DIDIER SENECAL

Le commissaire Lediacre dirige une petite unité d’investigation, s’intéressant à des affaires concernant des intouchables. Quand des gens haut placés et protégés empêchent la Justice d’enquêter, c’est Lediacre et son équipe qui s’en chargent. Hélène Vermeulen et Jean-Louis Pommérieux approuvent l’esprit assez tortueux de leur patron. Cette fois, c’est Pierre-Guillaume Heuzé qui est l’objet de leurs interrogations. Responsable de MÔMES, une ONG venant en aide aux enfants de pays asiatiques, la prestance médiatique et la chemise rouge de P.G.H. font l’admiration des foules. Mais, outre qu’on l’a vu dépenser des fortunes aux Etats-Unis, sa réputation contrastée donne à penser qu’il s’agit d’un escroc sans scrupule.

Si les comptes de l’ONG sont nickels, le passé du comptable Charvet (auquel Lediacre ressemble beaucoup) n’est pas si propre. Et ses visites dans les banques genevoises méritent d’être clarifiées. Pierre-Guillaume Heuzé fut le chef d’une précédente ONG. À l’époque, plusieurs de ses bénévoles furent kidnappés. L’un fut tué, les autres rendus contre une belle rançon. Avec la complicité d’un guide-traducteur, Heuzé était l’instigateur de l’enlèvement - qui lui rapporta gros. Suspectée de malversations, son association céda alors la place à MÔMES, qui fit sa notoriété. Le père du logisticien tué lors du kidnapping, un ancien colonial dont la vie ne fut guère glorieuse, est prêt à aider Lediacre à coincer Heuzé. Cet octogénaire malade est un atout précieux.

Religieux intransigeant, le père Autexier offre aux policiers une autre piste. Heuzé organisateur d’un trafic d’enfants adoptés ? Faisant pression sur un couple antipathique, Lediacre obtient confirmation des faits. Son collègue le commissaire Thirion enquête sur un pédophile international qui se fait appeler “La Flûte Enchantée”. Les recherches sur Heuzé, qui croisa ce pervers à Phuket, risquent de gêner celles de Thirion. S’il en a l’occasion, Lediacre n’hésitera pas à arrêter ce pédophile avant son confrère. Pour l’instant, avant qu’une glaciale juge ne fourre son nez dans cette affaire, Lediacre met en place un plan ciblant Heuzé. Le soutien du général de gendarmerie Giovanelli, la complicité d’un pédophile aujourd’hui calmé, celle du père du défunt logisticien, et les indications d’un nazillon pervers hollandais lui permettront de boucler l’ensemble du dossier…

Sans doute le commissaire Lediacre est-il un défenseur de la loi, de l’ordre, et des valeurs traditionnelles. Néanmoins, ses méthodes sont peu orthodoxes. Ceux qu’on ne peut atteindre légalement, il s’arrange pour les attaquer de manière détournée. Sans doute pour contrer les pires escrocs, faut-il être à la limite de la légalité. Son adjoint, qui finance des familles d’indics, n’utilise pas non plus les moyens ordinaires. Hélène, la narratrice, admire leurs manœuvres : “Tout ce que je sais, c’est que le message d’un flic français arabophone allait être transmis à une Algérienne à un beur, puis à un Turc qui se faisait passer pour un Tchétchène, dans le but de niquer un Français installé en Thaïlande. De là à en conclure que le billard est le sport favori du commissaire Lediacre…” Quant au sujet de société abordé, l’auteur nous montre que les activités de certaines organisations caritatives laissent perplexes. Une intrigue foisonnante et maîtrisée.