Quel impact une émission de télévision peut-elle avoir sur l’ouverture d’un dossier judiciaire enterré depuis dix ans ? Un objectif atteint semble-t-il, puisque après la diffusion de l’émission Faites entrer l’accusé, un jeune homme se présente spontanément au commissariat de Mouscron en Belgique déclarant que Frank Tison, accusé du meurtre de Julia Vanacker dix ans auparavant n’est pas le coupable, quoique celui-ci ait avoué, peut-être sous la pression policière. N’était pas le coupable devrais-je écrire car Tison après avoir sombré dans la folie s’est suicidé en prison. Pourtant tout semblait l’accuser. Des cheveux lui appartenant ont été retrouvé sur le corps dénudé de la jeune fille, une voisine l’aurait aperçu de dos grimpant l’escalier, vêtu d’un t-shirt pouvant lui appartenir, et il fréquentait Julia depuis quelques semaines. C’était un être faible, fragile, inhibé, tout comme la morte d’ailleurs, et le séjour en prison ne l’a pas arrangé mentalement. Seulement lors de la reconstitution télévisée, un Belge affirme avoir dépanné Franck le jour même du drame, lui apportant un alibi à retardement. L’enquête menée par l’inspecteur Bruynel alias le Bison, aujourd’hui à la retraite, a été tout simplement bâclée comme l’atteste le dossier qui n’est guère plus épais qu’une feuille de papier à cigarette coupée dans l’épaisseur. Tout est à reprendre de zéro et les inspecteurs Sylvie Monin et Frédéric Preux sont chargés de rouvrir le dossier. Ils interrogent les membres de la famille de Julia et de celle de Franck, les voisins de la jeune fille à l’époque du drame et relèvent des témoignages qui n’avaient pas été consignés à l’origine. Ce n’était pas de la faute des témoins, personne n’ayant eu la présence d’esprit, le courage d’approfondir le dossier, la volonté d’aller chercher une vérité, tout autant le policier qui avait procédé à l’interpellation de Franck que le juge d’instruction, heureux de boucler rapidement une affaire qui leur semblait facile. De petits faits émergent peu à peu, démontrant l’innocence de Franck Tison, et de ces faits, ils vont remonter des pistes qui s’avèreront parfois prometteuses, mais se révèleront des impasses. Et il leur faut se méfier des à-priori, comme Frédéric Preux serait tenté de le faire, afin de ne pas tomber dans les travers de la première enquête. Les problèmes familiaux et sentimentaux des deux policiers ponctuent ce roman, entrecoupant l’enquête, comme dans la vie réelle, lorsque tout un chacun regagne son foyer. Chacun des personnages évoluant dans ce récit possède ses fractures, sortant d’un chemin bien balisé, hors de protagonistes bien dans leur peau. Ce sont des victimes de la vie, même s’ils se montrent durs auprès de leurs proches. Ils sont atteints aussi bien psychiquement que physiquement, et un énorme hématome comprime leur esprit à défaut de leur corps.
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