|
|
CHRISTOPHE SEMONT |
Soleil NoirAux éditions CRITICVisitez leur site |
803Lectures depuisLe mardi 13 Octobre 2015
|
Une lecture de |
Collection Thriller. Parution le 17 septembre 2015. 272 pages. 17,00€. Il est mort le soleil...
15 mai 2002. Posadas, argentine, non loin de la frontière avec le Paraguay. Il peut être fier Esteban Pantoja du commissariat de Posadas, car officiellement son supérieur vient de lui remettre, d'un geste détaché, les galons de sergent. Il est pressé d'en informer Maria, sa femme caissière dans une banque, et il la rejoint en compagnie de leur fille. C'est l'heure de la fermeture et tandis qu'ils attendent dans la salle d'attente que Maria ait terminé son service, trois hommes cagoulés pénètrent dans l'établissement et ne s'embarrassant pas d'un protocole exigeant qu'ils confirment qu'il s'agit d'un braquage, ils abattent le vigile puis se déploient avec ordre et méthode. L'un d'eux réclame l'argent de la caisse et comme la collègue de Maria n'a pas l'air de comprendre, il lui tire une balle dans la tête. Des clients sont également froidement abattus et en Esteban se réveille l'instinct du flic. Il sent que personne n'échappera au massacre et il tente de s'emparer de l'arme du vigile. Il y parvient mais l'un des braqueurs, alerté par un mouvement inconsidéré d'un otage, s'en aperçoit. Le sergent nouvellement promu tire, les autres aussi, dans tous les sens, et une balle qui n'était pas perdue lui percute la tête. Lorsqu'il sort de son évanouissement à l'hôpital, il apprend que sa fille et sa femme n'ont pas survécu au carnage. Il se souvient des yeux des braqueurs, des yeux ternes comme s'ils étaient sous l'emprise d'une drogue. Pourtant rien n'est décelé sur le cadavre de celui qui lui a tiré dessus et qui portait un tatouage représentant comme un soleil traversé d'une épée ou d'un glaive. Afin de pouvoir se rétablir physiquement et moralement, il est mis en congé et il se jure bien de retrouver les agresseurs. Malgré les réticences de son supérieur, il parvient à obtenir des informations. Le lieu où les braqueurs s'étaient réunis pas exemple, mais la maison est vide. Toutefois il trouve des papiers pas complètement calcinés et il sait dorénavant qu'il doit se rendre en Bolivie dans un coin perdu de la forêt amazonienne à Rurrenabaque.
Adela est une jeune serveuse d'un bar de nuit de La Paz. Depuis quelques mois elle est en proie à des visions cauchemardesques. Mais cela se passe en plein jour ou la nuit, dans le bar où elle sert les clients. Des clients qui parfois possèdent des têtes cadavériques et dont la langue fourchue se darde inexorablement vers son visage. Ce qui la perturbe fortement et lorsque son patron lui demande ce qu'il se passe, elle aimerait lui désigner ce client particulier, mais bien évidemment il s'est dissous dans la fumée du bar. Ou dans un landau un bras difforme s'élance vers elle tentant de l'agripper. Ou encore un homme qui semble lui faire signe mais se dissout dans la foule. Elle s'en inquiète auprès de son toubib, un vieux médecin qu'elle connait depuis longtemps. Le docteur Zamora lui intime de continuer à prendre malgré tout les pilules qu'il lui a prescrites. A Rurrenabaque, des gamins, quatre garçons et une fille, jouent dans la forêt et découvrent un étrange conteneur tout rouillé. Ils parviennent après bien des difficultés et des efforts intenses à l'ouvrir. Et lorsque l'intérieur se révèle à eux, c'est l'effroi, la stupeur, la panique. Pourtant tandis deux d'entre eux restent près de ce coffre bien particulier, les autres vont demander à un vieux pisteur, qui recueille le venin des serpents, de téléphoner à la police. Une trentaines de cadavres ont été enfermés dans ce conteneur venu de nulle part, des hommes, des femmes et même des enfants, qui tous portent un tatouage représentant une sorte de soleil noir transpercé d'un glaive.
Une histoire sombre qui nous renvoie aux heures noires de l'Argentine et d'autres pays sud-américains, alors que des nazis en fuite après la défaite du IIIe Reich, se sont réfugiés dans ces pays accueillants et sont devenus des citoyens parfois influents auprès des dictateurs. Il ne s'agit pas d'une leçon d'histoire ou d'un documentaire, mais bien de remettre dans le contexte des faits qui se sont réellement déroulés, tout en conservant un aspect anecdotique, voire légèrement pédagogique et non partisan, à ceux pour qui les noms de Perón et autres présidents, élus ou autoproclamés ne disent plus rien. Mais cette histoire insère également un thème prisé des romans d'aventure d'antan, ceux qui nous faisaient palpiter, celui du savant fou, et nous entraîne dans une intrigue habilement construite, menée à un rythme d'enfer. Les chapitres sont courts et nous présentent, comme des couches successives, les déambulations des différents protagonistes, même si Esteban en est la pièce maîtresse. Le parcours d'Adela est particulièrement poignant, tandis que les gamins, une fois leur mission effectuée, découvrir et ouvrir le conteneur, passent la main, offrant la possibilité à d'autres personnages d'interférer dans l'histoire et de l'approfondir. Christophe Semond démontre qu'en deux cent soixante pages, un romancier peut écrire une histoire palpitante, sans se disperser dans des considérations oiseuses. |
Autres titres de |