Arnaud Stolognan s’était bien promis que pour une fois le voyage, qu’il effectuait en compagnie et sur l’injonction de son amie la douce (enfin presque !) et la (très) belle Florène, ne serait qu’un voyage d’agrément. Rien d’autre. Et c’est ainsi qu’ils flânent dans les rues de Rangoon, la capitale de la Birmanie. Ce que Arnaud n’avait pas prévu, c’est que l’aventure, de préférence dangereuse, colle à ses basques comme les mouches à un papier glu. Alors qu’ils se promènent et que Florène comme à son habitude ronchonne pour un rien, ils entrent dans la boutique d’un soit disant antiquaire. Et c’est là que les désagréments commencent, surtout pour Florène. Les objets hétéroclites qui s’entassent dans la boutique ont été de toute évidence fabriqués récemment. Pour s’amuser Florène se couche dans un simili vieux coffre et referme le couvercle sur elle. Arnaud est alors le témoin d’un curieux phénomène. La rainure entre le couvercle et le corps du meuble disparaît et il lui faut une hache pour libérer la jeune femme. Devant leur insistance, le vieux marchand révèle que le bois ayant servi à l’assemblage de la malle est du latens, une essence nouvelle qui est exploitée dans le nord du pays par la Swanson Company. Un bois dont suinte une sorte de sève gluante et travaille au contact d’un corps humain. Arnaud l’apprend à ses dépends, car ce qu’il pensait n’être qu’une esquille s’enroule autour d’un de ses doigts, et forme comme un anneau qui rétréci peu à peu. Florène a bien du mal à le dégager de cette bague nouvelle version. Peu après ils ont attaqués par des malfrats dans une ruelle de Thaketa, un des quartiers mal famés de la capitale. Malgré leur science de la défense, les deux amis sont capturés et se réveillent dans la cale d’une péniche qui remonte le cours du fleuve. Les ravisseurs de Florène l’ont confondu avec une autre personne, médecin de son état, et elle doit soigner sous la contrainte une des sœurs Swanson, atteinte selon les kidnappeurs de la lèpre. François Sarkel qui a débuté au crépuscule du Fleuve Noir, fournissant entre autre quelques aventures d’Arnaud Stolognan dans l’éphémère collection Aventures et Mystères, nous revient avec un roman qui happe le lecteur dès les premières pages. Aucun temps mort, une histoire qui pourrait s’inscrire dans une morale écologique : il ne faut pas jouer avec la nature, elle peut et sait se défendre. L’imagination des écrivains, on le sait, n’a pas de frontière. Un roman à lire tel quel, brut de décoffrage, ou à s’amuser à écorcer, décortiquer comme une parabole enveloppée d’une histoire mystérieuse. Non l’esprit des utopistes n’est pas mort. François Sarkel écrit également sous le pseudonyme de Boris Tarvel et a produit pour les éditions Millepertuis de nouvelles aventures d’Harry Dickson, qui sont également un régal pour ceux qui aiment l’univers fantastique de Jean Ray.
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