eugène bullard de Claude RIBBE


Eugène Bullard RIBBE93

CLAUDE RIBBE

Eugène Bullard


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Le lundi 2 Octobre 2012

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Claude RIBBE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Il est parfois des destins plus riches en aventures qu’une fiction.

L’origine des ancêtres d’Eugène Bullard, né le 9 octobre 1895 à Colombus, Géorgie, est quelque peu confuse. Quoiqu’il en soit, son père, William, esclave, prit le patronyme de son ancien maître lors de l’émancipation, un usage courant alors à l’époque.

A l’âge de sept ans, Eugène perd sa mère Josie, usée par le travail et les accouchements, et William, le père doit élever seul de ses enfants, les aînés s’occupant des plus jeunes. William travaille comme débardeur, déchargeant les ballots de coton, de légumes ou de fruits des bateaux à vapeur qui remontent la rivière Chattahoochee. Seulement une rixe l’oppose au contremaître raciste et quoique William ne soit pas dans son tort, il doit se cacher. Les membres du Ku Klux Klan local veulent le lyncher. Heureusement son patron est compréhensif et aide les enfants tandis que William part pour quelque temps en Floride. Puis il revient, mais plus question pour lui de travailler aux entrepôts. Il est employé dans une compagnie de chemin de fer, à l’entretien des voies. Il ne rentre pas souvent le soir.

Eugène a été traumatisé par cette fameuse soirée au cours de laquelle des hommes avinés ont voulu s’introduire dans leur maison et venger le contremaitre. Or son père vantait l’Europe, surtout la France, un pays où tous les hommes étaient traités équitablement, quelque soit la couleur de leur peau. Et l’envie de partir pour rejoindre la France le tenaille, devenant une obsession.

Alors qu’il va sur ses onze ans, et après plusieurs tentatives de fugue infructueuses, Eugène quitte le domicile parental, emmenant avec lui la chevrette du foyer, revendant l’animal à un copain d’école. Ce qui lui assure un maigre pécule. Il se rend à Atlanta, à bord d’un wagon réservé aux « gens de couleur », puis se fait embaucher comme palefrenier par une tribu de maquignons tziganes qui séjourne habituellement en Angleterre. Il est persuadé de pouvoir passer avec eux en Europe. Son apprentissage auprès des chevaux dure un an, mais son espoir de franchir l’Atlantique est déçu. Il continue ses pérégrinations, avec toujours chevillée au corps l’appréhension de quelqu’un le reconnaisse et le ramène chez son père. Les années passent, il travaille chez un gros éleveur de chevaux, et il parvient même à participer comme jockey, une première pour un noir, et gagne même quelques courses.

Il a seize ans et se montre élégant. Grâce à l’argent gagné, il s’achète un beau costume et des souliers vernis. Lui, il l’est un peu moins car il est pris à partie par un individu qui l’accuse d’avoir volé les vêtements qu’il porte. C’en est trop ! Sa décision est prise, il franchit le pas.

Il embarque comme passager clandestin à bord du Marta Russ le 4 mars 1912 et parvient à se cacher un certain temps. Lorsqu’il est découvert, le capitaine le prend en amitié, grâce à sa bonne bouille et sa gentillesse, mais les lois de la navigation sont strictes et Eugène est débarqué en catimini en Ecosse. La première impression qu’il ressent, c’est que pour une fois, personne ne fait attention à sa couleur de peau. Il va ainsi, par étapes rejoindre Londres, où il essuie quelques réflexions, mais sans plus. Il devient cible vivante dans une foire, attirant les clients par ses sourires et ses simagrées, sa bonne humeur et sa jovialité, et non pas à cause de sa couleur de peau. Puis artiste de music-hall dans un minstrel show et s’essaie à la boxe, engrangeant quelques victoires et se liant d’amitié avec des pugilistes de renom. Enfin l’occasion se présente de débarquer à Paris. Il continue à pratiquer la boxe, le music-hall, mais les années plaisirs ne durent guère.

La Première Guerre Mondiale éclate, sans que les belligérants et les civils comprennent vraiment en quoi ils sont concernés. En trichant sur son âge il parvient à se faire engager dans la Légion Américaine. Les mois sont longs dans les tranchées en Champagne, d’autant qu’il aurait aimé pouvoir être incorporé dans l’aviation ou la cavalerie. Et tout ce qu’il récolte c’est d’être sérieusement blessé à une jambe. Durant un certain temps une amputation est même envisagée, mais à force de courage, de volonté, de pugnacité, il parvient à remarcher sans quasiment boiter. Alors, après un séjour à Paris où il fait la connaissance d’artistes, dont le poète Frédéric Sauser, plus connu sous le nom de Blaise Cendrars, ou le peintre Kisling et quelques autres. Il va apprendre à tenir le manche d’un avion et enfin pouvoir réaliser son rêve : participer aux combats aériens. Il devient un pionnier, le premier et seul Noir à devenir pilote de chasse combattant durant la Première Guerre mondiale dans les forces alliées, et le second pilote de chasse de couleur avec le Turc Ahmet Ali Celikten.

Mais les préjugés raciaux s’intensifient aux USA et les représentants du gouvernement américain en France refusent de reconnaître sa valeur intrinsèque et ses victoires, notamment le docteur Edmund Gros, un médecin américain qui dirige l’hôpital franco-américain de Paris. Celui-ci fait tout ce qui lui est possible, en falsifiant ou en oubliant dans ses rapports le rôle, souvent prépondérant, joué par Eugène Bullard dans ses affrontements aériens contre l’ennemi. Gros s’évertuera à minimiser l’apport de Bullard, lui contestant sa bravoure, les honneurs, les médailles, et l’avancement. Et ce rejet, ces brimades, ces vexations durent des décennies.

A la fin de la guerre, Eugène Bullard s’établit à Paris, s’entichant de jazz et jouant de la batterie, s’éprend d’une Alsacienne, Marcelle Straumann, tiend des night-clubs et vit encore de multiples aventures en devenant même agent dans les services secrets du contre-espionnage français.

La plus grande part de cette biographie rédigée par Claude Ribbe est consacrée à la période durant laquelle Eugène Bullard participe à la Grande Guerre, en décrivant les faits de guerre, les horreurs des tranchées, la résurgence de plus en plus active et prégnante des préjugés raciaux aussi bien à l’intérieur même des Etats-Unis qu’en dehors des frontières. Des individus qui refusent de comprendre que Tout sang est de couleur rouge, une devise qu’Eugène Bullard a inscrite sur la carlingue de son avion. Eugène Bullard, malgré tout, sait, grâce à ses qualités morales, se faire apprécier et même aimer de la plupart de ses concitoyens et des Français en général. Il côtoie de près ou de loin des personnages aussi différents que prestigieux que De Gaulle, Blaise Cendrars, Sidney Bechet, Louis Armstrong, Charles Nungesser ou encore Joséphine Baker.

Claude Ribbe avec justesse, humanisme, verve, amour même, nous raconte le destin exceptionnel d’un homme, d’un héros méconnu, d’un oublié de l’histoire, destin qui méritait d’être narré car véritablement emblématique et édifiant.

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