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ROLAND SADAUNE |
Gisants-les-rouenAux éditions VAL D'OISE EDITIONSVisitez leur site |
2777Lectures depuisLe mardi 29 Decembre 2015
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Une lecture de |
La capitaine de police Élise Verdoux est une rousse quadragénaire en poste à Rouen. Dans un commissariat annexe, afin de s'éloigner un peu de son ancien amant, Raymond Keller, qui était son supérieur avec le grade de commissaire. Assistée du lieutenant Person, Élise s'interroge sur un triple crime : deux agents de police et un SDF serbe ont été assassinés. La signature du tueur, c'est une photo de la grille d'un portail. Pas de quoi avancer dans l'enquête. Une quatrième victime est bientôt recensée, encore un agent de police. Élise reçoit un envoi anonyme, une vidéo de caméscope. Sur les images, probablement dans la propriété correspondant à la grille de la photo, on y un groupe de SDF maltraités. Ce sont les agents assassinés qui les bousculent. Éloigner les clodos du centre-ville de Rouen, afin qu'ils n'importunent pas les touristes, manu militari s'il le faut ? L'opération pourrait bien être la conséquence d'une directive décidée par l'adjoint au maire Robert Praquetti. Élise retrouve vite l'artiste-peintre Lynda Farnel, qui lui a transmis la vidéo. Seule, la policière se déplace sur les lieux indiqués, une villa désaffectée. Près de laquelle elle découvre le cadavre du lieutenant Person. Comme le SDF serbe, sa peau porte des traces de griffes. Élise est rapidement repérée et séquestrée parmi les déshérités rassemblés là. L'organisateur de ce cirque se surnomme Gladiator. La policière le connaît trop bien : c'est le commissaire Raymond Keller. Elle n'ignore pas qu'il peut se montrer d'une certaine brutalité. Mathieu Lancaster est écrivain. Il vient de subir un lourd échec autour d'un prix littéraire. Il se réfugie dans la maison ayant appartenu à ses parents, en pleine forêt, à trente-cinq kilomètres de Rouen. Réutilisant sa vieille machine à écrire Underwood, il compte créer ici son prochain roman. Non sans garder en tête l'image d'Angie, son ex-compagne. La vieille voisine l'irrite bientôt, venant lui raconter des histoires de loups-garous sévissant soi-disant dans ce hameau de Gisants-les-Rouen à la pleine lune. Il est vrai que le père de Mathieu s'intéressa à la lycanthropie, et que ça peut donner un sujet de roman. Abusant de ses bouteilles de Bordeaux, l'écrivain ne progresse guère dans l'écriture de son livre. Il finirait presque par s'inquiéter de l'aura maléfique de cet endroit. Le commissaire Raymond Keller est en cavale, armé et espérant se sortir de ce mauvais pas. Après quelques pépins, il s'invite chez Mathieu Lancaster, prétextant une mission en cours. L'écrivain n'est pas vraiment dupe. Le policier lui raconte une partie de la vérité sur ce qui l'oblige à fuir. Fidèle à son caractère, Keller se montre envahissant et directif. Avant d'arriver là, il vient de supprimer un témoin, et n'hésitera pas à tuer de nouveau. Fouillant chez Keller, Élise a découvert trois DVD démontrant la cruauté du commissaire. Sur les traces de celui-ci, son enquête la conduit à Lyons-la-Forêt. Grâce à un indic, une piste amène Élise à s'intéresser à un écrivain nommé Lancaster… Quand vous entamez la lecture d'un roman de Roland Sadaune, vous pouvez être sûrs d'y trouver quantité de péripéties. S'il existe certains mystères, il n'a pas concocté un roman d'enquête doté d'une énigme à résoudre. C'est toujours avec vivacité qu'il nous entraîne au cœur de l'action. D'ailleurs, le découpage en 74 courts chapitres indique la volonté de l'auteur, de donner du rythme au récit. Sombre intrigue, dans la vraie tradition du roman noir, avec quelques références cinéma chères à Sadaune, et un peu de vieux rock. Il nous présente évidemment une belle galerie de personnages. Une pulpeuse femme-flic, qui risque réellement sa vie. Un policier sans limite, ni scrupule. Un autre flic, proche d'un élu municipal, qui joue sur plusieurs tableaux. Un écrivain déçu, pas encore totalement désabusé. Une villageoise voisine, un brin agaçante. Il ne nous reste plus qu'à suivre leurs tribulations dans la région de Rouen, sur le tempo décidé par l'auteur. La pleine lune va-t-elle influer en bien ou en mal sur les évènements ? On le verra. Ce nouveau suspense de Roland Sadaune est aussi excitant que ses titres précédents !
Thriller. Parution octobre 2015. 310 pages. 14,00€. La vie continue... comme avant ! Des Sans Domicile Fixe, ou des Sans Abris, mendigotant aux entrées des commerces ou des édifices publics, couchant sur des bancs, cela peut ternir l'image d'une ville qui compte sur les rentrées d'argent touristiques. Alors le meilleur moyen pour s'en débarrasser, c'est de faire comme la concierge qui pousse la poussière sous le paillasson, c'est de les cacher loin de la ville. C'est un édile Rouennais qui a eu cette lumineuse idée ! Le programme est chargé pour la capitaine Elise Verdoux, de la police judiciaire, qui doit enquêter sur l'assassinat de trois policiers territoriaux. Avec en bonus celui d'un SDF, dont le corps présente de nombreuses traces de lacération. D'autant plus bizarre que les vêtements eux sont intacts. Mais pour le moment, ce meurtre est à classer dans la case profits et pertes, l'enquête sur les territoriaux primant. L'adjoint Praquetti, qui a décidé d'appliquer avec le maximum d'efficacité le décret concernant les SDF, est sur les dents, et bien naturellement le procureur, le responsable de la police Raymond Keller, Elise Verdoux, qui fut sa maîtresse durant deux ans mais a rompu depuis quelques mois, et quelques autres sont conviés à résoudre au plus vite cette affaire qui fait tache. Dans une poche de vêtement de chacun des trois policiers municipaux, une photo identique a été découverte. Celle d'une grille rouillée ouvrant sur un parc. Comme indice on pourrait faire mieux. Heureusement une artiste peintre qui privilégie la nature comme thème de ses tableaux a assisté à un étrange manège près d'Hénouville à l'ouest de Rouen. Elle a réalisé une petite vidéo qu'elle a transmise à Verdoux et Person, l'adjoint de la policière. Et ce qu'ils découvrent leur ouvre des portes, celles de l'enfer. D'autant que sur cette vidéo ils reconnaissent un individu qu'ils côtoient quasi quotidiennement. Cette première partie de l'enquête résolue mais pas terminée, Elise Verdoux se sent obligée de traquer celui que se nomme pompeusement Gladiator. Gladiator, un être brutal, pervers, se sait débusqué, mais il pense qu'il bénéficiera de quelques indulgences auprès d'une hiérarchie qui se serre les coudes. Il va se planquer chez Lancaster, au grand dam de celui-ci, qui ne souhaitait aucun invité imposé dans sa résidence secondaire. Lancaster est un écrivain qui vient de manquer de peu d'obtenir le Prix Jeanne d'Arc, alors que son éditeur et bien d'autres, auraient mis leur bras au feu persuadés qu'il partait gagnant haut la main. Il s'est réfugié dans la chaumière héritée de ses parents près de Lyons la Forêt, dans l'Eure, et Underwood chargée de rubans encreurs et de ramettes de papier, il va s'attaquer à un nouveau roman dont le thème est dicté par des réminiscences paternelles. Son père également journaliste et romancier avait écrit quelques ouvrages sur les loups-garous, notamment l'Eure du loup-garou. Pour forcer l'inspiration, il avale à l'aide de verres de vin rouge des cachets d'ecstasy, ce qui le fait déconnecter parfois de la réalité. Sa voisine, qui aurait une certaine tendance à s'incruster, lui affirme qu'Ici les morts sont bien vivants. Un thème, une légende, un mantra, une affirmation gratuite à développer, pourquoi pas. Commence alors une cavale pour Gladiator qui sème, à l'instar du Petit Poucet, des cadavres dans la forêt, près d'une plaque sur laquelle ont été sculptés des gisants.
Si le début de ce roman est une enquête véritable, la suite est une traque et un huis-clos. Traque menée par Elise Verdoux, laquelle ne sera pas à la noce, et huis-clos entre Gladiator et Lancaster. Roland Sadaune emprunte à ses thèmes favoris, la peinture, le cinéma, mais aussi, plus personnel, la chaise roulante, pour construire ce roman en deux parties d'inégales longueurs mais dont le suspense monte progressivement. Une traque mêlée d'un huis-clos qui deviennent vite étouffants, âpres, violents et vont crescendo. Les personnages qui gravitent dans ce roman, découpé en soixante-quatorze courts chapitres qui entretiennent une certaine vivacité dans le déroulement de l'action, sont autant de protagonistes parfois décalés et aux motivations troubles qui prennent à leur insu, ou non, une part prépondérante dans cette histoire. Si je me garde de dévoiler l'identité de Gladiator, c'est pour garder une part de mystère dans le récit, mais le lecteur perspicace de cette chronique aura rapidement mis un nom sur ce personnage malsain. Roland Sadaune nous dépeint une société en déliquescence dont les acteurs malfaisants ne sont pas forcément ceux auxquels on pourrait songer.
Parce qu’il a raté un prix littéraire, Lancaster se retire dans la ferme isolée de ses parents où, alternant pilules et verres d’alcool, il entame l’œuvre de sa vie. Intrigué par les folles rumeurs qui bruissent parmi le voisinage, il découvre l’étrange contenu de la bibliothèque familiale. Le commissaire Raymond Keller applique une circulaire municipale qui veut que les SDF soient conduits loin du centre-ville de Rouen. Mais il l’applique avec le zèle qui lui sied ! Il les regroupe dans la cave d’une demeure perdue en forêt où il organise des combats dignes du temps des gladiateurs. L’OPJ, Élise Verdoux, l’ancienne maitresse de Keller, mène l’enquête sur un triple crime : deux agents de police et un SDF serbe… Les indices, une photo montrant la grille d’un portail et une vidéo reçue anonymement, la conduisent jusqu’à la demeure perdue en forêt. Et la situation dérape tant pour Raymond Keller, obligé de prendre la fuite, que pour quelque quidam croisé au cours de cette cavale, que pour Élise Verdoux qui se lance à sa poursuite, que pour Lancaster qui découvre dans le coffre de sa voiture le fugitif et se voit contraint de l’héberger. Entre les légendes inquiétantes qui entourent le cimetière, une lune menaçante, un voisin en fauteuil roulant et une voisine curieuse, un climat claustrophobe et angoissant gagne le récit, et le polar conflue au fantastique.
Une nouvelle fois, Roland Sadaune offre au lecteur un roman aussi passionnant qu’étranger et déroutant parfaitement rythmé. |
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