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JACQUES SYREIGEOL |
Miracle En VendéeAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
603Lectures depuisLe lundi 30 Novembre 2015
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Une lecture de |
N°2260. Parution mars 1991. 192 pages. Réédition collection Folio N°2642. Parution octobre 1994. 192 pages. 6,40€. Fantasia au pays des mogettes...
En cette fin du mois d'août 1989, il fait chaud, très chaud. Les mares sont desséchées, dans les prés l'herbe ressemble à de la paille, quant aux tournesols et aux maïs, pas de quoi faire son beure à défaut d'huile. De quoi remuer les souvenirs algériens de Victor Soulard et faire remonter à la surface ses obsessions. Par exemple le cou gracile et tendre des jeunes filles. Deux événements qui ne possèdent aucun lien apparent, quoiqu'une légère superstition laisse supposer que l'un découle de l'autre, deux événements vont le faire sortir de sa torpeur, de sa léthargie de célibataire endurci qui vit avec papa et maman à la ferme familiale. La Germaine, sa marraine et cousine de sa mère, décède, tandis qu'en face de chez eux s'installe la Lucienne. On peut dire qu'elle en a fait des ravages celle-là. Par sa faute, son mari a tué et depuis croupit en prison. Et elle a tant et si bien tourné la tête des mâles qu'elle a eu un fils, demi-frère de Victor. Ramassant sa haine et ses souvenirs, Victor sent monter en lui comme une sourde colère, d'autant que son père, dérogeant à ses habitudes, va fournir de l'eau à son accorte voisine et pourquoi pas, renouer une ancienne liaison. Victor ne s'est jamais complètement remis de sa guerre d'Algérie, de son passage à l'hôpital psychiatrique de Rennes. Ça fermente dans son crâne. Il vit, ou plutôt vivote, comme dédoublé. Ses souvenirs lui collent à la peau; ses expériences malheureuses avec les femmes, il les traîne comme des boulets mais aussi des envies. Jusqu'au jour où dans un accès de folie, il va se laver de ses inhibitions.
Miracle en Vendée est un roman dur, paysan, situé entre Le petit arpent du Bon Dieu de Caldwell et Une souris et des hommes de Steinbeck saupoudré de Goupi-Mains rouges de Véry et de La terre de Zola. Le sud des Etats-Unis transposé en Vendée. Le soleil, la sécheresse, la fausse simplicité des villageois, leur rouerie, leur propension à s'esbaudir, à l'amusement juvénile des phénomènes scatologiques, peut-être dans le but de conjurer un mauvais sort, la proximité d'une femme honnie et arrogante, et surtout ce ressassement infernal des réminiscences, comme des incrustations dans le cerveau de Victor, tout accélère les processus de fêlure, de déchirure et de colère. Troisième et malheureusement dernier roman de Jacques Syreigeol, Miracle en Vendée s'inscrit comme le troisième volet d'un triptyque entamé avec Vendetta en Vendée et continué avec Une mort dans le Djebel.
Lucienne est à l'origine de la déchéance de Marc Martin et la mère du demi-frère de Victor, quant à celui-ci, il apparait dans les dernières pages d'Une mort dans le Djebel. Mais chaque histoire est indépendante et Jacques Syreigeol en reprenant l'un des personnages de son dernier roman aurait pu en écrire un autre, construisant alors une saga à la Zola. A chaque fois l'atmosphère est différente, le style de narration aussi, et pourtant il existe un fil conducteur. Mais Jacques Syreigeol est décédé le 25 mars 1992, à la Roche-sur-Yon.
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