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Le mardi 10 Octobre 2017

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Jacky SCHWARTZMANN




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

François est un commerçant lyonnais âgé de trente-neuf ans. Sa boutique, où se vendent des tee-shirts humoristiques, est installée au cœur de la ville. Pour un natif de la cité des Buers, à Villeurbanne, c’est une très belle progression sociale. Là-bas, on côtoie plutôt le gratin de la racaille que l’élite de la bourgeoisie fortunée de Lyon. Aujourd’hui encore, c’est son ancien ami Saïd qui y dirige un lucratif trafic de drogue, veillant à ce qu’aucun trouble ne vienne perturber son activité. D’un caractère volontaire, François a choisi une voie plus noble. Ce qui est une manière de faire oublier qu’il porte un nom juif et qu’il a une allure d’Arabe, bien que personne ne puisse lui contester son identité purement française.

Ne roulant pas sur l’or, François a besoin du soutien de sa banque. Fille d’un riche agent immobilier, sa conseillère financière Juliane Bacardi n’est plus encline à lui accorder une rallonge de crédit. Ça agace quelque peu François : “Si on proposait aux gens de pouvoir tarter impunément quelqu’un dans leur vie, je parie qu’il y aurait pas mal de banquiers qui s’en prendraient une. Y aurait des assureurs, des députés, peut-être un ou deux chauffeurs de taxis, mais il y aurait surtout des banquiers. C’est pour ça qu’ils embauchent que des têtes à claques pour ces jobs, ça doit être un prérequis.” D’autant plus contrariant que François souhaite exploiter une initiative rentable, très juteuse.

Toutes les banques ayant refusé de le financer, pourquoi ne pas demander un prêt à Saïd ? L’argent des trafics est-il plus sale que celui du monde bancaire ? Mais, à la cité des Buers, Saïd n’est pas coopératif non plus. Alors qu’il va quitter le quartier, une Audi provoque un accident, blessant grièvement un cousin de Saïd. La conductrice fautive n’est autre que Juliane Bacardi. La prudence impose de fuir pour François et sa banquière. Étant mieux armé qu’elle face à cet imbroglio, il en profite pour négocier financièrement son aide. S’ils sont pourchassés par Saïd et ses sbires, sans compter la police qui s’en mêlera sûrement, quelques étapes permettent au duo de se sortir du pétrin, du moins provisoirement.

Squatter une maison à vendre proposée par l’agence immobilière Bacardi, ça paraît une bonne solution. Surtout que la propriétaire de l’Audi, Juliane, a été identifiée et qu’elle est recherchée. En tout cas, Saïd ne viendra pas les embêter là. En revanche, le père de la jeune femme a rapidement compris où ils se cachaient. M.Bacardi est un homme d’affaires avisé, et peut-être "un bourge déviant" selon les critères de François. Qu’il soit prêt à tout pour que sa fille Juliane n’ait pas d’ennuis, ça ne fait aucun doute. Néanmoins, la cavale de François et les mésaventures de la famille Bacardi sont loin d’être terminés. Pourtant, il n’est pas exclu que le projet original de François puisse finalement se réaliser…

(Extrait) “— Ah oui, c’est vrai, excusez-moi, j’oublie toujours que vous êtes juif.

Elle me sort ça avec un sourire vicieux qui semble vouloir dire qu’en réalité je ne suis personne, je ne suis rien, pas un vrai Français, pas vraiment un Arabe, pas même un juif. Son sourire m’a mis hors de moi, encore plus que ses propos, et j’ai balancé un coup de poing dans un mur pour atténuer ma rage. Ce n’était pas un mur en placo, comme chez mes parents ou chez moi, c’était un vrai mur et je me suis éclaté les phalanges.

— C’est malin, a fait Juliane comme si j’étais un gamin.

Elle a dit ça avec un petit air d’instit supérieure, assez gonflant, un peu comme aurait fait Duffle-Coat. Cela dit, nous n’avions pas réellement le temps de nous expliquer, il fallait qu’on gicle (…) Cette fois, j’ai repris le dessus, c’était mon rayon. Le réel, la débrouille, le bricolage des événements, elle ne savait pas faire…”

Quoi qu’en dise François, ses tribulations avec sa partenaire banquière ne font pas d’eux “les Bonnie and Clyde les plus ringards de toute la création”. Certes, le choc des cultures entre un gars désargenté issu du ghetto banlieusard et une "executive woman" semble rédhibitoire. Sachant qu’à notre époque, le coupable du marasme est évident : “Ce n’est pas à cause de ceux qui ont tout le blé, non, c’est à cause de ceux qui n’en ont pas du tout… Leur ennemi a été désigné, il est sale, il vit dans les banlieues et il est pauvre. Il se goinfre tellement d’allocs que ça gèle les salaires… Les actionnaires ? Ah non, c’est pas pareil.” Malgré tout, l’association improbable de Juliane et François en témoigne, il arrive que "le mariage de la carpe et du lapin", ça fonctionne et ça fasse évoluer les choses.

Évitons l’angélisme, quand même. Que certaines banlieues soient gangrenées de longue date, nul ne le niera. L’actuel signe distinctif dans les cités, devenir barbu : “Il n’y a aucun mérite à avoir la barbe, ça ne demande aucun effort, aucune intelligence, aucun courage, et pourtant c’est toute leur identité.” Après le banditisme, pour être visibles, quelques-uns sont passés au terrorisme : “Ce sont des blaireaux de cité qui ne sont pas aimés en France, et qui réagissent à leur manière : s’ils ne sont pas aimés, alors ils seront craints.” Le déséquilibre social entre Gaulois et Maghrébins aboutissant à la violence, ça ne risque pas d’apaiser leurs relations. Effectivement, cette histoire nous présente un regard — ironique ou mordant — sur notre époque. C’est une de ses qualités, ce n’est pas la seule.

L’atout principal de ce roman, c’est son style tonique, sa vivacité narrative. François est un personnage plein d’énergie, à l’opposé d’une génération que l’on dit résignée. Ce sont les freins sociétaux qui l’empêchent de foncer. Mais, se retrouvant ici au centre de grosses complications quasi-ingérables, il donne toute la mesure de son dynamisme. Forte de multiples péripéties explosives, la comédie souriante n’est pas contradictoire avec le contexte humain de notre temps, fut-il l’objet de questionnements parfois sombres. Un suspense très entraînant, récompensé par le Prix Transfuge du meilleur espoir polar.

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