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JOHN STEPHEN STRANGE |
L'accuséeAux éditions DITIS |
694Lectures depuisLe jeudi 16 Octobre 2014
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Une lecture de |
Un procès à New York, au début des années 1950, présidé par le juge Bardoley. Toutefois l'affaire remonte à dix-sept ans. Elle concerne un meurtre commis le 28 juillet 1935. Des faits nouveaux ont permis de rouvrir le dossier. Ce procès a été confié au juge Bardoley, alors qu'il revenait de longues vacances, à la suite du décès de son épouse. L'affaire l'embarrasse un peu, car il fit autrefois partie de l'entourage social de l'accusée. Valentina Abbott était à l'époque l'épouse du docteur Pound, un médecin mondain. Séduisante jeune femme, Valentina contribuait à la notoriété de son mari. Dans leurs cercles, elle ne manquait pas d'admirateurs, dont Bardoley et son ami Leonard Coombs. Ce n'était pas le premier mariage de Valentina. Française d'origine, elle avait d'abord été mariée à Michael Arum. Après son second divorce, d'avec le docteur Pound, elle épousa un M.Abbott. Elle fit venir de France une vieille tante, Émilie Constant, afin qu'elle vive auprès d'elle. En juillet 1935, le couple Lecoq habitait dans un immeuble new-yorkais. Dans la nuit du 28, M.Lecoq fit une chute depuis leur appartement du sixième étage. On le retrouva mort, à peine identifiable. Cet homme n'était autre que Michael Arum, et la femme vivant avec lui, c'était Valentina. M.Abbott, son mari, la croyait en vacances à Atlantic Beach, en compagnie de Mme Constant. À vrai dire, le mari en titre de Valentina avait des doutes. Via son avocat, il avait fait engager des détectives pour être fixé. Le couple divorça peu après cette affaire, mais ne fut pas impliqué dans la mort brutale de Michael Arum. Dans le procès présidé par le juge Bardoley, tout paraît accuser Valentina. En particulier, la dispute ayant précédé la mort de Michael Arum. Elle affiche également un certain cynisme de mauvais aloi concernant son mariage avec le médecin. Sa “disparition” au moment de la mort d'Arum plaide contre elle, autant que sa désinvolture en répondant aux questions gênantes. Le juge se remémore les faits dont il a été témoin dix-sept ans plus tôt. Ce qui ne rend pas plus facile sa compréhension du dossier, ni de la vérité… John Stephen Strange était le pseudonyme de la romancière américaine Dorothy Stockbridge Tillet (1896-1983). Quelques-uns de ses romans furent publiés chez Le Masque : 65 place des Vosges (1957), Pas de crime parfait (1959), Revanche d'un policier (1959), Fanny écrivait trop (1963), Au bénéfice du doute (1963). “Let the Dead Past” (1953) fut publié en français sous le titre “L'Accusée” (Éditions Ditis Genève, 1954) puis réédité la même année dans la collection Détective-club, en 1957 dans la collection La Chouette et chez J'ai Lu Policier en 1965. La traduction fut assurée par Gabrielle-A Catelot et Georgina Arnao. Un roman policier largement diffusé, on le vérifie. Il est vrai que l'ambiance est très réussie : l'auteure entretient un doute permanent, et offre progressivement des éclairages divers sur l'affaire. Certes, la base pourrait manquer de réalisme, n'importe quel juge est dessaisi lorsqu'il connaît de près un accusé. Mais c'est vite gommé par la construction de l'intrigue, par son habile mécanisme. Un classique du polar à redécouvrir, sans nul doute. |