|
|
GEORGES SIM |
Train De NuitAux éditions JULLIARDVisitez leur site |
2281Lectures depuisLe dimanche 26 Fevrier 2012
|
Une lecture de |
Collection Maigret avant Maigret. Editions Julliard. Mai 1991. 192 pages. Une large silhouette se profila au bout du couloir. Marthe reconnut le commissaire qui s’inquiétait d’elle(s) pendant la nuit… C’était Maigret, un homme calme, au parler rude, aux manières volontiers brutales. Maigret, le fameux commissaire qui de 1931 à 1972 connaitra la carrière que l’on sait, Maigret au travers de quelques romans est ébauché à grands coups de crayons par un Simenon à la machine à écrire intarissable. A peine une silhouette et pourtant l’on sent déjà l’homme bourru, obstiné, humain, qui traquera sans pitié le criminel impénitent mais saura se montrer magnanime envers le meurtrier d’occasion. Georges Simenon, qui signait alors ses ouvrages Christian Brulls ou Georges Sim ou autres pseudonymes, petit à petit construit son œuvre, comme cherchant sa voie. Et dans Train de nuit le lecteur peut se rendre compte que s’il ne tient pas tout à fait entre les mains un roman policier, ce n’est plus le roman d’aventures auquel il était habitué en lisant Dolorosa, Les pirates du Texas, Chair de beauté… Train de nuit, c’est un peu l’amalgame des Maigret et des romans à prétention littéraire. Le commissaire n’est là que comme figurant, le personnage principal étant Jean, le marin et fils de marin normand qui effectue son service militaire, sur un navire basé à Marseille. Train de nuit est un roman noir avant la lettre. Jean qui se trouve entrainé dans l’engrenage pour les beaux yeux d’une femme mystérieuse. Rita joue de ses charmes, elle en a l’habitude, mais elle sent naître en elle un sentiment de commisération, d’amour maternel et charnel à la fois. Dans le train qui le ramène à Marseille après une courte permission passée à Yport, près de Fécamp, Jean remarquera une dame en noir. Un phantasme qui deviendra réalité lorsque celle-ci l’aborde, lui confie un portefeuille à remettre à une certaine adresse, près du Vieux Port. A la gare Saint-Charles, Jean est fouillé, sans résultat, et apprend qu’un drame a eu lieu dans le rapide Paris-Marseille. Le début du trouble, de la confusion, s’instaurent dans l’esprit de Jean. Il s’affole et au lieu de rejoindre son bâtiment, s’enfonce dans la ville, dans le désordre, le stupre et une certaine forme d’avilissement dans laquelle il se complait. Rita le recueille, l’héberge, l’aime. Rita et Jean vont servir de tampon entre le Balafré et la police. L’on retrouve dans cette histoire bon nombre des échos, des situations, dans lesquels aimaient se plonger les personnages de Simenon. Une atmosphère dénuée de sérénité, le ballotement de ces hommes et femmes au gré d’un destin qu’ils ne peuvent contrôler, ces petits riens qui parsèment son parcours, son œuvre étant comme autant de répétitions de situation. Jean était encore couché. Il devait avoir pris froid au cours de la promenade de la veille au soir, car il se sentait moite de fièvre. Tout « l’univers Simenon » se retrouve dans ces quelques mots avant que Simenon existe officiellement littérairement parlant. |