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GEORGES SIMENON |
Maigret Et La Jeune MorteAux éditions OMNIBUSVisitez leur site |
915Lectures depuisLe vendredi 23 Novembre 2018
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Une lecture de |
Paris, dans les années 1950. Cette nuit-là, le cadavre d’une jeune fille est découvert place Vintimille, dans le 9e. Ce coin de Montmartre, c’est le secteur de l’inspecteur Lognon, que l’on surnomme le Malgracieux. Il ne va pas apprécier que le commissaire Maigret et son adjoint, l’inspecteur Janvier, s’intéressent à ce meurtre. Selon les premières constatations du légiste, le Dr Paul, n’était pas une prostituée (elle était vierge). Par contre, elle était alcoolisée. La victime a été mortellement frappée. Une piste mène Maigret et Lognon rue de Douai, à la boutique de Mlle Irène. Cette dame a effectivement prêté une robe du soir à cette jeune fille, pour la deuxième fois. Mais Mlle Irène ignore son identité. Malgré la publication d’une photo de l’inconnue dans les journaux, les réactions du public tardent. Finalement, un appel téléphonique anonyme conseille au commissaire une adresse, rue de Clichy (non loin de la rue de Douai et de la place Vintimille). Selon les renseignements fournis par la concierge, la victime sous-louait une chambre chez une dame âgée, Mme Crêmieux – ce qui n’est pas légal. Elle s’appelait Louise Laboine, avait vingt ans. La loueuse trouvait Louise renfermée, ne réussissant jamais à lui faire parler de sa vie privée, de son passé. Seule évidence, Louise était désargentée. L’inspecteur Lognon retrouve un chauffeur de taxi qui a vu la jeune fille entrer au club Roméo. La boîte de nuit était, cette nuit-là, réservée pour une fête de mariage. Selon des témoins, Louise est entrée en contact avec la mariée, Jeanine Armenieu. Une autre piste s’avère importante : Louise Laboine a vécu quelques années plus tôt avec sa mère à Nice. Un policier local va interroger ladite mère. C’est une ancienne artiste fréquentant assidûment les casinos (il la trouve à celui de Monte-Carlo). Comme tant de personnes peu riches, elle y gagne de quoi vivre. Le sort de sa fille Louise la laisse quasiment indifférente. Elle l’a élevée seule, le père – un nommé Van Cram, un aventurier international fiché pour divers vols – ayant bien vite disparu de leurs vies. L’inspecteur Janvier a pu situer le bar où Louise passa un moment, le soir de sa mort. Elle y consomma plusieurs grogs avant de se rendre au club Roméo. Près de la rue du Chemin-Vert, le commissaire obtient des renseignements sur la mariée. Jeanine Armenieu a vécu à une époque chez une tante à elle. Elle a hébergé Louise à l’insu de cette tante pendant un certain temps. Ce qui fut à l’origine de la rupture entre Jeanine et elle. Depuis, Jeanine a disparu, poursuivant son but : se marier avec un homme riche. Elle a "mis le grappin" sur Marco Santoni, connu comme fêtard mais pas vraiment malhonnête. L’inspecteur Lognon continue son enquête pour Maigret mais, cette fois encore, il se trompe dans ses investigations, faute d’avoir compris l’état d’esprit de Louise et le contexte autour d’elle… (Extrait) “Maintenant, il connaissait son nom, pour autant que ce fût son nom véritable. Il savait où elle avait dormi les deux derniers mois, où elle avait passé une partie de ses soirées. Il savait aussi que, par deux fois, elle s’était rendue rue de Douai pour louer ou pour emprunter une robe du soir. La première fois, elle avait payé. La seconde, il lui restait deux ou trois cent francs en poche, à peine le prix d’un taxi ou d’un repas frugal. Est-ce que la première fois où elle s’était rendue chez Mlle Irène, c’était à la suite du coup de téléphone ? Cela paraissait improbable. Cette fois-là, il n’était pas si tard quand elle s’était présentée dans la boutique. En outre, elle était rentrée rue de Clichy à six heures du matin, vêtue de sa robe et de son manteau habituels. Elle n’avait pas pu déjà aller rendre la robe de satin bleu à Mlle Irène, qui se levait tard.” Écrite et publiée en 1954, cette enquête de Jules Maigret est plaisante à suivre, sans être d’une véritable originalité. Le commissaire y est entouré de son équipe habituelle de policiers : Janvier, Lucas, Torrence, et le jeune Lapointe (à la PJ depuis deux ans). Le plus singulier des inspecteurs, c’est Lognon : “C’était l’ennui avec Lognon. Il venait, à la sueur de son front, c’était le cas de le dire, de réunir un certain nombre de renseignements probablement précieux. Si ces renseignements avaient été apportés par un de ses inspecteurs, Maigret en aurait mis aussitôt quelques autres en chasse afin d’en tirer le maximum. Un homme ne peut pas tout faire. Or, si le commissaire agissait ainsi, l’inspecteur Malgracieux aurait la conviction qu’on lui retirait le pain de la bouche.” Efficace flic de quartier, il se considère comme brimé dès que Maigret et ses adjoints prennent en main une affaire pouvant être de son ressort. Aspect intéressant également, quelques scènes se déroulent boulevard Richard-Lenoir, au domicile du commissaire. Son épouse, femme au foyer toute dévouée à son mari, y est parfois sollicitée pour donner son opinion.(“— Je me demande quels sont les cas où une jeune fille éprouve un urgent besoin de porter une robe du soir” se demande Maigret, sa femme ayant une réponse.) Une affaire assez tranquille, sur une intrigue classique – l’essentiel étant de cerner le profil de la victime, et de reconstituer son emploi du temps. Maigret reste une valeur sûre du roman policier traditionnel.
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