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LUIS SEPULVEDA |
La Folie De PinochetAux éditions METAILIEVisitez leur site |
1571Lectures depuisLe mardi 4 Novembre 2003
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Une lecture de |
Le 11 septembre 1973, le général Pinochet prit le pouvoir au Chili avec l’aide active de la CIA. Le président de la République, démocratiquement élu, Salvador Allende mourut les armes à la main lors du bombardement aérien que menèrent les putschistes contre le palais de la Moneda En 1988, battu électoralement lors d’un plébiscite que la droite chilienne ne s’imaginait pas perdre tant elle pensait avoir dompté, par la terreur, la société, Pinochet dut organiser son retrait de la « présidence » Durant les quinze ans qui séparent ces deux dates, les forces armées firent régner sur la société chilienne, au nom d’un modèle économique, le modèle libéral, un ordre terroriste et sanguinaire qui se traduisit par des milliers de morts, disparus et exilés. Luis Sepulveda, - il avait « rêvé qu’il était possible de vivre debout » - fut l’un de ceux qui réussirent à quitter le pays. Le 16 octobre 1998, à la demande du juge espagnol Baltazar Garzon, la police anglaise arrêta le général Pinochet, grand ami de madame Thatcher, alors qu’il se reposait dans une clinique. Luis Sepulveda, replié sur « la barricade de l’écriture », ne pouvait que reprendre les armes des mots. Entre 1998 et 2000 il publie dans différents journaux : Le Monde, El Pais, La Republica, le Taz, une multitude de chroniques toutes dirigées contre le vieux sénateur à vie, ses amis et anciens complices. Il écrit « parce qu’il a une mémoire et qu’il la cultive »et que « l’expression majeure de la complicité avec l’abjection, c’est l’Omerta, le silence calculé des usuriers de la politique ». Il écrit parce qu’il existe deux Chili « celui des vainqueurs qui ont tiré bénéfice d’un pays (…) l’autre Chili est celui des perdants (…) le Chili de ceux qui osèrent rêver leur petite révolution, et l’ont payé très cher » Il écrit pour rappeler « l’infâme histoire de l’infamie qui oublie de préciser qu’en 130 ans les forces armées chiliennes « n’ont combattu que leur propre peuple désarmé ». Il écrit pour que vivent « ceux qui nous manquent » et qui n’ont de statue qu’à « l’abri de nos mémoires » Il écrit pour les victimes qui réclament « justice parce qu’elles ne veulent « ni oublier ni pardonner » parce qu’elles ne veulent pas « se traîner à genoux devant les bourreaux en les priant de bien vouloir se laisser pardonner » On l’aura compris ce recueil d’articles de journaux n’a aucun rapport avec la littérature de genre qui nous intéresse d’ordinaire en ce lieu. Alors pourquoi rendre compte de sa sortie simultanée chez plusieurs éditeurs européens ? Tout simplement parce que partisan d’un polar d’intervention sociale nous ne pouvions passer sous silence ces textes de combat ; pour contribuer, de façon infime, à ce que le nom de Pinochet ne sombre dans l’oubli et pour que, s’il échappe à la justice, il demeure à jamais synonyme d’infamie et de barbarie. |
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