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SAN-ANTONIO |
Laissez Tomber La FilleAux éditions POCKETVisitez leur site |
874Lectures depuisLe samedi 11 Mai 2013
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Une lecture de |
Nous sommes à l'automne 1942. Le commissaire San-Antonio s'est mis en disponibilité, et vit tranquille auprès de sa brave femme de mère, Félicie. Un jour où il s'autorise une virée à Paris, lors d'une alerte dans le métro, il se fait flinguer par un inconnu. Il se réveille au bout de trois semaines, et va rester deux mois hospitalisé. Cette tentative de meurtre lui paraît inexplicable, vu qu'il ne se mêlait de rien en ces temps troublés. San-Antonio sort de l'hôpital peu avant Noël. Dès sa première soirée dehors, il a rendez-vous avec la belle infirmière qui s'est occupée de lui. Il s'agit de séduire la ravissante Gisèle Maudin, car il a trop le sens du devoir pour lui proposer le mariage. Au restaurant de la rue de l'Arcade où ils dînent, San-Antonio capte un curieux message en code morse. Plus tard dans la soirée, la mort du commissaire est annoncée à la radio. C'est forcément un sosie qui s'est fait descendre. Accompagné de Gisèle, il cause une drôle de surprise en se présentant à ses collègues policiers, chez la victime. Visiblement, le défunt utilisait peu cet appartement, où on ne trouve pas d'indices. San-Antonio élabore son plan pour identifier ce qu'il pense être un gang. C'est un nain qui vient au rendez-vous fixé, chez Gisèle. Agressif et armé, il réussit à fausser compagnie au commissaire convalescent, qui supporte encore mal les coups violents. Dès le lendemain, l'inspecteur principal Guillaume apprend à San-Antonio que Gisèle a été enlevée, bien qu'il lui ait conseillé d'être prudente. Mieux vaut que le commissaire mène une enquête officieuse. Il s'installe discrètement dans l'appartement de son sosie, un certain Manuel. L'homme qui se pointe n'est autre que son tueur du métro. Il prétend appartenir à une ancienne bande, les Kangourous, censée ne plus exister. Quant à savoir ce qu'ils traficotent avec des ampoules électriques, San-Antonio ne comprend pas vraiment. Le quartier général de ce gang se situe dans une propriété du Vésinet. Lorsque le commissaire y pénètre, la bande est en train de fêter Noël. San-Antonio ne tarde pas à délivrer Gisèle, leur prisonnière. Le nommé Fred dit être le chef de ces truands. Jouant l'astucieux pour obtenir des infos, le policier réalise être en possession de l'invention allemande BZ22. Quand la Gestapo cerne la propriété, San-Antonio et Gisèle parviennent à s'enfuir. Si le commissaire s'échappe en sautant dans la Seine, il sera bientôt confronté aux nazis Karl et Greta, qui lui laissent peu de chances de passer à Londres avec le BZ22. À moins que le destin ou la chance ne donnent un coup de pouce à l'intrépide policier...
Frédéric Dard créa le personnage du commissaire San-Antonio en 1949. C'est aux éditions Jacquier, à Lyon, que fut publié cette année-là “Réglez-lui son compte”. Le premier San-Antonio dans la collection Spécial-Police des éditions Fleuve Noir parut en décembre 1950. Il s'agissait de “Laissez tomber la fille”. Peu d'éléments sont déjà en place dans l'univers de San-Antonio. Mis à part sa mère Félicie, pas de héros secondaires tels que le seront plus tard Le Vieux, Pinaud, ou Bérurier (encore qu'apparaisse un flic costaud aux airs de mammouth). C'est un pur roman d'aventures, où s'enchaînent les rebondissements et les surprises. Personnage courageux et supposé déjà expérimenté, San-Antonio fait face aux situations les plus agitées et dangereuses. On ne risque pas de s'ennuyer à le suivre. La tonalité langagière n'est pas aussi exubérante que par la suite. Néanmoins, l'écriture montre déjà une très belle vivacité, en témoigne cet extrait : “Jusqu'ici, je suis assez content. Mon grand pif, je le crois fermement, a reniflé une piste. Voyez-vous, bande de pègreleux, le raisonnement est une belle chose pour un flic […] Qu'est-ce que vous feriez à ma place ? Vous braqueriez votre soufflant dans la direction du copain, et vous appuieriez sur la gâchette jusqu'à ce que votre magasin de quincaillerie soit vide. Bien sûr, ce serait le parti le plus sage, mais je ne peux plus me permettre d'être prudent. Si cette crapule est venue dans l'appartement, c'est qu'elle a l'espoir d'y prendre quelque chose. Vraisemblablement, ce que Manuel y avait caché. Mon plan est donc de lui laisser trouver ce quelque chose. Mais, allez vous m'objecter, rouscailleurs comme je vous connais, mais si vous n'avez rien trouvé, vous, pourquoi serait-il plus chanceux ? Eh ben, mes kikis, vous en tenez une couche à ce point épaisse, que si un autobus vous rentrait dedans, il ne vous ferait pas mal...” Cette quasi-première aventure de San-Antonio s'avérait déjà très réussie. On sait que, dès les années suivantes, les enquêtes de ce héros connaîtront un énorme succès mérité.
Comme à l’accoutumée, l’auteur construit l’intrigue de cet opus autour d’un MacGuffin abracadabrantesque, simple prétexte improbable qui lui permet de laisser libre cours à sa verve aussi imaginative qu’inventive, mais si une certaine retenue accompagne les passages doux, même si des personnages aussi hauts en couleur que Bérurier et Pinaud ne sont pas encore présents. « — Alors bonjour, petite demoiselle. J'étais en train de me dire que l'aube est un truc épatant, mais vous m'apportez la preuve qu'il y a mieux qu'un lever de soleil. Je me sens furieusement ballot. Mais le plus grand cul-d'ail de la création ne se fera jamais traiter de chancre mou par une déesse lorsqu'il lui débitera des balivernes de ce genre. — Flatteur ! Je la regarde d'une façon appuyée. Ses yeux ne se mettent pas sur une voie de garage, alors, je m'offre une tranche de culot grande comme ça ! — Mademoiselle, figurez-vous que ma maman vient toujours m'embrasser au lit le matin de Noël. Ça vous choquerait de la remplacer au pied levé ? Encore un truc de choix pour amadouer les colombes : le coup du sentimental qui larmoie en parlant de sa vioque ! Elle hésite puis s'approche de mon page. Elle se penche et j'en profite pour glisser un regard de sympathie à ses roberts. Un regard amical qui signifie à bientôt ! Je sens ses lèvres se poser sur ma joue. Ça me fait plus d'effet qu'un cataplasme de farine de lin. Je la saisis par le cou et je lui paie ma tournée. Après un bécot comme ça, elle peut aller sur la terrasse faire des mouvements respiratoires » Ce « Laissez tomber la fille » édité au 4e trimestre 1950 est le premier opus signé San-Antonio paru dans la collection Spécial Police (éditions Fleuve Noir), pour autant ne marque pas la naissance du personnage puisque en juillet 1949 était paru aux éditions Jacquier « Réglez-lui son compte ! ». |
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