Au cimetière du Py, à Sète, on a profané la sépulture de Georges Brassens ! Son cercueil a disparu sans explication, ni même demande de rançon. Une immense indignation et une profonde colère fusent de chaque coin de France. C'est qu'ils sont nombreux partout à travers le pays, et bien au-delà des frontières, a admirer le regretté Brassens. Certains témoins se bousculent dans les médias, qu'ils aient vraiment connu le chanteur moustachu à la pipe, ou pas. Pour sa maison de disque, l'image n'est pas forcément si bonne, même s'ils vendent beaucoup. En référence aux chansons de Brassens, des recherches ont été faites sur la plage de Sète et ailleurs. Vainement, car l'affaire stagne depuis dix jours. La lieutenant de police Sophie Lavigne, trente-trois ans, fille d'un défunt policier aimant la chanson française, est priée par sa hiérarchie de démêler ce dossier épineux au plus vite. Un expert de l'œuvre de Brassens s'est proposé pour assister la police. Il s'agit d'Arnaud Rivière de la Botté, un quinquagénaire oisif qui fréquente les amicales dédiées au célèbre Sétois. On ne peut pas dire que le premier contact entre eux soit cordial. Étant donné que les autorités n'ont aucune véritable piste, Sophie est priée de rattraper le coup auprès de ce spécialiste. Si la jeune femme connaît les chansons de Brassens, Arnaud essaie de lui inculquer l'état d'esprit, libre et sincère, de l'auteur-compositeur-interprète. Puisqu'il y a beaucoup de symbolisme dans ses chansons, pourquoi ne pas imaginer qu'il s'agisse d'un canular ? De bons connaisseurs de son répertoire ou des étudiants de la fac de médecine de Montpellier peuvent s'être amusés à ce petit jeu. Certes pas très finaud d'appliquer dans la réalité les paroles de chansons poétiques, mais sait-on jamais ? C'est ainsi que le couple entreprend le voyage vers Sète. Séduit par la policière, Arnaud tente un maladroit marivaudage libidineux durant leur trajet en train. Sophie n'y répond pas vraiment. S'ensuit un cour séjour dans la ville natale de Brassens, tel un pèlerinage sur les pas de celui-ci. Le couple flirte plus qu'il n'enquête, à vrai dire. Les ravisseurs du cercueil de Georges Brassens ont-ils fait des émules, ou est-ce la même bande ? Toujours est-il qu'on a tenté de subtiliser le cercueil de Gilbert Bécaud. Combien de défunts artistes, principalement ceux devenus célèbres après la guerre, seraient donc potentiellement visés ? Arnaud pense, sans doute à juste titre, que c'est une diversion. Brassens reste au centre des investigations du couple. Sophie et Arnaud participent à une soirée-hommage à l'Olympia, croisant le petit monde des passionnés de Brassens. Se souvenant des Quatre Bacheliers, Arnaud est sûr du nom du coupable. Faut-il réellement qu'il le révèle à Sophie ?… Bien entendu, il s'agit plutôt d'une parodie de roman policier. Certes, il y a une esquisse d'enquête autour d'un acte criminel, une tombe profanée. En effet, les investigations du couple de limiers font apparaître de possibles suspects, d'éventuelles explications. Oui, le coupable passera aux aveux. Mais c'est avant tout une approche de l'univers de Brassens, et de ses admirateurs restant fidèles plusieurs décennies après son décès, que nous offre Jean-Paul Sermonte. Tous ceux qui aiment ses chansons n'ignorent pas que la Camarde et les enterrements, la mort et ses à-cotés, firent partie de l'inspiration du grand Georges Brassens. Tant de ses titres évoquent plaisamment le sujet : La ballade des cimetières, Le Fossoyeur, Les funérailles d'antan, Le Testament, Le Revenant, Les croque-morts améliorés, Trompe la mort, L'enterrement de Verlaine, L'Assassinat, Mourir pour des idées, et l'inoubliable Supplique pour être enterré sur la plage de Sète. Quant aux idéaux de Brassens, son anarchie personnelle consistait surtout à ne donner de leçons à quiconque. Si l'on a parfois le sentiment que le langage s'appauvrit (comprend-on encore le sens du de "tabellion" ?), aimer Brassens c'est aussi aimer les mots (peut-être désuets, et alors ?), les tournures de phrases originales. Sans doute Arnaud passe-t-il pour pédant ou pour un vieux croûton, lui qui parle correctement la langue française. Un roman souriant pour saluer la mémoire d'un maître-artiste.
Une autre lecture duLa Tombe Buissonnière De Georges Brassensde PAUL MAUGENDRE |
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Parution 4 mai 2016. 182 pages. 14,95€. Première parution supposée aux éditions Didier Carpentier. Parution 4 mai 2006. 110 pages. Georges Brassens était vraiment un anticonformiste. Pour preuve... Venir de la Haute Saône afin de se recueillir sur la tombe de Georges Brassens au cimetière du Py à Sète, et se retrouver devant une sépulture vide, telle est la mésaventure qui arrive à Marguerite Huon, qui n'est pas huée mais en tombe de saisissement. Elle alerte immédiatement le gardien qui flânait dans le quartier, et aussitôt le premier adjoint au maire, le directeur du complexe funéraire, le commissaire de police se retrouvent tous devant ce sépulcre où ne résonne pas la voix de Georges Brassens chantant Elégie pour un rat de cave. Les caves, ce sont eux, et il faut faire quelque chose. Mais quoi ? Le monde politique, le monde médiatique, le monde tout court en reste pantois. Il est vrai que les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. Et Georges Brassens qui sort de sa tombe est un fait peu commun. D'accord il a été aidé, il faut maintenant découvrir par qui et pourquoi. Pour calmer l'opinion, Sophie Lavigne, policière de trente trois ans et fille de policier, est chargée de mener l'enquête, associée à Arnaud Rivière de la Botté, quinquagénaire oisif fin connaisseur de l'œuvre de Georges Brassens. Une homme, une femme, qui au premier abord ne sont guère fait pour s'entendre, mais il leur faut mettre de l'eau dans leur vin, et peu à peu les relations tendues vont se distendre et même va naître entre Sophie et Arnaud une forme de complicité. Ce qui pourrait être un canular ne fait pas rire tout le monde. D'autres, des petits malins sans aucun doute, à moins que ce soit les mêmes qui désireraient monter une collection, tentent de subtiliser le cercueil de Gilbert Bécaud. D'autres chanteurs célèbres, à textes bien évidemment, vont-ils attiser la cupidité de ces énergumènes ? Dans un contexte policier, il s'agit pour Jean-Paul Sermonte de rendre un hommage à un poète qui défiait dans ses chansons la Camarde. Une quasi vénération de la part d'un érudit fondateur de la revue Les Amis de Georges, lui-même auteur-compositeur et interprète. Hommage appuyé mais avec une certaine dérision, et l'on croit voir l'ami Georges Brassens, toujours aussi pétulant, les yeux pétillant de malice, rire dans sa moustache, un sourire moqueur au coin des lèvres, et chantonner Les croque-morts améliorés. Qui va permettre aux braves gens De distinguer les funéraires, Les anciens croque-morts ordinaires, Des galopins un peu folâtres Qui se mettent en deuil exprès Les croque-morts améliorés ! Si le croque-mort s'en va sifflant Les joyeux couplets à vingt francs, C'est un honnête fonctionnaire, C'est un croque-mort ordinaire. Mais s'il écoute en idolâtre Les disques des be-bop cassés, C'est un croque-mort amélioré ! Le lecteur, même jeune, qui ne connait que de nom Georges Brassens et seulement deux ou trois chansons, lestes et paillardes comme Gare au gorille ou Quand Margot dégrafait son corsage, sourira à ce texte empreint de bonhommie, qui nous change des déférences laudatrices et compassées. Sans vouloir l'affirmer, il me semble qu'il s'agit ici d'une réédition de Brassens ou la tombe buissonnière, publié en 2006 aux éditions Didier Carpentier.
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