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GEORGES SIMENON |
Le Petit DocteurAux éditions FOLIOVisitez leur site |
1045Lectures depuisLe vendredi 27 Aout 2016
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Une lecture de |
Collection Folio Policier N°806. Parution le 8 juillet 2016. 624 pages. 8,70€. Prescription médicale : Lire une histoire tous les matins à jeun et une autre le soir avant de procéder à la gymnastique du simulacre de la reproduction...
D'avril 1932 jusqu'en 1936, Georges Simenon vécut en compagnie de Tigy, son épouse, à Marsilly, dans la Charente Maritime, puis en 1938 il revint dans cette région, d'abord à La Rochelle, puis à Nieul sur mer où il achète une maison. Mais c'est dans la villa Agnès, à La Rochelle, que ce prolifique auteur écrivit d'abord en mai 1938 les treize nouvelles qui composent le recueil ayant le Petit Docteur comme héros. Au mois de juin, ce sera au tour des Dossiers de l'agence O, quatorze nouvelles, qui font l'objet d'un recueil publié simultanément chez Folio. Jean Dollent, alias le Petit Docteur, ainsi surnommé à cause de son physique, âgé de trente ans, pratique son art à Marsilly à une dizaine de kilomètres de La Rochelle. Il ne manque pas de patientèle, tant de jour que de nuit, car à l'époque au cours de laquelle se passent ces enquêtes, un médecin, c'est le seul homme qui se dérange toujours, qui est moralement obligé de se déranger. Sa carrière d'enquêteur amateur, comme souvent, est liée à un épisode subi par un de ses patients occasionnels. Le titre Le flair du Petit Docteur est à double sens, puisque ce sens olfactif est lié aussi bien au nez du toubib qui va déceler un produit qui ne devrait pas se trouver dans une bouteille de spiritueux, mais en référence au flair du détective à l'affût de la vérité. Le Petit Docteur est appelé au téléphone par une jeune femme qui lui demande de venir immédiatement à la Maison-Basse, une maison située dans les marais. Seulement quelque chose ne concorde pas dans cet appel. Il est midi et demi, et à cette heure là la Poste d'Esnandes, auquel est relayé la ligne téléphonique, est fermée. Donc soit il s'agit d'une plaisanterie soit l'appel a été lancé d'ailleurs. Petite digression qui n'est pas inutile mais que vous pouvez passer, je ne vous en voudrai pas : Il faut signaler que la Poste joue un grand rôle et est un réservoir inépuisable d'indices pour les enquêteurs en général. Par exemple, dans Le mort tombe du ciel, le Petit Docteur récolte quelques renseignements précieux auprès de la postière mais également grâce aux timbres apposés sur des lettres. Il est évident que de nos jours, tout autant le téléphone qui ne dépend plus des fameuses demoiselles des standards, que les timbres qui sont oblitérés de façon anarchique et sur lesquels la ville de départ ne figure plus, n'offrent plus les mêmes possibilités indiciaires. Ce que l'on appelle le progrès...
Revenons au Flair du Petit Docteur. Lorsqu'il arrive à destination, la demeure est vide. Toutefois, porté par la curiosité, il visite les lieux et comme il a soif, avant de se servir un verre de vermouth, il renifle la bouteille qui est dans la chambre à portée de main. Et stupéfait il se rend compte que du bicarbonate de soude à été introduit dans le liquide. Alors il se souvient que l'homme, le mari ou le compagnon supposé de la femme qui l'a appelé, lui avait demandé des somnifères, et que la jeune femme avait été interloquée lorsqu'il lui avait demandé incidemment si son ami dormait mieux. Résolvant avec brio cette énigme, le Petit Docteur prend goût à enquêter, et lorsqu'il est en chasse, devient intempérant. Mais pour résoudre les énigmes qui se présentent à lui, Jean Dollent possède un truc. Les autres, le substitut, le commissaire, à plus forte raison le brave homme de maire, avaient pataugé, et le docteur se disait qu'il devait en être ainsi, qu'il en était fatalement presque toujours ainsi dans une affaire policière. Parce qu'on s'y prenait mal ! Et ce truc, c'est qu'il essaie de se mettre à la place de ses personnages.
Il devient intempérant ai-je écrit quelques lignes ci-dessus. Le vermouth, le pernod, le porto, le whisky, le calvados et autres boissons alcoolisées vont scander ses enquêtes. Ainsi dans La demoiselle en bleu pâle, il commande un porto, se faisant in petto cette réflexion : Etait-ce sa faute si, pour suivre une enquête, on est sans cesse obligé de boire ? Dans La demoiselle en bleu pâle, le Petit Docteur malgré ses obligations, prend un peu de repos et un dimanche se rend à Royan. Un mois est passé depuis l'affaire précédente, et il se rend au casino afin de se changer les idées. Il remarque une jeune fille qui joue à une table de boule. A un certain moment, alors qu'elle a changé de place, il l'aperçoit saisir une liasse de billets dans le réticule d'une joueuse. Ce n'est pas parce que cette grosse dame est désagréable qu'il faut se conduire ainsi. Il lui sauve la mise, c'est la cas de le dire, en certifiant auprès du croupier puis du directeur de l'établissement, qu'il ne s'agissait uniquement d'un pari conclu avec la jeune fille. Mais cet incident l'incite à enquêter sur les faits et gestes de cette demoiselle qui a accompli son forfait au seul moment qui n'était pas favorable pour le perpétrer. Il faut signaler qu'un indice dû au hasard, mais sciemment utilisé par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale notamment dans le métro pour confondre certains voyageurs, permet au Petit Docteur de résoudre en partie cette énigme. Mais de nos jours, l'usage du port du pantalon change peut-être les réflexes féminins. Si le Petit Docteur tombe amoureux de la première jeune fille qui se présente à lui, il est toujours célibataire. Aussi pour le ménage et la cuisine il est aidé par Anna. Et Anna, sachant que le docteur s'est entiché à résoudre des enquêtes, lui signale un fait divers s'étant déroulé près de Nevers. Un gérant de station-service a remarqué, alors qu'il servait un client, que deux personnes se tenaient à l'arrière du véhicule. Dont une femme qui au dernier moment a crié, Au secours !... A moi... Il a également pu relever une partie du numéro d'immatriculation. Le véhicule appartient à un avocat honorablement connu, qui avait joué au bridge avec des amis ce soir-là. Il avait garé sa voiture dans la rue puis l'avait récupérée à la fin de la partie. Or selon sa femme, le réservoir était vide la veille mais le lendemain, il reste une quantité non négligeable de carburant. L'enquête piétine et le Petit Docteur s'exclame : Il faudra bien qu'un jour ou l'autre j'aille faire un tour là-bas !. Aussitôt dit aussitôt fait, malgré les patients et parturientes, il a déjà procédé à vingt-trois naissances rien que pour ce mois d'octobre, qui attendent ses bons offices. Heureusement, un confrère assure les dépannages lorsqu'il quitte son village de Marsilly. Il va conduire son enquête en s'immisçant comme un officiel entre le commissaire et le procureur, qui pensent, chacun de leur côté qu'il accompagne l'autre. Ainsi débute cette affaire intitulée Une femme a crié. Si le Petit Docteur s'intéresse au Fantôme de Monsieur Marbe, c'est bien parce qu'il a reçu une lettre lui demandant son aide. L'expéditeur se réfère au procureur Verdelier, un homme qu'il a connu lorsqu'il était administrateur aux Colonies. Or justement ce procureur Verdelier est le magistrat qui a instruit l'affaire d'Une femme a crié, et entre le docteur et le procureur, une certaine amitié s'est instaurée. Et voilà notre détective amateur qui se rend sur la Côte d'Azur, et pour la première fois de sa courte carrière, un client lui propose de l'argent pour enquêter. Puis il va retrouver un ancien condisciple qu'il a côtoyé sur les bancs de la faculté de médecine, lequel lui demande de l'aider. Trois semaines plus tôt, le docteur Lourtie se mariait à Boulogne-sur-Mer, et tout laissait supposer que ce mariage d'amour allait continuer sous les meilleurs auspices. Seulement, Lourtie en trois semaines est devenu un homme agité, en proie aux pensées les plus noires. Il a reçu une seconde lettre anonyme lui signifiant : Si vous voulez vous convaincre de la double vie de votre femme, allez ce soir vers onze heures au Tonneau-d'argent, une taverne que vous trouverez sur les quais... Madeleine n'était pas présente mais une photo lui a été remise, montrant la jeune femme attablée dans ce bouge mal famé. Et c'est ainsi que pour aider son ami plongé dans la détresse, le Petit Docteur accède à sa demande, la veille de Noël. Il s'agit des Mariés du 1er décembre.
Jean Dollent, alias le Petit Docteur, va donc vivre treize aventures, treize enquêtes, en ingurgitant, comme s'il fallait fêter ses succès par procuration et anticipation, moult boissons, le rendant plus ou moins dépendant au cours de ses enquêtes : Boire ! Toujours boire ! A cet instant il se demanda si les policiers officiels avaient un budget spécial pour la boisson, tant il constatait que la tâche de détective entraîne d'obligations dégustatives. Le fantôme de Monsieur Marbe. Alors je vous invite à le suivre dans ses obligations, dans ses enquêtes, de véritables petites récréations estivales et souvent humanistes.
Ces nouvelles ont été publiées entre 1939 et 1941 puis réunies en volume chez Gallimard en 1943, sous le titre Le Petit Docteur.
Le Flair du Petit Docteur. Publié initialement sous le titre Rendez-vous avec un mort dans la collection Police-Roman N° 76. La Demoiselle en bleu pâle. Police-Roman N°79. Une Femme a crié. Police-Roman N°82. Le Fantôme de Monsieur Marbe. Police-Roman N°85 Les Mariés du 1er Décembre. Police-Roman N°88. Le Mort tombe du Ciel. Police-Roman N°91. La Bonne Fortune du Hollandais. Police-Roman N°106. Le Passager et son Nègre. Police-Roman N°97. La Piste de l'Homme roux. Police-Roman N°100. L'Amiral a disparu. Police-Roman N°103. La Sonnette d'Alarme. Police-Roman N°94. Le Château de l'Arsenic. Police-Roman N°108. L'Amoureux aux Pantoufles. Police-Roman N°112.
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