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SHAN SA |
Alexandre Et AlestriaAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1778Lectures depuisLe mercredi 23 Aout 2006
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Une lecture de |
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| Faisons une exception qui nous éloigne un peu du polar, pour un Coup de Cœur. Née en 1972 à Pékin, Shan Sa a vécu en Chine jusqu’en 1990. Elle apparaît aujourd’hui comme l’une des plus brillantes romancières de langue française. A vrai dire, le suspense n’est pas absent des récents romans de Shan Sa. On l’a vu dans « Les conspirateurs » (2005), son précédent titre. Cette fois, elle nous conte à sa manière l’histoire d’Alexandre le Conquérant. Il ne s’agit nullement d’une biographie rigoureuse, bien que le récit respecte les faits. Né à Pella, ce prince de Macédoine qui fut l’élève d’Aristote ne souhaite pas ressembler à son père, guerrier brutal. Mais son destin est tracé, il incarnera la puissance. Assisté de son ami de cœur Hephaestion et de ses généraux fidèles, il soumet la Grèce et l’Egypte, avant d’attaquer la Perse du grand roi Darius. C’est ainsi qu’il conquiert la paradisiaque Babylone. Pourtant, son bonheur reste incomplet. Dans les steppes de Siberia, vit une tribu de femme que l’on nomme les Amazones. Ce peuple nomade ne rencontre qu’une fois par an les autres tribus. Les Amazones vivent en liberté, selon des règles excluant les sentiments amoureux envers les hommes. Elles sont craintes car on connaît leurs qualités de combattantes. La jeune reine Talestria et sa suivante Tania ont entendu parler de ce roi qui impose son empire toujours plus loin vers l’est. Talestria n’est pas inquiète : jamais personne n’a affaibli les Amazones. Seul l’amour est un danger pour elles. Alexandre veut aller jusqu’à l’Indus. Mais il doit déjouer de nombreuses conspirations. Et son armée indestructible commence à se lasser de la guerre. A Babylone, Alexandre doit se choisir une reine pour asseoir son pouvoir, et pour lui donner un héritier. Cette « âme sœur taillée dans le même bloc de diamant » ne peut qu’être Alestria, venue le défier loin de ses steppes. Mais les filles de Siberia n’engendrent pas. Hermétique à l’amour, Tania y veille car elle déteste Alexandre parce qu’il a envoûté sa reine… On pourrait ne retenir que l’aspect romantique de ce roman, ou ne considérer que son contexte historique. Ce serait une erreur. Grâce à une écriture subtile et inspirée, Shan Sa souligne la complexité psychologique de ses héros. Alexandre est un personnage à multiples facettes. Il ne devient pas le maître du monde pour dominer, mais pour prouver qu’il est le plus déterminé, le plus persévérant. Quant à Alestria, issue du légendaire peuple sans peur des Amazones, elle aussi choisit son destin. Sans contrevenir aux traditions, elle veut vivre une expérience sentimentale. Si la tonalité de Shan Sa est souvent poétique, elle n’est pas mièvre. Au cœur de cette Antiquité guerroyante, l’histoire de ces deux êtres, aussi proches que différents, exprime une belle humanité. Ce livre passionnant est une bonne occasion de découvrir le talent de Shan Sa. Nul doute que les lecteurs tomberont sous le charme de son style tout en finesse. |
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