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PATRICK S. VAST |
IncarnatioAux éditions FLEUR SAUVAGEVisitez leur site |
1969Lectures depuisLe jeudi 2 Mars 2017
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Une lecture de |
Parution le 14 novembre 2016. 208 pages. Broché 16,50€. Version numérique 6,99€. Lorsqu'un auteur se laisse déborder par son personnage... C'est ce qui arrive à James Simmons, dont le personnage récurrent de tueur en série Alex Shade lui a apporté un joli matelas de dollars, mais qui lui encombre depuis quelques temps l'esprit. Alex Shade, le tueur à la hache, qui depuis dix ans sévit pour le plus grand bonheur de ses milliers de lecteurs de par le monde. James Simmons s'est immiscé dans une tendance littéraire qui lui a apporté le confort financier, et il s'est même installé à Paris, les lecteurs français étant les plus entichés de sa production. Mais depuis quelques semaines il croit voir le personnage d'Alex Shade un peu partout. Il se sent traqué, et depuis une quinzaine de jours il s'est installé sur la Côte d'Azur, non loin de Nice, avec sa femme. La cité est réputée pour être la plus sécurisée de France, et pourtant, il disparaît. Sa femme est inquiète et aussitôt prévient les policiers. Ceux-ci se réfèrent aux bandes vidéos enregistrées, enfin celles qui fonctionnaient ce soir-là, car pour une raison ou une autre, il existe des lacunes dans le système de surveillance. Seulement un ou des émules d'Alex Shade, le tueur à la hache, se manifestent et décollent quelques têtes, histoire de faire parler d'eux et de se faire plaisir. Un homme est ainsi pris pour cible par les policiers qui l'abattent alors qu'il s'enfuit. Légitime défense selon le commissaire, illégitime démence serait plus adéquat. Et comme d'autres meurtres sont perpétrés à Nice, c'est un autre commissaire qui est en charge de ces nouvelles affaires qui défraient la chronique. Les prétendants à la hache s'invitent dans le bal macabre des décolleurs de têtes.
Sur le thème très porteur du tueur en série, ceux que les lecteurs branchés appellent Serial Killers pensant que ce vocable est un mot français, Patrick S. Vast entraîne son lecteur dans une aventure diabolique, habilement et méticuleusement construite, accumulant les impasses afin de mieux repartir sur des voies royales. L'épilogue est particulièrement bien amené, mais en réalité Incarnatio est un roman-prétexte à double lecture. Patrick S. Vast ironise, par personnages interposés, sur les auteurs qui pondent des ouvrages de 600 pages sur des tueurs en série en les mettant en scène par volumes successifs, ne manquant pas de décrire sur 50 pages et plus leurs pratiques, et cela plusieurs fois dans le même volume. Il pointe également l'engouement du lectorat, surtout féminin, qui s'avère malsain, le lecteur arrivant à s'identifier à ce héros, ou plutôt antihéros. Mais il est vrai que ceci ne date pas d'aujourd'hui, car Fantômas, le génie du mal connut un véritable triomphe dès sa sortie. Le méchant fait toujours rêver, et par exemple le magazine Détective et d'autres revues font leur marché dans les faits-divers les plus sanglants et les plus glauques. Mais revenons à Incarnatio, et ce qui se cache sous la couverture. L'un des tueurs, présumé pour l'instant et peut-être est-ce lui le coupable, est un ancien vétéran d'Afghanistan qui a connu lors d'une opération militaire un traumatisme qui lui a fait perdre la tête. C'est une image, mais pour ses compagnons d'arme, ce fut une réalité. Et souvent, surtout aux Etats-Unis, sont souvent catalogués comme terroristes des individus tels que lui. Mais bon, ceci n'est pas notre propos. Intéressons-nous au système perfectionné de vidéosurveillance, qui parait-il doit permettre aux forces de l'ordre d'appréhender les individus peu scrupuleux mais qui en fin de compte ne sont pas si performants que cela car les inévitables erreurs de disfonctionnement n'ont pas été pris en compte. Sans oublier que parfois il s'agit de leurres. Et les conflits entre policiers sont également évoqués, l'un des commissaire se montrant complètement barjot, tandis que son homologue est un homme réfléchi. Or la hiérarchie ne fait pas toujours confiance à ceux qui sont pondérés, la culture du résultat à tout prix agissant sur le mental du citoyen lambda, j'allais écrire moyen mais cela eut été peut-être péjoratif. Patrick S. Vast pratique l'autodérision, l'ironie au second degré et pour le prouver, rien de mieux que deux exemples parmi d'autres : Un tueur en série, c'est souvent banal, ça ne présente rien de romanesque, pas de quoi produire la moindre littérature avec ce genre de type.
Ecoute, pour être franche, je n'ai rien retenu de ce livre. Un roman qui fait l'apologie d'un tueur en série, ça me flanque la gerbe, c'est de la littérature abominable ! Voilà comment je réagis à cela !
Si sur la quatrième de couverture sont référencés des auteurs de talents tels que Richard Matheson et Stephen King, et sans vouloir les déprécier, je pense que dans ce roman Patrick S. Vast possède une filiation avec Robert Bloch. |
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