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TREVOR SHANE |
Enfants De La ParanoïaAux éditions MICHEL LAFONVisitez leur site |
1254Lectures depuisLe vendredi 28 Avril 2012
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Une lecture de |
Comme son ami d’enfance Jared ou leur collègue Michael, Joseph fut conditionné dès l’adolescence pour devenir un soldat du Bien. Depuis des siècles, la Guerre n’a jamais cessé contre ceux qui combattent au nom du Mal. Il faut supprimer partout ceux qui ont déjà tué, et les potentiellement dangereux. Sans tuer les innocents, ni les ennemis de moins de dix-huit ans, telles sont les règles. Toute la population non concernée par cette guerre doit ignorer son existence perpétuelle. Bien qu’ayant à peine vingt-cinq ans, Joseph et ses amis sont des agents endurcis qui ont mené plusieurs missions meurtrières. La dernière en date s’est passée à Brooklyn, avant que le trio prenne quelques jours de vacances ensemble. Joseph doute quelquefois de faire partie des “sauveurs du monde”, s’interrogeant sur le mythe fondateur justifiant l’organisation dont il dépend. Leur repos sur la côte du New Jersey est de courte durée. Le trio se sent bientôt cerné par un groupe d’ennemis. C’est le mari de la victime de Brooklyn qui, avec ses sbires, s’attaque à eux. Joseph s’en tire par ses propres moyens, mais aussi grâce à l’intervention de Michael, qui est blessé et hospitalisé. Il reprend contact avec son agent traitant Matt, qui se prénomme réellement Brian. Celui-ci envoie Joseph en mission à Montréal. De la propriété de la cible à l’université McGill, en passant par un club de strip-tease, les repérages de Joseph vont bon train. Il fait par hasard la connaissance de la jeune Maria lors de ce passage au Québec. Joe et elle deviennent vite amants. Lorsqu’il est temps de passer à l’action, le soldat du Bien s’introduit clandestinement chez sa cible. Mais il va commettre une erreur sur la victime. Ayant pu sauver l’innocent qu’il avait blessé, Joe s’empresse de quitter Montréal pour se faire oublier dans le Vermont. Sa hiérarchie semble maintenant se méfier de Joseph. Il réalise n’être qu’un pion dans l’organisation du Bien. On l’envoie quand même en mission, en Floride. Le cas n’est pas si simple à traiter. Joseph est logé chez le vieux Dan, sympathique vétéran du combat contre le Mal. Or, la cible n’est autre que le meilleur ami de Dan, qui n’a pas d’autres proches. Joseph parvient à surmonter ces complications, avant d’être affecté à des missions de moindre importance. Il retrouve finalement son copain Jared, monté au grade de “fixeur”, sorte d’ange gardien des agents en mission. La mission interrompue à Montréal est attribuée de nouveau à Joseph. Il renoue immédiatement avec Maria. Toutefois, l’affectif n’est pas compatible avec la fonction d’un tueur, qui se doit de respecter toutes les règles. Qu’ils fuient ou affrontent l’adversaire, peu d’avenir pour ce couple… Le premier atout très favorable de ce palpitant roman d’action, c’est de renouveler quelque peu l’idée de “l’ennemi”. Nul ne combat ici au nom de notions politiques, raciales, patriotiques ou religieuses. La propagande est simplifiée au maximum : les jeunes tueurs sont endoctrinés dans la haine de fantomatiques partisans du Mal. Légitimes exécuteurs qui n’ont donc plus à se poser de questions, puisque agissant au nom du Bien. Même état d’esprit que pour les armées américaines imposant leur suprématie dans le monde, sans doute. Sauf que c’est une guerre plus larvée encore qu’imagine l’auteur. Or, quand deux camps s’attaquent d’une telle façon, ça engendre un climat paranoïaque. La moindre confiance a disparu, “l’ennemi” étant n’importe qui autour de soi. Le sort d’un individu ne compte pas, surtout quand une prise de conscience l’affaiblit aux yeux de ses supérieurs. Victime de son conditionnement, Joseph est un héros qui gagne en humanité quand il admet que la vie ne se résume pas à ce combat qu’on attend de lui. Voilà un très bon suspense, mouvementé et sombre. Passionnant à suivre jusqu’au bout, l’épilogue nous apportant encore des éléments cruciaux sur l’histoire. |