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VALERIE SAUBADE |
Le Pacte Des InnocentesAux éditions ANNE CARRIEREVisitez leur site |
263Lectures depuisLe vendredi 6 Novembre 2015
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Une lecture de |
En mai 2010 à Blewbury, tranquille petite ville de la campagne anglaise dans l'Oxfordshire. Le bureau de police est sous les ordres du superintendant Benton, de Wallingford. Depuis peu, c'est l'inspecteur Anthony Reeves qui dirige localement le petit effectif de Blewbury. Il est revenu vivre auprès de son vieux père, ancien colonel décoré de l'armée britannique, dont le cerveau ne fonctionne plus très bien. D'ailleurs, dans la maison de famille où tous deux vivent, rien n'est en état non plus, déplore avec agacement ce célibataire qu'est Reeves. Son adjoint le sergent Brian McHaggis est, au contraire, doté d'une grande famille et d'une épouse râleuse, qui accepte très mal le métier de policier de son mari. Elle finit par le quitter pour aller se réfugier avec leurs enfants chez sa mère. McHaggis ne voit pas du tout comment la convaincre de revenir. Au bureau de police de Blewbury, on trouve également les constables jumeaux Ed et John Rawskin, ainsi que la secrétaire et standardiste Rosie. La nouvelle venue, c'est Karen Stanner, qui accède au grade de sergent. Avec ce poste, cette blonde aux yeux bleus d'un mètre quatre-vingt se rapproche de sa mère et de sa sœur Molly, habitant ici. Ayant vécu plusieurs échecs amoureux, Karen fait l'impasse sur ces questions. Par contre, son voisin séduisant Julian Joyce, médecin anesthésiste, pourrait être le partenaire idéal pour Mary, la meilleure amie de Karen. Une idylle qu'elle essaie de favoriser. La jeune policière sent que l'inspecteur Reeves ne lui accorde guère de confiance. Le sergent Brian McHaggis se montre un peu distant avec elle, aussi. Pourtant, une enquête va nécessiter qu'ils mettent en commun leurs capacité, car plusieurs meurtres vont se succéder. Ce ne sont pas les lettres de menaces reçues par la mairie, assorties de citations bibliques et de dates, qui passionnent vraiment l'inspecteur Reeves. Quand un crime est commis à Key Fields, la luxueuse maison de retraite locale dans son parc protégé, il faut s'activer. La victime est une dame de soixante-quinze ans, Mrs Emily Dawson. Ancienne enseignante, elle avait les moyens de disposer d'un cottage. McHaggis est chargé d'interroger celles et ceux qui vivent dans les maisonnettes autour. Sans doute pourrait-on suspecter Edward Robey, vieux séducteur qui fut l'ami intime de Mrs Dawson. Ou Aaron Drum, le petit-fils de la victime, un marginal sans argent qui se dit peintre avant-gardiste. Mais ce dernier a un alibi. La photo représentant quatre jeunes filles dans un parc a disparu chez Mrs Dawson, alors qu'elle y tenait plus que tout. Peu après, un autre meurtre est commis au domaine de Key Fields. Ex-directrice du lycée où enseigna la première victime, Evelyn Dennis était aussi âgée de soixante-quinze ans. Toutes deux fréquentaient un peu le club de loisir des environs, le Sunny Club. La même photographie de groupe a disparu. La commère voisine Mrs Roth et d'anciens collègues des deux victimes sont interrogés par McHaggis et Karen Stanner. Ann Sommerville, du même âge que les précédentes, habitait à Smoke Acre, où elle a été assassinée d'un coup de pelle sur le crâne. C'était une riche héritière égoïste vis-à-vis de son ex-mari et de leur fille. Dans son journal intime, Carolyn Stanhope suit cette série de crimes, se souvenant d'épisodes du passé. Le père Clarke, vieux prélat résidant à Key Fields, est-il suspect ou serait-il un allié pour la police ? Il s'agit d'explorer toutes les pistes plausibles… Pour concevoir ce roman d'enquête, l'auteure s'est directement inspirée de la tradition des énigmes classiques "à l'Anglaise". On peut certainement y voir un hommage à toutes les romancières dans la lignée d'Agatha Christie. Bien qu'il s'agisse de l'époque actuelle, on reconnaît les décors et les ambiances de la Grande-Bretagne éternelle. Les bow-windows sont omniprésents et les documentaires animaliers de la BBC sont suivis par les personnes âgées. On supprime des vieilles dames de bonne condition sociale, et les hypothèses vont dans diverses directions, tout en n'oubliant pas la fameuse photographie de groupe. Il n'est pas question d'en cacher l'importance, puisqu'on y trouvera l'origine des meurtres. Les journées d'investigation se terminent par un "petit bilan personnel" (parfois avec l'aide d'une psy, pour l'inspecteur Reeves). Car les policiers sont aussi des êtres humains, avec leurs tracas et leurs sentiments. L'occasion d'apporter une touche de romantisme dans le récit, concernant Karen et son amie Mary. Quant à Reeves, il peut fantasmer sur une belle infirmière à domicile. Formule narrative qui offre de petits sourires à la tonalité de l'histoire. À l'évidence, l'auteure sait que dans ce type de romans, on ne dramatise pas exagérément les scènes plus sombres. Le mystère plane, les enquêteurs recueillent les indices, et pour les lecteurs c'est d'une lecture fort divertissante. Valérie Saubade reconstitue un suspense traditionnel, avec tout le charme que cela suppose.
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