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PIERRE SINIAC |
Des Amis Dans La PoliceAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
1789Lectures depuisLe vendredi 11 Septembre 2015
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Une lecture de |
N° 1949. Parution mars 1989. 124 pages. Le genre de bonnes relations toujours utiles... Lors de la parution d'un nouveau roman de Pierre Siniac, le lecteur impatient était sujet à une interrogation simple mais anxieuse : qu'allait bien pouvoir nous inventer cet auteur imprévisible ? Une histoire à la limite ou franchement fantastique comme Charenton non stop ou L'affreux joujou ? Une histoire en spirale comme Femmes blafardes ? Une histoire d'aventures comme Les Morfalous ? Un recueil de nouvelles comme Reflets changeant sur mare de sang ou L'unijambiste de la côte 284 ? Un roman consacré à ses affreux personnages que sont Luj Inferman et La Cloducque, des San-Antonio et Bérurier en négatif ? Une histoire totalement farfelue comme De l'horrifique chez les tarés ? Que nenni ! une histoire toute simple mais avec un dénouement étonnant et renversant, tel est Des amis dans la police. Siniac ne peut rester simple et même dans un court roman, ou une grande nouvelle, il faut qu'il étonne et piège le lecteur.
Je sais que vous avez tué une femme. Ce crime parfait est resté impuni, mais ça pourrait changer. Ne prenez surtout pas cet aveu charitable pour une plaisanterie. Un petit mot doux comme celui-ci a de quoi vous occasionner une crise cardiaque. Surtout si ce message, vous le trouvez coincé entre deux pages d'un livre d'occasion que vous venez d'acheter chez votre bouquiniste préféré. L'Albinos, surnommé ainsi pour des raisons qui crèvent la vue, et ex-inspecteur de police, en fait la funeste expérience. Sa compagne et Jo, son seul ami et inspecteur de police lui aussi, vont remonter la filière, essayant de savoir : Primo, qui a bien pu glisser ce carton révélateur et mortel dans le livre acheté par Germain dit l'Albinos. Secundo, qui est si bien au courant de la vie privée du dit Albinos et de certaines affaires remontant à quelques années.
Non seulement ce livre de Pierre Siniac est un petit régal d'ingéniosité mais de plus il fourmille de références ayant trait à la littérature policière. Un excellent Siniac !
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http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2014/12/pierre-siniac-les-ames-sensibles.html
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Gisors est une petite ville riche d’Histoire, située dans l’Eure entre Paris et Rouen, au bord de l’Epte, aux confins du département de l’Oise. Celui que d’aucuns appellent ici l’Albinos se nomme Germain Gouyaude. C’est un retraité de la police criminelle. Voilà quelques années qu’il vit avec une compagne plus jeune que lui, Aline Gruber. C’est une femme ordinaire, discrète, plutôt banale, qui ne se pose guère de question sur leur couple. Pour arrondir ses fins de mois, Germain Gouyaude est gardien d’usine à temps partiel. Sa passion, ce sont les livres : ce lecteur assidu en a rempli sa maison. Avant tout, même s’il peut lire autre chose, ce sont les polars qui le passionnent. Il fréquente très régulièrement la boutique du bouquiniste Mérouilleux, qui présente beaucoup de choix à moindre coût. Ce jour-là, dans un livre de Françoise Sagan, se trouve un papier façon bristol comportant un curieux message : “Je sais que vous avez tué une femme. Ce crime est resté impuni, mais ça pourrait changer”. Ce pourrait être autant une mauvaise plaisanterie qu’une vraie menace. Le soir-même, Germain Gouyaude décède d’un infarctus. Sa compagne retrouve le message et s’interroge. En effet, huit ans plus tôt, elle fut impliquée dans la disparition de Colette Sénardin, amie intime de Germain. Après la mort de son compagnon, ne va-t-on pas chercher à l’atteindre à son tour ? Aline contacte Joseph Chalampin, ex-collègue de Germain, auquel elle raconte toute l’affaire et à qui elle confie ses craintes. Jo Chalampin resta un inspecteur de police de base, tandis que son ami Germain sut tirer son épingle du jeu et monter en grade. Il avait pourtant quelques taches sur son dossier professionnel et n’était pas tellement compétent, ce cher Gouyaude. S’il vérifie ce que lui raconte Aline au sujet de Colette Sénardin, Jo n’est pas absolument surpris. Maintenant, sans mener une véritable enquête dont il n’a pas les moyens, Jo tente de comprendre par quel hasard Germain est tombé sur ce papier, ce message. S’il y a un second bouquiniste à Gisors, qui propose peu de livres populaires, c’est plus sûrement chez Mérouilleux que s’approvisionnait le défunt. Le bouquiniste connaissait bien Germain, bien entendu, mais il se souvient mal de cet exemplaire du récent roman de Sagan, d’ailleurs quasiment neuf. Tout ce que Mérouilleux apprend à Jo et Aline, c’est que Germain achetait également bon nombre de romans pornographiques. Ce qui étonne fortement sa compagne. Imaginer que Germain ait appartenu au très secret club libertin de Gisors ? Aline se refuse à croire une telle supposition. Dans une petite ville comme ça, les racontars circulent vite grâce à des commères malintentionnées. Faute d’indices, Jo abandonne ce semblant d’enquête aux hypothèses trop incertaines. Mais se produit un rebondissement décisif, quand est trouvé le cadavre d’une jeune femme de Gisors… (Extrait) “Elle avait une fois de plus ce maudit livre entre les mains. Elle le feuilleta de façon machinale et n’y vit pas de page cornée. Germain était-il en train de lire ce roman ? Le fait de l’avoir trouvé sur la table de nuit ne prouvait rien. Le carton était-il une marque pour retrouver une page ? Sûrement non, car Germain avait la fâcheuse habitude de corner les pages du livre qu’il était en train de lire. En feuilletant à nouveau le Sagan, attentivement cette fois, elle crut trouver – le pli était infime – deux pages qui avaient été cornées, la 9 et la 12. Mais comme il s’agissait probablement d’un livre acheté d’occasion, ces pages pouvaient avoir été cornées par le lecteur précédent. Tout cela ne démontrait absolument rien, ne fournissait aucun éclaircissement.” On peut souhaiter que Pierre Siniac (1928-2002) ne soit pas trop vite oublié par le public amateur de polars et de romans noirs. Pour ses admirateurs fervents, il reste l’auteur de la série “Luj Inferman’ et La Cloducque”, des histoires marquantes par leur fantaisie et leur non-conformisme. On peut se souvenir également que le film “Les morfalous” (d’Henri Verneuil, 1984) était une adaptation d’un de ses titres parus dans la Série Noire, où furent publiés une bonne quinzaine de ses romans. Pierre Siniac eut de nombreux éditeurs, de la collection Engrenage du Fleuve Noir à Rivages/Noir, en passant par la coll.NéO et même Le Masque – plus coutumier des stricts romans d’énigme et d’enquête. Intrigue mystérieuse, certes. Car rien n’est dû au hasard dans un roman policier, même court comme celui-ci. Une explication alambiquée nous offrira les clés de l’histoire. En réalité, Pierre Siniac en profite pour rendre hommage à beaucoup de grands auteurs de la littérature policière. “Parmi les grands lecteurs de polars, nous avions le docteur Petiot. Il serait amusant de savoir quel est l’auteur qui l’a inspiré. Mais il n’y a pas que les lecteurs. Les auteurs, aussi, travaillent un peu du chapeau.” D’une certaine manière, il salue le rôle des bouquinistes qui permettent aux dévoreurs de livres d’en acheter d’occasion, sans se ruiner. C’est d’ailleurs chez eux qu’on dénichera ce roman publié en 1989, non réédité. |
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