Le Big Crunch, c’est un peu comme le Big Bang, mais à l’envers. Bruno qui s’est acheté des mocassins, peu à peu sent ses chaussures se resserrer. Des briques rétrécissent entraînant la chute de maisons ou d’immeubles. D’autres phénomènes se produisent également. La paire de lacets dont Bruno voulait se débarrasser reviennent irrémédiablement dans ses poches. Les ruches de sa tante Augusta attirent les objets métalliques. Capi, le chien de Vincent, jeune garçon de treize ans, avale des débris d’une boule apparemment inoffensive. Seulement il n’aboie plus, il émet des bruits de clochettes. Bref, le monde n’est plus ce qu’il était. Même pour Bruno qui était adulé pour ses émissions télévisées débiles et s’était surnommé Autrui, en référence au proverbe bien connu, Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fit, et qui est hué dans la rue. Tout ça serait bien de la faute du Visiteur, étrange personnage venu d’ailleurs et qui assimile avec une facilité étonnante les langues et les connaissances scientifiques ou culturelles de notre bonne vieille Terre. Mais rien ne va plus, notre planète se contracte, et le Visiteur propose à Bruno, Augusta, Vincent et quelques autres personnes de voyager avec lui jusqu’à Géa sa planète d’origine jumelle de la Terre, à bord d’une sphère plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur. Mais le voyage est perturbé, les incidents se multiplient. Kurt Steiner nous revient après plus de douze ans d’absence et à 87 ans, il est né le 7 aout 1922, il possède toujours un souffle étonnant. Son écriture est toujours aussi travaillée et il use avec bonheur des expressions contradictoires, comme les titres de ses premiers romans dans la collection Angoisse du Fleuve Noir : Le Bruit du silence, Fenêtre sur l’obscur, Le Seuil du vide… Les exemples ne manquent pas dans cet ouvrage qui reprend également un thème cher à l’auteur, le double. Ainsi je pourrais citer : «Il courut lentement ». Ou encore « Une imitation d’ectoplasme mordue par une autre ressent une douleur fictive. C’est pourquoi Vincent poussa un cri silencieux, perçu par les autres passagers ». Mais Kurt Steiner égratigne également le modernisme irréfléchi, ainsi : « La culture des céréales transgéniques s’était déroulée prudemment en milieu confiné jusqu’à ce que des irresponsables, ou au contraire des coupables parfaitement conscients avec pour but des profits démesurés, la mènent en plein champ. Ainsi ont été contaminées de proche en proche toutes les cultures avec la bénédiction des pouvoirs successifs et, plus grave encore, les expertises à moyen terme généralement menées conjointement par les transnationales et les pouvoirs en place les déclarant péremptoirement sans aucun danger… ». Enfin, la question fondamentale : « Ou bien l’Univers a toujours existé, ou bien Dieu l’a créé ». Vincent leva le bras et demanda : « Si c’est le cas, que faisait Dieu avant de créer l’Univers ? ». Je ne vous donnerai pas la réponse, ce serait trop facile, de plus elle est dans le livre. Un bon roman qui donne envie de lire ou relire les autres ouvrages de Kurt Steiner, alias André Ruellan, ou encore Kurt Dupont quand il écrivait dans les années 1960 pour Hara-Kiri.
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