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PAUL SALA |
On Va Tuer Le PrésidentAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
519Lectures depuisLe mercredi 31 Mai 2017
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Une lecture de |
Raoul Verde, ancien policier de la Criminelle, est affecté depuis quelques temps au service de protection des hautes personnalités. Il est chargé de la sécurité de Jacques Sommières, chef d’un grand parti politique, principal candidat aux proches élections présidentielles. Il n’est pas insensible au charme de la jeune épouse du politicien, Hélène Sommières. Même si Félix Brémontier est le garde du corps personnel du candidat, le rôle de Raoul Verde est plus officiel. L’ancien truand Dominique Tallano, qui grenouilla dans des milices telles que le SAC, est le cousin de Raoul Verde. Alors qu’ils ont rendez-vous sur la passerelle du Canal Saint-Martin, à hauteur de la Grange-aux-Belles, Tallano est abattu par un tueur. Il a juste eu le temps d’avertir son cousin que Jacques Sommières risquait d’être assassiné. C’est le policier Ernest Barros, un ex-collègue de la Criminelle, qui s’occupe de l’enquête sur la mort de Tallano. Bien que disposant de peu d’indices, il dégage deux ou trois pistes à suivre. Raoul Verde est certain qu’il mènera des investigations sérieuses. De son côté, il alerte le Président Sommières, dans son château du village de Dordives. Ni le candidat, ni son entourage politique – dont l’énarque Campeaux – n’admettent que le danger soit si gravissime. Pourtant, peu après, une bombe explose dans l’aile du château où loge le politicien. L’attentat cause une victime et fait des dégâts dans la chambre de Sommières. Ce qui signifie que l’on a pu s’introduire à l’intérieur du château de Dordives. Le candidat et son équipe souhaitent néanmoins garder le silence sur cette affaire. Sommières accepte que soit renforcée la sécurité policière autour de lui, mais Raoul Verde est écarté du dispositif. Une décision du politicien, certainement, même si la hiérarchie ne blâme pas Raoul. En compagnie du policier Ernest Barros, il s’intéresse à un nommé Dupont, Français natif de Saïgon. Ils arrivent trop tard chez lui : il a été abattu. Son petit gabarit correspond à celui du tueur qui a supprimé Dominique Tallano. Son commanditaire "fait le ménage", visiblement. Malgré la discrétion de l’équipe du candidat, il y a des fuites dans la presse, qui évoque l’attentat à la bombe au château. Tandis que Barros se renseigne sur un suspect potentiel appartenant à la pègre, Raoul Verde est rappelé auprès du candidat. Il trouve une occasion de devenir intime avec Hélène Sommières. Toutefois, Raoul Verde ne participe pas au déplacement prévu du politicien en campagne, dans le Sud-Ouest. Il est quand même présent, et aux aguets, sur le trajet menant à l’aéroport de Villacoublay. Il n’a pas tort, car un traquenard a été organisé contre le convoi du candidat. Cette fois encore, Sommières et son entourage s’en sortent bien. Ce n’est sûrement pas la dernière tentative visant le probable futur Président de la République… (Extrait) “— Le parti ne peut se payer le luxe de prêter le flanc à la critique. Celle-ci ferait des gorges chaudes de l’attentat. Je vois d’ici les manchettes de la presse adverse : "Un attentat bidon", pour reprendre l’argot de salon de qui vous savez, ou mieux dans le Canard Enchaîné : "À force de faire la bombe, elle saute", etc. Nos rares différends, nos querelles de vieux ménage sont montés en épingle par les médias, mises au rang de dissensions graves par nos ennemis. On évoque des fissures dans le parti. Non, messieurs, nos adversaires ne manqueraient pas de nous accuser de publicité électorale. À huit mois des présidentielles, notre parti ne peut s’offrir ce luxe.” Paul Sala (1921-2009) est l’auteur d’une quarantaine de romans policiers, publiés aux Éditions Fleuve Noir de 1970 à 1983. Policier jusqu’à sa retraite en 1976, il connaissait bien les rouages des services et le modus operandi de leurs missions. Il en donne certains détails dans ce livre, sans que cela freine l’action. Car telle est l’intention de l’auteur, nous proposer des scénarios mouvementés sur des intrigues simples et solides. Séparé de sa compagne, le héros s’investit dans son rôle de protection d’une haute personnalité, sans rompre les liens avec la brigade criminelle d’où il vient. Il est dans le cercle du politicien, mais cherche aussi des réponses dans les milieux du banditisme. Ponctué d’attentats ciblant le "président", le récit est fluide, vif, ménageant sa part de suspense. Publiée fin 1979, l’histoire se situe donc dans les mois précédant l’élection présidentielle. On ne peut pas faire de rapprochement direct avec la véritable situation politique d’alors. La majorité présente un candidat quasi-sûr de gagner face à une opposition fantomatique. En 1978, la gauche ayant échoué lors de Législatives imperdables, elle n’avait guère de chances de gagner en 1981. On peut penser que, dans l’esprit de l’auteur, il y aura une continuité du pouvoir, représentée par cet homme politique. Mais Paul Sala se garde bien de citer des partis existants, afin de rendre le contexte presque intemporel. Voilà un bon petit polar traditionnel, peut-être à redécouvrir. |