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KATE SEDLEY |
La Corde Au CouAux éditions 10/18Visitez leur site |
1232Lectures depuisLe lundi 29 Juillet 2013
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Une lecture de |
Si tu ne vas à Lagardère, Lagardère ira à toi, antienne bien connue. C’est un peu ce que fait Roger le colporteur, dans un but pacifique, puisque les ruraux ne pouvant se déplacer pour acquérir ou même découvrir les nouveautés en matière de bimbeloterie, il sillonne la campagne, transportant sur son dos moult objets. En cette fin d’année 1473, il arrive à Bristol, grelottant de fièvre malgré une robuste constitution, condition sine qua none pour parcourir par tous temps villes et villages. Il est recueilli par Margaret Walker, une veuve, et Lillis, sa fille. Il est soigné, nourri, choyé, plus qu’il n’aurait pu le penser puisque Lillis va jusque dans sa couche afin de lui réchauffer les membres. Lorsqu’il apprend que le père de Margaret est décédé peu de temps auparavant, traînant avec lui une sombre histoire mettant en cause le frère d’un riche bourgeois de la cité, il décide de mettre au service de la veuve ses facultés de déduction dont il a déjà fait profiter un édile de Bristol quelque temps auparavant. Ce qui d’ailleurs lui ouvre certaines portes, lesquelles resteraient en temps normal fermées à un manant tel que lui. Le père de Margaret, après avoir été tisserand, est devenu l’encaisseur des loyers de Edward Herepath, usant pour cela d’une autorité un peu trop abrupte. Un jour il disparaît. Son chapeau est retrouvé flottant sur les eaux de la rivière. Et bien entendu l’argent collecté a disparu. Immédiatement Robert, le jeune frère d’Edward, un malandrin dont la mauvaise réputation n’est pas usurpée, est soupçonné de s’être emparé de l’argent et d’avoir tué le vieil homme. S’il reconnaît le vol, Robert se défend d’avoir perpétré un assassinat. Il est toutefois pendu après avoir été jugé. L’affaire se tasse jusqu’au jour où le père de Margaret réapparaît, l’esprit nébuleux, affirmant avoir été enlevé par des marchands d’esclaves Irlandais. Il porte encore les traces de stigmates de coups, des traînées de sang ont été relevées dans la pièce, d’autres subsistent sur ses vêtements. L’opinion populaire, malgré ce retour impromptu, considère que Robert est bien le coupable présumé d’un forfait accompli, le vol d’argent, et d’un autre, la tentative d’assassinat. Au bout de quelques mois le sexagénaire décède de mort naturelle. Cependant pour certains la culpabilité de Robert est mise en doute. Encore faible, Roger, pour payer sa dette envers ses logeuses, va se mettre en quête d’une improbable vérité. C’est ainsi qu’il est confronté à une secte, ou plutôt à des hérésiarques, les lollards, disciples de John Wycliff, théoricien professant un anticléricalisme virulent et ancêtre spirituel de Luther et Calvin. Ce n’est pas parmi cette congrégation que Roger trouvera le meurtrier, c’eut été trop facile, mais elle lui apportera des éléments de réponse aux nombreuses questions qu’il se pose. Kate Sedley joue finement l’approche de l’anglicanisme sans le nommer, les rapports déjà tendus entre Anglais et Irlandais, et décrit avec une précision étonnante la vie quotidienne en Angleterre à la fin du XVème siècle sans que l’enquête, noyau du roman, soit occultée. Une plongée dans l’histoire qui met en exergue l’intégrisme, là encore sans le nommer, puisque le christianisme, le catholicisme plus exactement, était religion officielle et qu’il ne fallait surtout pas penser autrement que selon des règles édictées et inviolables. Roger, tout en étant croyant, se montre tolérant. Qualité extrêmement rare; malgré les bonnes volontés d’hier et d’aujourd’hui, car la démagogie veut que la tolérance soit prônée mais pas souvent respectée. Mais ceci est un autre débat. |