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PIERRE SINIAC |
Les âmes SensiblesAux éditions DENOELVisitez leur site |
1356Lectures depuisLe vendredi 19 Decembre 2014
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Une lecture de |
Parution octobre 1991. 224 pages. Âmes sensibles ? Ne pas s'abstenir... Pierre Siniac, le créateur de l'horrible Luj Inferman, le romancier des Morfalous, de Aime le Maudit, de Femmes blafardes et autres romans aussi jubilatoires que spécifiques, Pierre Siniac était un auteur sortant des sentiers battus. Avec ce recueil composé de cinq nouvelles il s'était replongé dans le domaine où il était devenu grand-maître, orfèvre en la matière, celui de la nouvelle, pour le plus grand plaisir de ceux qui considèrent ce genre périlleux plus difficile et plus intéressant, plus révélateur du talent d'un écrivain que le genre romanesque. Les Âmes sensibles est donc un recueil de cinq nouvelles dans lesquelles le pathétique et la dérision, l'humour noir et le macabre, reflètent le caractère omniprésent de ses œuvres. Nul mieux que Jean-Pierre Deloux n'a su expliquer l'univers morbide, à l'humour explosif, de cet auteur à part, dans le numéro 14 de la revue Polar première formule. Cette croisée des destins lui permet de revenir sur certains de ses fils rouges favoris; ainsi peut-il, à loisir, tenter de nouvelles variations sur l'abjection, le dérisoire, la fatalité, l'enchainement des causes et des effets, la logique de ce qu'il est convenu d'appeler le hasard, l'absurde, et nous faire ricaner douloureusement à l'affligeant spectacle des vicissitudes humaines. Le caractère désespéré et la cruauté du regard de l'auteur ne se sont point affaiblis au fil du temps. Dans Les âmes sensibles, nouvelle éponyme du recueil, Pierre Siniac met en avant la crédulité, la naïveté des spectateurs mais également leur versatilité. En 1850, les bourgeois comme le petit peuple se délectent au spectacle, aux représentations grandguignolesques sur le Boulevard du Crime, de pièces de théâtre mettant en scène des assassins pervers, meurtriers de petits enfants. Mais Lenôtre, comédien principal de ces drames, joue trop bien, de manière trop réaliste. Le poulailler s'enflamme, vitupère, le prend à partie, n'étant plus capable de faire la différence entre la réalité et la projection scénique. Dans Le Supporter Pierre Siniac raconte à sa façon ce qui est devenu malheureusement une mode : les incidents sur les stades et les scènes de désolations qui s'ensuivent, dues à de prétendus supporters qui se vengent en cassant tout sur leur passage lorsque leur équipe a perdu. Mais Siniac ne se contente pas de jeter un regard désabusé devant cette violence, il l'enrobe dans une autre histoire, et c'est là qu'intervient son sens de la dérision. Tout comme dans L'enfer vous remercie de votre visite, nouvelle dans laquelle le héros, un ex-ferrailleur reconverti dans les assurances, découvre parmi les squelettes disséminés sur le parcours d'un train fantôme d'une minable fête foraine, le visage ensanglanté de son ami qu'il a assassiné deux ans auparavant. Un corbeau qui ne perd pas ses plumes est démonique à souhait. Alors qu'une petite ville de province dans les années trente vivote paisiblement, un corbeau sème sur la place du marché de petits faire-part de deuil, dénonçant les exactions, crimes et compromissions de ses concitoyens. Enfin, dans Madame est servie, le lecteur apprendra qu'il ne faut pas toujours s'occuper de la vie de ses voisins et tenter de s'immiscer dans leur intimité. Avec Les âmes sensibles, Pierre Siniac signait en 1991 son grand retour après quelques années sabbatiques éditoriales.
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-pierre-siniac-de-l-horrifique-chez-les-tares-119204196.html |
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