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GERARD STREIFF |
Ben Bella Et La Libération De L’algérieAux éditions OSKAR |
963Lectures depuisLe mercredi 21 Aout 2013
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Une lecture de |
De 12 à 112 ans.
Hamed Ben Bella, figure marquante de l’indépendance de l’Algérie aura passé plus de vingt ans de sa vie en prison. Gérard Streiff, en journaliste consciencieux, relate la vie de cet homme profondément épris de justice, de liberté et d’amour de son pays, quoique fils d’émigrants marocains. L’ouvrage débute sur une image insolite. Ahmed Ben Bella en footballeur. Carrière qu’il aurait pu continuer si la seconde guerre mondiale n’en avait pas décidé autrement. Grâce à Ben Bella, l’Olympique de Marseille gagne son match contre Antibes, match comptant pour le championnat de France et joué le 21 avril 1940. Ce sera le dernier match joué en championnat. Né à Marnia en 1918, un 25 décembre, Ben Bella est un enfant assez précoce et ses résultats scolaires encourageants puisqu’il obtient son certificat d’études à douze ans. Mais pour des raisons administratives son père falsifie sa date de naissance, le vieillissant de deux ans. Il part au service militaire en 1937. Déjà le jeune Ben Bella était un enfant révolté et dans l’école qu’il intègre à Tlemcen, pour passer le brevet, il se rebelle à quatorze ans contre son maitre qui, protestant rigoriste, se moque de l’Islam. Il échoue au brevet ce qui ne l’empêche pas de faire une prépa militaire et il est intégré en 1937 au 141e régiment d’infanterie alpine qui est basé à Marseille. Il passe sergent et ses espoirs de footballeur s’évanouissent fin avril 1940. La vraie guerre vient de commencer. Toujours l’esprit rebelle il n’accepte pas la discrimination qui règne dans le régiment. Alors il est muté dans un régiment de tirailleurs marocains, où il se sent plus à l’aise. De nombreuses péripéties émaillent ces années de guerre. De révolte contre certains supérieurs, de faits de guerre glorieux, notamment en Italie au Monte Cassino. Fin juin 1944 il est décoré de la médaille militaire, une distinction remise par le Général de Gaulle lui-même qui a fait le voyage. Mais le 8 mai 1945, jour de la signature de l’Armistice, des émeutes éclatent à Sétif et Constantine. Des dizaines d’Européens sont tués et la répression ne se fait pas attendre. En représailles ce seront des milliers de morts que déplorera l’Algérie. Ce carnage signe l’engagement politique de Ben Bella qui adhère au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) et malgré que les dés soient pipés, Ben Bella est élu en 1947 comme conseiller municipal de Marnia. Le MTLD tergiverse et certains, des jeunes principalement, trouvent que ce parti est trop mou. Une OS, Organisation Spéciale, est créée et Ben Bella est nommé à sa tête. Les fonds manquent et le meilleur moyen de s’en procurer est d’en prendre là où il y en a. Un hold-up est organisé contre la Poste d’Oran, et en mars 1950 Ben Bella est arrêté. Il écope de huit ans de prison mais il parvient à s’évader. Muni de faux papiers, il regagne Marseille puis Paris au début des années 50. En 1954 est créé le Comité révolutionnaire d’unité et d’action et Ben Bella est nommé à sa tête en compagnie de huit autres membres. En octobre 1954, le groupe qui a pris le nom de FLN, Front de libération nationale, réuni en Suisse, décide l’insurrection et le 1er novembre 1954, la guerre d’Algérie débute avec au départ peu d’armes. Ce soulèvement prendra des proportions que les plus anciens connaissent et ont parfois vécues. Ben Bella est véritablement la figure marquante de la libération de l’Algérie, de son indépendance, mais de loin, car emprisonné. On pourrait le comparer à Toussaint Louverture, figure historique des mouvements anticolonialistes et abolitionniste d’Haïti, œuvrant pour l’émancipation des Noirs. Si ce livre, écrit avec simplicité et clarté, sans parti pris, avec impartialité, par Gérard Streiff est destiné aux préadolescents, théoriquement, mais les adultes peuvent pour ne pas écrire doivent le lire car si tout un chacun connait le nom de Ben Bella, attaché à la signature des accords d’Evian, peu connaissent la carrière de l’homme, son engagement politique, ses convictions, les transformations envisagées et pour certaines réussies lors de son court mandat présidentiel. En complément à cet ouvrage, une chronologie : l’Algérie de la colonisation à l’indépendance ; une filmographie et un entretien avec l’auteur. Il est à noter que, et c’est signalé dans l’ouvrage, qu’Alexandre Dumas, en 1846 avait écrit une nouvelle, Arabes et Français, dans laquelle il dénonçait la colonisation, le premier texte anticolonialiste de la littérature française. De même, Boris Vian avait composé en 1954 pour la guerre d’Indochine la chanson Le déserteur et publiée dans le douloureux contexte de la guerre d’Algérie. Elle sera censurée jusqu’en 1962. Dans la même collection et sur la même thématique, Gérard Streiff a signé : La guerre d’Algérie ; Discours et textes officiels. Un complément indispensable pour se remémorer ou mieux connaître des événements qui ont marqué durablement les esprits, avec souvent des rancœurs de part et d’autre, toujours fermement ancrés dans les consciences. |
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