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KARIN SLAUGHTER |
IrreparableAux éditions GRASSETVisitez leur site |
3078Lectures depuisLe vendredi 8 Avril 2011
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Une lecture de |
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La littérature américaine propose trop souvent à mon goût des produits à la Harlan Coben. Ce que d’aucuns pourront considérer comme un indice de qualité, je sais. Et je leur pardonne dans mon immense magnanimité. Des livres qui trop souvent me laissent un goût de regret : tout ça pour ça ? Suspens millimétré, rythme, intrigue super bien ficelée et tout… et même des héros auxquels s’identifier. Et rien. Pouf ! J’oublie le tout à peine la dernière page tournée. Il faut des Lehan, des Jame Lee Burke, des Westlake pour évacuer ce goût de poulet de batterie et passer au bio. Du goûteux, du savoureux, du relevé, où l’épice sait ne pas étouffer le plat principal. C’est donc une bonne surprise que cet « Irréparable » qui commence en fanfare.Une bourgeoise, upper class, csp ++ dirait-on chez nous, s’engueule téléphoniquement avec son mari tout en rentrant chez elle. Beau quartier, baraque immense. Mais le carreau de la porte d’entrée a été brisé. Effraction. Très américain, le mari hurle : sa femme doit sortir immédiatement, il appelle la police sur une autre ligne. Une trace de sang en bas des escaliers va pourtant conduire la femme à en monter les degrés, à découvrir une pauvre forme inerte au fond du couloir, et pire, un type couvert de sang, un couteau à la main, encore penché sur ce qui a été la fille de la famille. Comment la bataille va s’engager et la mère de famille, contre toute attente, tuer l’assassin, comment elle va se retrouver dans l’impossible position de meurtrière, comment sa fille finalement n’est pas celle qu’elle pensait…Dès les premières vingt pages, on déguste de beaux retournements qui en présagent bien d’autres dans une enquête qui va de chausse trappes en hésitation, menée par un stupéfiant flic dyslexique, materné par une supérieure sadique. Les personnages sont attachants, le rythme est soutenu, l’épaisseur psychologique des protagonistes très crédible. On avance avec plaisir dans l’intrigue, qui si elle n’est pas portée par un souffle épique absolument extraordinaire, présente tout de même pas mal d’originalité. Les retrouvailles du père de la victime et du flic, issus du même orphelinat, dont les destins ont continué à s’écarter dès leur majorité, ne sont pas simples. Entre eux deux, dure une haine qui parait éternelle. « Poubelle » gentil surnom donné au second par le premier, aujourd’hui couvert de fric. Quant à la femme du flic, épouse à temps partiel, elle a dû se faire tout ce que la police de la ville compte de mecs et déteste le ridicule chihuahua, seul objet de tendresse avouée du mari. Et, cerise sur le gâteau, l’enquêtrice qu’on adjoint de force au dyslexique : mère de famille à quatorze ans, travaillée, la trentaine arrivée, par le réveil de ses hormones. Ce roman-là ne déclenchera pas de passions révolutionnaires, ne changera pas la surface du monde, ne dénoncera rien d’autre que la tristesse de la condition humaine, insistant sur la solitude de chacun dans sa propre peau. Sans autre ambition que de nous faire passer un bon moment, de nous chahuter les méninges subtilement. Ma foi, objectif atteint. |
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