|
![]() |
SAINT-GILLES |
Commando PirateAux éditions ARABESQUE |
175Lectures depuisLe mercredi 19 Juillet 2017
|
![]() |
Une lecture de |
![]() |
Collection Espionnage N°49. Editions de l'Arabesque. Parution 2e trimestre 1957. 192 pages. Bon anniversaire à Georges-Jean Arnaud né le 3 juillet 1928. Après une entrée fracassante en littérature, obtenant le Prix du Quai des Orfèvres en 1952 pour Ne tirez pas sur l'inspecteur (collection l'Enigme - Editions Hachette) signé Saint-Gilles, il faudra attendre 1957 pour qu'enfin ce romancier populaire prenne son envol majestueux et prolifique. Publiant aux éditions l'Arabesque sous différents pseudonymes, Saint-Gilles évidemment qui a été choisi en référence à son lieu de naissance, Saint Gilles du Gard, pour les collections Espionnage et Crime Parfait ? qu'il inaugure, mais également sous ceux de Georges Murey et Gil Darcy, créant le personnage de Luc Ferran repris ensuite par d'autres auteurs et qui concurrençait Francis Coplan de Paul Kenny, mais également les alias de Georges Ramos, Gino Arnoldi et Frédéric Mado pour des romans de charme et de libertinage, pour ne pas dire érotiques, notamment dans la collection Parme.
Dans Commando pirate, on retrouve l'atmosphère presqu'intimiste qui sera la marque de fabrique de Georges-Jean Arnaud, notamment pour ses romans en Spécial Police du Fleuve Noir, un roman d'Espionnage qui s'intègre plus dans la veine du roman d'aventures. Cela fait cinq ans qu'elle a quitté le village, pour aller travailler à Recife puis à Rio, et dans le bouge de José, les quelques consommateurs mateurs la regardent avec surprise. Même Luis qui pourtant s'y attendait puisqu'elle lui avait envoyé une lettre. Mais il n'a pas oublié la belle Tarina, et peut-être l'aime-t-il encore malgré son départ avec un bellâtre, Carlos de Coelho de son vrai nom Stan Oberley. L'homme lui avait avoué qu'il faisait partie d'un réseau d'espionnage contrôlant toute l'Amérique du Sud, qu'il désirait rejoindre les USA mais que ses chefs lui ont ordonné de rester. Si Tarina est revenue dans le village de pêcheurs, c'est peut-être par nostalgie, mais surtout parce qu'elle a besoin de Luis et de deux complices fiables possédant une jangada, sorte de bateau construit comme un radeau. Elle explique à Luis le pourquoi du comment, en partie car elle possède des raisons cachées qu'elle ne veut dévoiler. Il s'agit d'événements qui se sont déroulés récemment en Argentine. Rappelons que le roman a été publié en 1957 et que les partisans de Peron tentent de chasser les "autres". Peron a été renversé en 1955 par un coup d’État orchestré par les secteurs conservateurs de l'armée argentine, mais il a gardé de nombreux appuis dans le pays. Le mouvement avait pris beaucoup d'ampleur, preuve que les insurgés avaient de l'argent. Le premier but était de faire revenir Peron mais il y en avait un deuxième et c'est qu'avait découvert Toreco, mon ami. Ce dernier but était de faire un mouvement de masse qui permettrait d'attirer l'attention du gouvernement ailleurs pendant que des documents secrets étaient embarqués clandestinement dans un petit port. Tarina qui était la maîtresse de Coelho, n'avait plus de nouvelles de celui-ci depuis longtemps et elle avait trouvé une âme sœur en Toreco, journaliste et agent double, qui vient d'être assassiné. Tandis que Tarina effectue ces révélations, leur conversation est écoutée par un inconnu planqué derrière la porte de la cabane de Luis. L'homme fait une entrée fracassante, apparemment bien déterminé à supprimer Tarina et Luis, mais le pêcheur possède toujours sur lui un couteau de pêche. L'intrus décède et Luis en lui faisant ses poches apprend non seulement l'identité de l'homme mais découvre également un petit papier sur lequel sont signalées les différentes étapes et les dates d'un bateau. Il s'agit du Sao Sebastio sur lequel ont embarqué trois hommes détenant les fameux documents. Et Luis et Tarina doivent arraisonner ce bateau à bord de la jangada du pêcheur ainsi que deux autres amis à bord d'une autre jangada. Seulement alors qu'ils viennent de prendre la mer, la tempête de vent se lève. Ils parviennent toutefois à monter à bord du bâtiment, un petit yacht, mais plus personne n'est à bord. Des traces de sang sont relevées. Et les deux amis de Luis se mutinent, l'appât du gain aidant. Luis et Tarina doivent reprendre la jangada, qui sous l'effet de la houle se démembre. Ils échouent sur une petite plage où ils sont recueillis par un vieil homme mangeur de chauve-souris près de Natal. L'aventure n'est pas close pour autant, car des individus, probablement des Argentins, surveillent leurs faits et gestes. Tarina est enlevée et Luis part à sa recherche.
Roman d'espionnage donc, puisqu'il s'agit de documents, des microfilms à récupérer, et que des espions argentins et américains se les arrachent, mais il ne s'agit que de personnages secondaires même si leur présence est primordiale. Tout tourne autour de Tarina et de Luis. Et ce sont leurs pérégrinations qui importent dans cette intrigue conférant à cet ouvrage un parfum d'aventures. Ce que ne pouvait savoir Georges-Jean Arnaud alias Saint-Gilles en rédigeant de roman collant à l'actualité de l'époque, c'est que Peron sera réélu président à son retour d'exil le 12 octobre 1973, décédant le 1er juillet 1974. Contrairement à certains romans d'espionnage dont le thème central tournait autour de la guerre froide, les personnages, sauf un ou deux, ne sont pas de véritables espions, comme ceux qu'on avait l'habitude suivre dans leurs aventures et qui deviendront des surhommes, presque. James Bond, Francis Coplan, Luc Ferran, et bien sûr Serge Kovaks, alias Le Commander dont les pérégrinations sont signées G.-J Arnaud dans la collection Espionnage du Fleuve Noir. Georges-Jean Arnaud a souvent utilisé comme décor l'Amérique du Sud, aussi bien en Espionnage, que pour la collection Grand Romans. |