|
![]() |
RACHID SANTAKI |
Les Anges S’habillent En CailleraAux éditions POINTSVisitez leur site |
1707Lectures depuisLe vendredi 28 Avril 2012
|
![]() |
Une lecture de |
![]() |
Ilyès est un jeune de Seine-Saint-Denis, dont la carrière de délinquant s’étale ici de 1998 à 2008. Le Marseillais, tel est son surnom. Richard Santaki s’est inspiré d’un personnage bien réel pour imaginer une fiction. S’il s’est bien documenté, on devine aisément que l’auteur n’a pas eu à chercher loin les anecdotes servant le récit. Quelques extraits de presse authentiques insérés dans ce roman confirment la véracité des faits. Repoussant les limites depuis ses premiers méfaits d’ado, Ilyès considère le vol comme un métier. Artisan spécialisé dans l’agression à la carte bancaire, en quelque sorte. Car, même s’il a eu plusieurs complices plus ou moins violents depuis ses débuts, Ilyès est son propre patron. Le fric qu’il amasse, c’est pour lui et, accessoirement, pour sa famille. (“Je retournai au travail le lendemain. Seul le crime paie, et en milliers d’Euros.”) Outre son cousin Sofiane, Ilyès a beaucoup d’amis, d’autant que sa réputation est excellente dans les quartiers dont il est originaire. Il a bénéficié des réseaux de l’Ancien pour élargir son bizness, y compris en faisant appel aux Serbes. Khaled, plus mûr, a cherché à le décourager. Ilyès ne sait que penser du singulier Yazid. Et puis les flics de Saint-Denis l’ont dans le collimateur. Les ripoux Stéphane et Michael cultivent, eux, leurs combines persos. Ils ont largement franchi les frontières de la connivence avec les délinquants. Plusieurs potes d’Ilyès tombent dans les griffes de la Justice. Tel Bruno, dit Zulu Boy, expert dans les attaques de dabistes. Ce n’est ni le sort de ses amis, ni son mariage avec Khadija qui peuvent calmer les activités d’Ilyès. Sortant plutôt sur Paris, il s’est fait un nouveau pote, Hervé. Entre trahison et vendetta, fric à foison et jalousies, boxe et mauvais coups, l’univers compliqué d’Ilyès risque bien de le mener jusqu’au crime… Il y a bien longtemps que, même chez les plus tolérants, personne ne fait plus preuve d’angélisme face à la délinquance et à la criminalité. D’autant qu’il existe une volonté de provocation envers le reste de la population, chez beaucoup de ces malfaiteurs. Il ne s’agit plus de marginalisation. Il est trop facile d’affirmer que les seules racines du mal, c’est l’argent. Détenir un pouvoir en défiant la société, voilà leur but. Réprimer les coupables, tel est le rôle de la police et de la Justice. Pourtant, que savons-nous vraiment d’eux ? Leurs méfaits, nous les constatons. Leurs parcours de délinquants, nous l’imaginons plutôt que nous ne le connaissons. Grâce à cette semi-fiction, Rachid Santaki témoigne de cet aspect souterrain, de leur quotidien aventureux. Ne voyons pas ici d’apologie, ni d’héroïsme. Car, même audacieux ou doués, ces malfaiteurs maîtrisent assez mal leur petit monde, finalement. Ils jouent les cadors, mais très vite ne savent plus sur qui compter et sont rattrapés par la prison. En cela, ils ressemblent au banditisme d’autrefois. D’ailleurs, par le passé, existait déjà un langage codé fort semblable au leur. Mêlant verlan actuel et formules en arabe, leur argot n’en est pas si éloigné. Si Rachid Santaki en abuse au début, c’est pour montrer l’importance qu’ils y attachent. Une histoire riche en noires péripéties, et un regard pertinent sur l’ambiance violente de la délinquance de notre époque. |
Autres titres de |