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ROLAND SADAUNE |
Deauville Entre Les PlanchesAux éditions RAVET-ANCEAU POLARS EN REGION |
2958Lectures depuisLe vendredi 15 Juillet 2011
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Une lecture de |
À Deauville, le Festival du Cinéma américain approche. Certaines stars actuelles, telle Angie Vienna, commencent à arriver un peu en avance. Une agression est commise sur les célèbres planches de la plage, près de la cabine dédiée à Robert Mitchum. Dans le coma, l’inconnu va bientôt décéder. Eddie Maxens est un policier en disponibilité, suite à un grave incident ayant laissé des séquelles. Ce passionné de cinéma, fin connaisseur des stars et des films mythiques, ne peut s’empêcher d’aller rôder sur le lieu du crime. Si sa jeune collègue Natacha Brami n’a pu lui livrer aucun renseignements, Maxens déniche un mince indice. Bien que non mandaté, il contacte le légiste local. “Un coup à abattre un bœuf asséné au niveau du lobe pariétal, défonçant la boite crânienne” confirme le médecin, qui lui conseille aussi de ne pas jouer au vengeur masqué. Grâce à un tatoueur dont la victime fut le client, Maxens est le premier capable d’identifier le nommé James Mac Cool, un SDF. Mulot, clodo ami de la victime, a assisté à l’agression. Il esquisse un vague portrait de la brute en question. La piste d’un groupe de supporters de foot peut conduire Maxens vers l’assassin. Il repère encore un curieux manège entre plusieurs véhicules, rue Rip. Un Ford Transit volé est remplacé par une Mercedes (volée aussi) sur une place de stationnement à un emplacement peut-être stratégique. Pendant ce temps, dans une chaumière de Tourville-en-Auge, Manuel Bordas et ses complices préparent une opération mystérieuse. Tous appartiennent de loin au monde du cinéma, comme Mina Break, ex-star de films X. Si Manu a engagé Mina, c’est parce qu’elle est le sosie quasiment parfait de la comédienne Angie Vienna. Tandis que la vraie actrice est séquestrée par le gang, Mina se substitue à elle. À l’hôtel, elle fait illusion. Toutefois, elle doit répondre à l’interview de France3. Lauren, la fille de Maxens, est une admiratrice d’Angie. Elle remarque plusieurs erreurs lors de cette prestation télévisée. Ce que son père ferait bien de noter. Il préfère effectuer une surveillance nocturne de la Mercedes suspecte. Maxens est repéré par le capitaine René Moscovicchi, patron de la Criminelle à Deauville. Un vieil antagonisme subsiste entre eux. Ce meurtre peu avant le début du Festival mettant la pression sur les autorités, Mosco est énervé. Si Maxens et lui devinent que se prépare un mauvais coup, ils ne voient pas de quoi il s’agit. Au moins Maxens peut-il tenter de retrouver le nommé Raphaël Kyste, l’assassin de Mac Cool. Le meurtre d’un acteur américain sexagénaire, Peter Fleet, va embrouiller l’affaire encore davantage… Il existe de vrais points communs entre l’auteur et son héros. En effet, Roland Sadaune est un passionné de cinéma, des grands classiques de toutes époques, et en particulier des films noirs américains. Le Festival de Deauville était donc un décor idéal pour une telle affaire. Tous les romans de Sadaune se caractérisent par une tonalité nerveuse et par une intrigue sinueuse. Chaque indice se mérite dans ce genre d’enquête au climat tendu. Personnage tourmenté, Eddie Maxens est le prototype du héros solitaire, guidé par l’obsession de la vérité. S’il avance seul, il bénéficiera quand même de l’aide de la police officielle pour éclaircir finalement les faits. Du côté des malfaiteurs, il y a aussi beaucoup d’agitation, promesse de multiples péripéties. Un noir polar dans la meilleure tradition !
A Deauville, l’effervescence règne. Dans quelques jours le Festival du Cinéma américain va débuter et les forces de l’ordre sont sur les dents. Les touristes et quelques stars commencent à investir la ville. Parmi ceux-ci quelques branquignols dirigés par Bordas qui a décidé de réaliser un grand coup. La fine équipe est composée de Manuel Bordas, dont les parents sont les propriétaires d’une chaumière située non loin de la cité balnéaire. Il n’a pas réussi à percer comme acteur sous le nom de Jerry Lamas. Avec lui Raphaël Kyste, projectionniste sur la touche à cause d’un mélange de bobines ; Bernard Darus, un ex-perchman ayant œuvré principalement dans des films classés X ; et Mina Breaks, l’ex-reine du porno, dont la ressemblance avec Angie Vienna, une starlette américaine qui s’est surtout illustrée dans des films fantastiques et qui est invitée à Deauville à cause de sa prestation aux côtés de Nicole Kidman pour un film grand public. Bordas organise le rapt d’Angie et Mina doit remplacer la jeune vedette américaine. Eddie entame ses recherches sur les lieux du crime, car à l’évidence c’est est un. L’homme retrouvé dans le coma n’a pas survécu à ses blessures. Eddie découvre coincé dans la rainure entre deux planches une épinglette, un pin’s porté par des supporters du PFO, Paris Football Olympique. Une piste intéressante d’autant que ce club de supporters ne compte qu’une cinquantaine de membres. Grâce à Mulot, un SDF qui traîne toujours dans le quartier afin de glaner quelque argent pouvant l’approvisionner en liquide, Eddie peut reconstituer les événements. Un homme conduisant une fourgonnette blanche a déposé le corps puis est reparti comme si de rien n’était. Il parvient à dresser une description relativement précise du conducteur et Natacha obtient auprès de collègues des photos des membres du club de supporters et leur identité. Célébrité naissante oblige, Angie Vienna, incarnée par Mina, doit satisfaire aux obligations médiatiques. Angie Vienna connait parfaitement le français, ce qui n’est pas le cas inverse de Mina. Seulement cette ex-star du porno n’a pas sa langue dans sa poche et parfois elle tient des propos qui ne devraient pas être énoncés par la future star d’Outre-Atlantique. Cela étonne bien quelques personnes, dont Eddie, mais bon, les frasques des vedettes de cinéma, leurs déclarations sont tellement diverses que souvent elles sont rapidement oubliées. Eddie va bientôt se retrouver sur les basques de nos Pieds-Nickelés. Un second meurtre est perpétré et le capitaine Moscovicchi n’apprécie pas du tout l’immixtion de Maxens dans son enquête. Mais il ne s’agit pas simplement d’une banale histoire d’enlèvement comme le lecteur pourrait le croire au départ de l’intrigue. Roland Sadaune ruse et se montre assez pervers pour dérouter et construire habilement des épisodes qui s’enchaînent comme autant de scènes cinématographiques. Car Roland Sadaune est un cinéphile, peut-être nostalgique de l’âge d’or hollywoodien, et il ne faut donc pas s’étonner que le décor de son nouveau roman soit implanté à Deauville et ses environs. Eddie Maxens est un personnage sympathique, malgré ses problèmes de couple. Il est vrai qu’il délaisse trop souvent sa femme et ses enfants pour aller vaquer à des occupations jugées puériles. Mais pour lui cette charge d’enquêteur qu’il s’est octroyé sans demander l’avis de qui que ce soit, lui permet de se reconstruire. La balafre qui le picote en permanence se révèle comme un fardeau indélébile, et certains ne manquent pas de lui faire remarquer cette cicatrice comme une infamie. Mais un ex-policier qui aime le jazz et le blues ne peut être franchement mauvais. D’ailleurs il est dommage que ce petit plaisir évoqué au début du récit soit abandonné en cours de route. Et, artiste-peintre de talent, Roland Sadaune ne pouvait pas s’empêcher de faire un petit clin d’œil à cet art pictural. Mais je n’en dis pas plus. |
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