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BENOIT SEVERAC |
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1633Lectures depuisLe lundi 13 Juillet 2009
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Une lecture de |
Toulouse, au tout début des années 1920. Encore récente, la Grande Guerre a profondément marqué cet inspecteur de police. Sans doute parce qu’on lui confia des missions hors normes. Il ne soigne guère son aspect, ne cherche pas à sympathiser avec ses collègues, abuse des boissons alcoolisées, et c’est un habitué du bordel de chez Lulu. Surtout, il a besoin de morphine pour effacer les visions d’horreur qui le hantent. L’école vétérinaire est une des institutions toulousaines. Le Professeur Chervin, un des enseignants, vient de s’y suicider dans son bureau. L’inspecteur se rend sur les lieux, et interroge les premiers témoins. Selon le concierge et le surveillant, Chervin n’était pas très liant avec les autres. Guignard, le directeur de l’école vétérinaire, est peu coopératif, pressé que l’inspecteur boucle une enquête inutile. Rue Monplaisir, la mort de l’huissier Raynal apparaît assez suspect à l’inspecteur. Des voisins ont signalé des cris, et vu une silhouette s’enfuir. Pourtant, le Dr Millot n’a constaté qu’une crise cardiaque, et signé le certificat de décès. L’absence de l’employée de maison permet au policier de comprendre rapidement les faits réels. C’est dans la chambre de celle-ci que s’est déroulé le drame, impliquant son fiancé, André Pluni. Pas insensible à la veuve Raynal, l’inspecteur est prêt à relativiser l’affaire, si le Dr Millot se montre compréhensif en lui prescrivant ce dont il a besoin. Du côté de l’école vétérinaire, l’adjoint de Chervin masque mal l’antipathie que lui inspirait son collègue. Ce Cavaignac jalousait sa carrière, car il était aussi compétent que lui. L’inspecteur fraternise tant soit peu avec les étudiants de 4e année, les praticiens. Tous sont des anciens combattants, ayant repris leurs études, mais il est difficile de gagner leur confiance. Parmi eux, André Pluni, sur lequel l’inspecteur fait pression. Néanmoins, le policier est conscient qu’à “Toulouse la menteuse”, personne ne lui a dit la vérité dans ces deux affaires. Et ce n’est pas sa hiérarchie qui le soutiendra, pas plus que son collègue Durrieu qui hérite de ses enquêtes. Pourtant, le document Secret Défense que l’inspecteur a découvert dans le coffre-fort mural de Chervin est capital. Et il faudrait savoir pourquoi une société immobilière fit don d’un riche appartement au même Chervin. Peut-être que les fantômes qui obsèdent l’inspecteur vont l’empêcher de faire toute la lumière sur des morts suspectes… Après la période gallo-romaine dans “Les Chevelues”, Benoît Séverac utilise un décor historique plus récent. À travers les personnages et les ambiances, il évoque assez justement cette époque suivant la 1ère Guerre Mondiale. Léger anachronisme, peut-être, au sujet de Sidney Bechet et du jazz, pas encore vraiment popularisé, les Français ayant plutôt adopté le charleston. Par contre, sur l’idéal patriotique exacerbé de certains face aux anciens combattants désabusés, ce fut bien le cas. Au cœur de l’intrigue, un inspecteur de police presque anonyme, moralement détruit, déjà en survie, cherche une vérité qui n’intéresse personne autour de lui. Bel exemple de héros solitaire, qui ne suscite pas la compassion ou l’apitoiement du lecteur, mais que l’on suit en espérant qu’il ira le plus loin possible dans ses investigations. Maîtrisant la progression du récit, l’auteur parvient à nous captiver, entretenant noirceur et suspense, autant sur les décès actuels que sur le passé de son policier. Séverac confirme ses qualités d’auteur. |
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