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ROLAND SADAUNE |
Alphaville 9-5. Route 66Aux éditions VAL D'OISE EDITIONSVisitez leur site |
2484Lectures depuisLe jeudi 21 Octobre 2010
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Une lecture de |
Visiblement Roland Sadaune s’est amusé en écrivant ce roman un peu hors normes, mais il s’est imposé également un challenge : transposer son Val d’Oise et ses protagonistes aux Etats-Unis. Ce qui donne un mélange savoureux d’expressions américaines, de personnages issus du western, avec un décor de banlieue coincé entre urbanisme et ruralité. Le tout truffé de petits clins d’œil à la littérature et au cinéma d’outre atlantique. Le capitaine Milos Seven du bureau Investigations d’Alphaville n’en croit pas ses yeux. La vague de meurtres qui entachent une partie du Vexin territory le ramène à une vieille affaire qui continue à le cauchemarder. Comme si le Zombie Nigth était de retour des flammes de l’enfer. Et d’ailleurs Seven en porte toujours des cicatrices qui l’obligent à s’affubler en permanence de lunettes lui cachant les yeux. Cameron Jaffes, un écrivain local de polars régionalistes est retrouvé dans une décharge, nu, propre sur lui, le regard vide. Normal, l’homme a été énucléé. Mais une deuxième (c’est bien une deuxième, car la liste n’est pas close !) victime, Angela Greer, est retrouvée dans les mêmes conditions, sous le pont d’Argenteuil. Entre enquête et ressassements de souvenirs qui lui engendrent des moments de déprime, Seven joue au cow-boy solitaire, hargneux, ténébreux, façon Clint Eastwood dopé à l’ecstasy. D’ailleurs il n’apprécie guère sa hiérarchie, dont Shark surnommé le requin, ses collègues comme Duncan, alias The Titanic car toutes les affaires qui lui passent entre les mains coulent, et quelques autres. Seul Travis, son coéquipier trouve grâce à ses yeux, et encore. Il lui faudra souffrir et posséder beaucoup d’abnégation pour mener à bien cette enquête qui le traumatise. Et la réception d’un DVD expédié par Nameless montrant Angela, la deuxième victime, vivante, attachée et torturée dans un lieu clos, ne lui remonte pas le moral. Le tueur lui ne perd pas de temps en tergiversations et un troisième écrivain, Ray Flint, est lui aussi soustrait à la vue et à la vindicte de Nameless. Au-delà de l’histoire, on retiendra surtout deux points sur lesquels Roland Sadaune construit sa trame. D’abord, l’emploi de mots américains qui parsèment l’ouvrage l’est fait sciemment. Car je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais la publicité écrite ou télévisuelle est pratiquement dédiée à ce vocabulaire, même lorsqu’il s’agit de promouvoir des produits français. Sans parler des boutiques qui nous entraînent, via leurs enseignes, au plus profond des états américains, restauration ou autres. Je ne parle pas des protagonistes qui portent tous un nom anglo-saxon, souvent en référence à des auteurs ayant fait le bonheur de lecture de milliers d’amateurs de romans policiers et noirs, ou à des acteurs, puisque je l’ai déjà évoqué en préambule. Ensuite, petit coups de griffes à ces éditeurs provinciaux, qui partant d’un bon principe éditent les poulains du cru, mais qui choisissent soigneusement les titres romans publiés avec des sources plus ou moins locales en forme de jeux de mots, histoire d’appâter le chaland touriste ou autochtone. Genre A chats perchés au Perchay, On a volé la comtoise de Pontoise. Régionalisme oblige. Cela me ramène quelques décennies en arrière, avec des titres signé Jean Bruce, Tactique arctique, Gâchis à Karachi, Du lest à l’Est, Cinq gars pour Singapour, Cache-cache au Cachemire, Agonie en Patagonie… A lire avec un œil amusé, malgré la noirceur de l’histoire et ce problème d’énucléation. |
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