agent 6 de Tom rob SMITH


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TOM ROB SMITH

Agent 6


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Le vendredi 7 Juin 2013

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Tom rob SMITH




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Traduit par France Camus-Pichon

On voit la paille qui est dans l’œil du voisin mais pas la poutre qui est dans le sien.

C’est ce qu’aurait pu rétorquer Zoya à Mikhaïl Ivanov, l’un des accompagnateurs de la délégation russe composée d’étudiants, venue donner un concert pour la Paix et le rapprochement entre l’URSS et les USA. Alors qu’elle regarde dans sa chambre d’hôtel les programmes télévisés, des dessins animés, Ivanov, jeune agent de la propagande communiste émargeant au Service A, vitupère, lui affirmant que les émissions télévisées ne servent qu’à abrutir les citoyens. Ce n’est pas un simple divertissement, mais une arme essentielle pour se maintenir au pouvoir. On laisse les gens s’évader devant des programmes débiles pour les empêcher de se poser des questions gênantes. Oui, il oublie aussi qu’en URSS la propagande sévit. Sa mission a pour objectif de convaincre les Américains de la supériorité du communisme sur le capitalisme, d’attirer leur attention sur les inégalités inhérentes au système capitaliste et de promouvoir le communisme autrement que par la force ou l’intimidation. Et pour cela il va utiliser Elena, la jeune sœur de dix-sept ans de Zoya, pour convaincre un ancien chanteur noir américain de sortir de sa retraite.

Mais transportons-nous le 21 janvier 1950, à Moscou, place de la Loubianka, au siège de la MGB, ancêtre du KGB. Leo Demidov, vingt-sept ans, ancien militaire couvert de médailles, apprend à Grigori, l’un de ses élèves, à lire entre les lignes un journal intime, à rechercher les sous-entendus cachés, afin de démontrer que le scripteur voulait écrire autre chose que ce qu’il a noté. C’est ainsi qu’il repère des failles ou qu’il interprète à sa façon quelques lignes dans le journal intime d’une jeune femme qui est l’objet d’une enquête de routine. Puis alors que Grigori avait placé le dossier en bas d’une pile, il le place en évidence afin qu’il soit traité en priorité. Il ne sait pas trop pourquoi il agit ainsi, peut-être parce qu’il s’est rendu compté que Grigori était tombé amoureux de la suspecte. Mais une autre tâche l’attend. Il doit accompagner Jesse Austin, chanteur noir américain, acquis à la cause communiste, célèbre aux USA par ses prises de position et ses déclarations lors de ses concerts.

Austin doit aussi participer à un spectacle et tout doit être fait afin que tout se passe bien durant son séjour de deux jours. Un seul mot d’ordre : garantir l’attachement d’Austin aux idées du parti. Il l’emmène donc dans des endroits soigneusement choisis afin de lui montrer le bon côté du communisme et le conforter dans son opinion politique. Il est logé dans un appartement de luxe, mais Jesse Austin ne l’entend pas de cette oreille, et demande à résider comme les moscovites, dans un petit logement, tout simple. Ensuite, dédaignant les grandes épiceries qu’il doit visiter, il se rend dans des petites boutiques de quartiers, alors qu’une file de clients potentiels attendent d’être éventuellement servis. Leo Demidov encourage le gérant à servir tout le monde, ce qui ravit les chalands, mais une petite grand-mère qui est l’heureuse héritière d’une boite d’œufs la fait malencontreusement tomber. La boite ne contenait en réalité que des galets, impropres bien évidemment à la consommation.

Leo, interrogé par Austin, admet avoir une petite amie, ce qui est faux. Il prétend qu’elle se nomme Lena et est enseignante. Alors puisqu’ils doivent emmener Austin dans une école, il le conduit dans un établissement où il connait vaguement une instructrice. En réalité la jeune femme se nomme Raïssa et elle accepte de jouer le jeu.

Quinze ans plus tard, Leo et Raïssa sont mariés et ont deux filles, Elena et Zoya, deux sœurs qu’ils sont adoptés trois ans après leur union. Leo a démissionné de la police secrète et est devenu le directeur d’une usine. Le train de vie n’est plus aussi confortable mais il presque en harmonie avec lui-même. Parfois les réflexes remontent à la surface, et c’est ainsi qu’il découvre sous le matelas d’Elena un carnet intime dont il a juste le temps de lire les premières lignes. Raïssa doit faire partie de la délégation qui se rend à New-York pour une série de concerts où étudiants russes et américains participeront ensembles. Jim Yates, un agent bien noté du FBI, se rend chez Jesse Austin. Le vieux chanteur et sa femme vivent d’expédiant dans un quartier délabré de Harlem. Sa carrière a brutalement dégringolé à cause de ses opinions politiques. Le FBI a lancé des rumeurs, des insinuations sur la vie privée et sexuelle du chanteur, lui brisant sa carrière. Austin avait tenté de se remettre à flot mais les salles de concerts lui étaient interdites, ses disques retirés de la vente, et les rares patrons de clubs susceptibles de l’accueillir étaient menacés de fermeture définitive en cas d’accueil.

Jim Yates veut savoir si Austin a été contacté par des agents russes à propos du concert donné en faveur de la Paix. Yates sait pertinemment que ses services ont intercepté le courrier qui lui était destiné, mais il redoute que des agents du KGB aient pu lui faire parvenir par un autre moyen leur invitation. Malgré les dénégations d’Austin et de sa femme, Yates reste méfiant. Il reste en embuscade dans la rue. C’est alors qu’il aperçoit une jeune fille, qui n’est autre qu’Elena, mais celle entre dans l’immeuble par les arrières, aidée par un commerçant du quartier. Manipulée par Ivanov, elle persuade Austin que sa présence est indispensable sur les lieux du concert.

Ce qu’elle ne sait pas, c’est que de l’autre côté de la rue, dans une pièce dont la vue donne sur celle où sont Austin et Elena, un homme les prend en photo. La prise est bonne. L’adolescente pose sa main sur le bras du vieux chanteur, et en fond de décor figure un lit aux draps froissés. Toutes les interprétations sont possibles.

Le soir du concert, devant le siège des Nations Unies, Austen est présent et juché sur une caisse il commence à haranguer la foule. C’est alors qu’un coup de feu est tiré en provenance de la foule. Elena qui était non loin du chanteur est bousculée et elle se retrouve avec une arme à feu dans la poche de sa veste. Raïssa est accusée du meurtre mais elle ne pourra jamais se défendre car elle aussi est abattue.

Ensuite nous survolons les années, et nous retrouvons Leo Demidov en 1980, à Kaboul où il réside depuis sept ans comme conseiller soviétique spécialisé dans les services secrets auprès du régime communiste afghan. Il n’a pas revu ses filles depuis des années, n’a aucune nouvelle, et il se morfond, se droguant afin d’oublier Raïssa. Mais les images de sa femme sont trop ancrées dans son esprit pour pouvoir l’effacer de sa mémoire. Il décide alors de se rendre à New-York afin de soulager sa conscience, et surtout de retrouver l’agent 6, qui serait à l’origine de la mort par ricochet de sa femme.

Tom Rob Smith montre dans cet ouvrage copieux, trop copieux même car la seconde partie, principalement celle dévolue aux pérégrinations afghanes, ralentit le bon déroulement de l’intrigue, et ne lui apportant guère plus de suspense. L’intérêt réside dans la relation effectuée par l’auteur entre les agissements du KGB et du FBI qui démontrent des similitudes dans leur accomplissement de leur mission de propagande et de répression. Ces deux agences utilisent les rumeurs, les insinuations, les fausses informations, choisissant avec rigueur ce qu’il faut montrer et ce qu’il faut cacher. La manipulation, les photos truquées, les mensonges éhontés, la répression organisée au service de l’idéologie, les menaces à l’encontre des membres de la famille, tout est bon pour casser psychiquement un opposant au régime. Ou supposé tel.

Austin fait partie des idéalistes sincères aux paupières closes, refusant de regarder la réalité en face, et des victimes de la propagande organisée, véhiculée par des partisans pas forcément intègres. Même si au cours de son voyage à Moscou il désire se plonger au cœur de la ville afin de se faire sa propre opinion. Son engagement politique est porté par l’envie de combattre la ségrégation dont sont victimes ses frères de couleur mais le FBI ne rechigne devant aucune malveillance pour briser toute velléité. Au contraire tout est fait pour le discréditer. Et plus que sur les magouilles, les manigances, les mystifications, les faux-semblants, les manipulations du KGB, l’auteur s’en prend sur celles du FBI, l’agence toute puissante aux mœurs et agissements délétères. Un roman profond, qui ne sombre pas dans l’apologie ou l’idéologie américaine au contraire, et malgré quelques longueurs se révèle une véritable étude comportementale d’un système, qu’il soit russe ou américain, destiné à asservir des citoyens. Seul l’épilogue est un peu convenu sans véritablement impressionner le lecteur qui s’attend à une telle conclusion.

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