les deux affaires grégory de Étienne SESMAT


Les Deux Affaires Grégory SESMAT372

ÉTIENNE SESMAT

Les Deux Affaires Grégory


Aux éditions POINTS


Visitez leur site

461

Lectures depuis
Le mercredi 21 Octobre 2015

fleche Soutenez RayonPolar en achetant
les deux affaires grégory
sur
Amazone


fleche
fleche

Étienne SESMAT




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Un dossier bien connu, mais dont il n'est pas superflu de rappeler quelques faits. Le 16 octobre 1984, le petit Grégory Villemin âgé de quatre ans disparaît après 17h, alors que sa mère et lui venaient de rentrer chez eux. Christine Villemin recherche son fils dans le village de Lépanges. Entre-temps, le père Jean-Marie Villemin est alerté, et un appel téléphonique anonyme apprend à un membre de leur famille la mort de Grégory. Son cadavre sera retrouvé en début de soirée à Docelles, à quelques kilomètres de Lépanges, noyé dans la Vologne. Cette vallée est le territoire de la brigade de Bruyères, qui lance immédiatement l'enquête. Celle-ci sera supervisée par l'officier de gendarmerie Étienne Sesmat, d’Épinal.

Il s'avère très bientôt que toute l'affaire se joue entre une poignée de familles (Villemin, Jacob, Hollard, Bolle) habitant dans un périmètre assez proche, liés par le cousinage ou frères et sœur. Toutes ces personnes appartiennent au milieu ouvrier, sans lien avec la délinquance ni la criminalité. Des gens ordinaires ayant des rapports cordiaux, parfois plus ou moins houleux, que rien ne devait préparer à un tel drame. En réalité, c'est inexact : en 1982 et 1983, un "corbeau" s'était de nombreuses fois manifesté, menaçant les parents Albert et Monique Villemin. Le plus visé de leurs enfants, c'était Jean-Marie.

Il est travailleur, et connaît une réussite sociale correcte qui lui vaut des inimitiés. Parmi son entourage, il est souvent surnommé "le Chef", du fait de ses fonctions à son usine. Dans ses courriers venimeux, le "corbeau" défend volontiers le fils aîné de la fratrie Villemin, Jacky "le bâtard", méprise son frère Michel, et cible jalousement Jean-Marie. Une première enquête de gendarmerie à ce sujet permit de calmer les coups de téléphone intempestifs et les lettres hargneuses. Est-ce parce que Jean-Marie et Christine étalent leurs moyens financiers récemment, qu'on s'en prend de nouveau à eux ?

Les gendarmes montrent de l'empathie pour les victimes, le couple Villemin : “Nous éprouvons envers ce jeune couple ravagé par le chagrin une immense compassion, mais ce sentiment n'interfère pas dans le travail d'enquête. Nous restons dans l'exercice de nos fonctions […] Cet entretien reste chargé d'une émotion difficile à décrire. Jean-Marie, poings serrés et mâchoire crispée, laisse entrevoir par instant la douleur intense et la rage qui l'habitent. Mais pas une seule fois, il ne parle de se venger. Il me dit : "J'ai confiance en vous". À ses côtés, Christine semble d'une faiblesse et d'une fragilité extrêmes. Elle s'exprime peu, je la sens ailleurs...” Si les gendarmes le trouvent ambitieux, charismatique, sûr de lui, ils négligent probablement la propension de Jean-Marie Villemin à la violence. N'a-t-il pas voulu abattre un "suspect" dès l'annonce de la mort de Grégory ?

Les gendarmes, se basant sur quelques indices, suivent une piste : Bernard Laroche, cousin du couple Villemin. Certes, il est plus ami du frère Michel, c'est ainsi qu'il a des infos sur toute la famille. Sa voix et son écriture seraient proches de celles du "corbeau". Son alibi reste imprécis. Rien ne certifie pourtant qu'il soit plus jaloux qu'un autre de la réussite de Jean-Marie. “À nos yeux, sa vie et celle de Jean-Marie Villemin ont suivi des trajectoires parallèles, tant dans le domaine professionnel que sur le plan personnel. Mais si les parcours se ressemblent, celui de Bernard Laroche a été plus laborieux. À chaque étape, la comparaison joue en sa défaveur.”

Pas un coupable idéal selon la gendarmerie, mais on l'accable davantage qu'on ne cherche des éléments positifs. D'autant que son épouse Marie-Ange Laroche ne défend pas vraiment son mari. C'est alors que la petite cousine Murielle Bolle a des révélations à faire. Après avoir fourni un alibi à Bernard Laroche, l'adolescente accuse. “Elle affiche une moue boudeuse, mais paraît détendue […] Je sais que ses aveux n'ont pas été obtenus par la pression, encore moins par la violence. Je me méfie toujours du témoignage d'un enfant, mais elle a plus de quinze ans, semble peu émotive et ne manque pas d'aplomb. Enfin, tout se tient.” Les gendarmes ne s'étonnent pas que leur coupable ait pris Murielle à son bord, alors qu'il transportait dans sa voiture son propre fils Sébastien ainsi que le petit Grégory Villemin.

Arrêté puis remis en liberté, Bernard Laroche sera abattu par Jean-Marie Villemin, qui avait publiquement annoncé son geste. Un temps, Christine Villemin est elle-même au centre de toutes les suspicions. Sa manière de jouer "profil bas" durant toute l'affaire surprend, dérange. Il est certain que la médiatisation à outrance de cette affaire, que l'omniprésence journalistique a largement biaisé le travail de la gendarmerie, avant que ce soit la police judiciaire qui s'occupe de la suite. La chasse à l'info, la multiplication des hypothèses, les locaux de la gendarmerie de Bruyères envahis par les photographes et la presse, les prises de positions de tel ou tel, ça ne simplifie jamais une enquête. Il est vrai que le juge d'instruction Lambert a pu paraître "léger" aux yeux de la gendarmerie. Bien sûr, en 1993, le procès pour meurtre de Jean-Marie Villemin ne pouvait être satisfaisant.

On ne contestera pas que le colonel Étienne Sesmat ait été parmi les plus impliqués dans l'enquête, qu'il en connaisse tous les détails – y compris ceux que le grand public ignore ou n'a pas retenu. Son parti-pris est, logiquement, celui de la version gendarmesque. Ses collègues et lui-même ne sont pas les seuls fautifs, si tout a dérapé, si chacun s'est fait une idée juste ou fausse sur ce dossier. Son témoignage est important, et fort complet, sur les meurtres de Grégory Villemin et de Bernard Laroche. Ici, des cartes et des rapports officiels complètent son récit des évènements vécus. Qu'on adopte le cas tel qu'il est présenté, ou qu'on ait un œil plus critique, ce livre permet de réfléchir au meurtre de cet enfant de manière plus solide, mieux informée.

Retrouvez
CLAUDE LE NOCHER
sur
action-suspense.over-blog.com
 
livrenpoche
Chercher Étienne sesmat



 
 



Pour être informé des Mises à Jour, Abonnez-vous à l'Hebdo du RayonPolar
Indiquez votre Mail

Les réclames du RayonPolar

Pour votre publicité, contactez le site

Pub sur RayonPolar

Sur les 32200 pages du Site
chiffres Google Le jeudi 3 Novembre 2011







En accédant à ce site marchand par l'intermédiaire de ce lien vous soutenez financièrement le RayonPolar






Site dédié au Polar-Film-Série
Si vous entrez directement sur cette page,
Retrouvez ses nouvelles en ligne, ses critiques de polars, de films, de séries TV
Sa liste de revues et sa galerie de couvertures de polars anciens.
Visitez le Rayon Polar
Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques.
- Benjamin Disraeli (1804-1881), homme politique britannique















Pinterest
(C) Les textes n'engagent que leurs signataires
RayonPolar
Certaines illustrations de ce site sont des reprises des couvertures de la collection Néo et sont signées
Jean-Claude Claeys.

Reproduit ici avec son aimable autorisation
Pour visiter son Site
Pour acheter des originaux
Cliquez sur l'image
RayonPolar