Le rêve. Le fantasme absolu, entretenu par les média quand elles nous serinent que les gains, tirage après tirage, montent, montent comme la petite bête…Inutile de faire semblant ! TOUT LE MONDE en a rêvé, pas seulement ceux qui jouent. Tout le monde a fantasmé, comme ça en passant, pas sérieusement, juste pour jouer avec l’idée que… Donner de l’argent à ses enfants, se débarrasser de ses crédits, aller vivre au soleil dans une belle maison, avec une belle voiture qui ne tombe pas en panne à répétition… Chacun ses rêves. La liposuccion de l’une, le 4x4 de l’autre, le tour du monde d’un troisième. Le gros lot est un rêve puissant et pernicieux… Tout cet argent tombé du ciel…Dans ce petit roman de cent pages, le héros s’appelle Richard Dinero. Eh oui…Tout au long du roman, le jeu avec les noms des personnages est savoureux. Richard, comme son nom ne l’indique pas est pauvre, à la limite permanente de la défaillance complète. Mme Aggiota, sa banquière, se charge de le lui rappeler régulièrement. « Les Néfliers » est une cité d’une dizaine de bâtiments. Chacun y fréquente son voisin, tout le monde connait tout le monde, et surtout les galères de tout le monde. Aussi, la nouvelle que le super lot de cent-cinquante millions d’euros a été gagné par un des habitants de la cité, éclate-t-elle avec les effets destructeurs d’une bombe nucléaire. Tout particulièrement en ce qui concerne le pauvre Richard. Une malencontreuse histoire de canapé le transforme, aux yeux des habitants de sa cité, en ce gagnant qu’il a rêvé d’être. Sa vie se transforme alors en enfer, adouci par quelques surprises qui prouvent que le véritable gagnant se cache bien à proximité.Unité de lieu, unité d’action, il ne manque que l’unité de temps pour conférer à ces cents pages un air d’antiquité. Car l’effet de la manne s’étale, et dure, et ses retombées n’en finissent pas, même seize ans plus tard. Et c’est là, si longtemps après, qu’on se dit que oui, finalement, le rôle du gagnant secret nous plairait peut-être bien…Tout, dans ce roman, prête à sourire car la fable est belle. L’humour s’y teinte pourtant d’une cruauté tendre et désespérée. Les jeux de langages, la manipulation jouissive des mots, le découpage nerveux font de ce petit roman une vraie réussite. A tel point qu’on se convaincrait presque qu’on le refuserait, nous, ce gros lot.« Pauvre Richard » était déjà une BD, ce sera bientôt un film, déjà tourné, en recherche de distribution… Si les dialogues ont été écrits par Sanz, j’y cours !
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