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SAN-ANTONIO |
Les Prédictions De NostrabérusAux éditions POCKETVisitez leur site |
824Lectures depuisLe jeudi 15 Aout 2013
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Une lecture de |
Séjour en Suède pour le célèbre San-Antonio. Il n'est en Scandinavie ni pour enquêter, ni pour faire du tourisme. Son œuvre vient d'être couronnée par le Prix Nobel de littérature. Il s'est donc courtoisement déplacé pour la cérémonie. Si San-Antonio n'est pas insensible aux charmes de la blonde Eggkarte Tequïst, c'est parce qu'elle a pris l'initiative. Un juré du Nobel l'a sollicité pour un cas criminel, qui ne l'intéresse guère. Pourtant, rejoint par son colossal adjoint Bérurier, San-Antonio est chargé par le Vieux en personne d'une enquête sur le même assassin. Sept ans plus tôt, le nommé Borg Borïgm dirigeait un institut sur les bords du lac Vättern. Il fut accusé du meurtre de deux pensionnaires adolescentes de l'établissement, qu'il aurait violées. Arrêté, il s'évada du palais de justice de Stockholm à l'issue de la première audience de son procès. On ignore où il a pu se cacher depuis. Tout juste sait-on que Borg Borïgm était un adepte d'astrologie, de spiritisme, d'occultisme. Eggkarte Tequïst leur servant d'interprète, San-Antonio et Bérurier vont interroger l'ex-épouse du coupable, laquelle s'adonne à une partouze motorisée. Bien qu'elle ne soit pas prude, Mme Cétesky (c'est son nom) considérait Borg Borïgm comme un détraqué sexuel, un ignoble pervers. Elle est convaincue qu'il se trouve toujours en Suède, car un sortilège empêcherait les gens de sa famille de quitter le pays. Quelques détails du faciès de Borg Borïgm peuvent aider à l'identifier. Puisqu'il est passionné d'occultisme, San-Antonio tente un piège. Béru devient le mage Nostrabérus, et donne des consultations gratuites à leur hôtel. Certes, son “don” est davantage basé sur l'observation que sur la voyance, comme chez tous ces prétendus devins. Pourtant, il a également quelques visions qui sont justes. Borg Borïgm a sûrement entendu parler de Nostrabérus, mais il tarde à se manifester. Un meurtre est commis en public, dans la file attendant de consulter le faux-mage. Caché dans le bordel d'en face, le tueur était déguisé alternativement en curé ou en vieille dame. Grâce à un ticket de parking, San-Antonio va bientôt découvrir une piste. Béru, Eggkarte Tequïst et lui se rendent dans la région de Milsabör. Ils ne tardent pas à trouver l'adresse d'un certain Frédérik Stönéchaarden, ce qui pourrait être l'identité sous laquelle vit Borg Borïgm. Ainsi qu'il lui a été demandé, San-Antonio prévient immédiatement le Vieux. Pour une fois, s'éloignant de son confortable bureau, son supérieur va participer activement à une mission. Entre-temps, San-Antonio et Béru découvrent deux cadavres au domicile de Frédérik Stönéchaarden. Le coupable semble toujours en fuite... Frédéric Dard a déjà écrit plus de quatre-vingt San-Antonio, quand il publie celui-ci. On sait qu'il ne se laissa jamais aller à la facilité, qu'il ne considéra pas cette série comme de la routine. C'est donc une trépidante aventure nordique qu'il présente, avec son lot de surprenantes péripéties et de gaudriole. Bien qu'il fréquente un coprophage, n'en soyons pas choqués : “Mon lecteur me pardonnera cette relation de notre visite [chez ce scatophage]. Elle peut paraître scabreuse à des êtres sensibles et délicats, mais je préfère céder à la vérité scrupuleuse qu'à la décence. Le monde est plein de cons qui se chargent d'être décents pour les autres parce qu'ils n'ont rien de mieux à foutre, qu'ils sont étroits de partout et principalement d'esprit […] Leur indignation m'est un réjouissement.” Humour toujours présent, et réflexions sur le langage. Vu par Bérurier : “Ta phrase, il dit. J'm'demande comment t'est-ce tu fais pour en bricoler des pareillement semblables. T'as pourtant pas une instruction espéciale. Moi qu'ai loupé mon certif d'un poil de cul, je peux pas fignoler du langage comme toi. [attention aux métaphores, car...] Tu perds l'idée directeuse à vouloir la renforcer par des sémaphores. Le langage, faut lui laisser sa structuration initiale, sinon il devient décadent et s'égaye comme un fleuve à l'estuaire sablonneux...” En outre, on remarque une part de misanthropie chez Frédéric Dard, quand il se lâche ainsi : “Par moment ça m'accable, l'horreur d'avoir toujours et sans cesse affaire à des hommes. Des hommes cons ou malins, de gauche, de droite, de peur, de courage, de merde […] Si harassants à fréquenter. Si minables. Ah oui, que j'en crève, chaque jour, chaque heure, d'une grande et louche honte héréditaire. Que je regrette mon passage sur cette terre de chiotte.” Affirmer que c'est un des meilleurs San-Antonio serait nettement exagéré. Les logorrhées délirantes de Béru sont, au final, quelque peu lassantes. Néanmoins, l'auteur maîtrisant son univers, ça reste une enquête san-antonienne plutôt plaisante à suivre. |
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