
Ma RousseAux éditions SKAVisitez leur site |
1271Lectures depuisLe jeudi 23 Octobre 2020
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Une lecture de |
Une éjaculation aussi mal maitrisée qu’incertaine et la journée s’ouvre sur une frustration que la roue récalcitrante du caddie du supermarché sublime jusqu’à l’insupportable… mais comme le pire est toujours possible, quelques clichés remis par le tenancier du magasin Photo Express, dressant devanture dans la galerie marchande du susdit supermarché déversent dans la coupe déjà pleine d’aigreur quelques gouttes surnuméraires. Et cette journée qui avait commencé sur un triste liquide séminal blanc se refermera sur des torrents de raisiné Roland Sadaune propose aux lecteurs un court texte à la tonalité aussi désabusée que cynique et débordante d’humour noir, même si le rouge et blanc sont de mise. Virtuose de la nouvelle, à la manière du grand Fredric BROWN, il entraine le lecteur sur un chemin que ce dernier pressent miné, sans parvenir à détecter précisément la menace, celle qui se niche dans le moindre recoin d’une journée ordinaire d’un homme ordinaire, d’un quidam qui n’a ni rêves ni envies si ce n’est celui d’une jouissance qu’il espère autre que fugace. Et la nature perverse de cette menace il ne la décèlera jamais puisqu’elle n’est dévoilée qu’au final dans un hors champ narratif « Ma Rousse » un texte à lire par ces temps incertains où tout peut basculer…
Collection Culissime/Noire sœur. Editions SKA. Parution 30 septembre 1978. 16 pages. 1,99€. ISBN : 9791023408317 Souriez, vous êtes photographié ! La journée était vraiment mal engagée pour que cela ne continue pas ! L’approche dorsale dans le lit callé contre sa femme afin d’essayer de se remémorer comment se pratique la simulation de procréation ne fut pas une réussite. Après ce fut la corvée des courses à cause d’un chariot indocile au super marché Mammouth. Mammouth écrase les prix disaient-ils. Mamie écrase les prouts, répondit Coluche. Bref, Roger, le narrateur est en train (mais à pied) de débarrasser la roue récalcitrante du scotch qui l’empêche d’avancer droit, lorsqu’il est interpellé par le gérant d’un magasin de photos. Celui-ci, confus, s’excuse, platement, avouant s’être trompé de pochette et qu’il a mélangé les négatifs. Il les remet à Roger qui se dit que c’est sa femme Monique qui a dû déposer la pellicule. Tout en rangeant ses victuailles dans son chariot, il examine les négatifs qui sont loin d’être positifs. Il reconnait Monique, sa femme, sa rousse, posant en petite tenue. Aussitôt la jalousie le tarabuste. Qui a pu prendre sa rousse en photo. Probablement l’un de ses voisins. Mais lequel ? Des noms, des visages se bousculent dans sa tête et pour faire le ménage il s’octroie au bistrot du quartier le double de rations de petits blancs au comptoir. Des petits blancs ? Et si c’était son voisin noir qui s’amusait avec sa rousse ?
Auteur d’une trentaine de romans policiers noirs, et le double de nouvelles, Roland Sadaune dépeint ses aventures imaginaires avec réalisme. Normal puisqu’il est aussi artiste-peintre. Et je dois avouer que ce sont dans ses nouvelles qui je me sens le plus en phase avec lui. Il ne tire pas à la ligne mais décrit avec un humour noir des tranches de vie quotidienne, empruntant des chemins de traverse cahoteux, comme des courts-métrages, lui dont l’une des passions est le cinéma. Ses personnages sont calqués sur l’homme de la rue, l’individu lambda confronté à des épisodes qui le laissent désemparé, des petits faits comme il en existe tant, cachés dans les couloirs des immeubles sociaux, derrière les portes des familles en désagrégation. Des nouvelles qui laissent dans la bouche un goût d’amertume car ceux qu’il décrit pourraient être vous, ou moi.
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