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ANGE REBELLI |
Gonzo à GogoAux éditions TABOU EDITIONSVisitez leur site |
1113Lectures depuisLe vendredi 7 Juillet 2012
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Une lecture de |
D’origine corse, Ange Rebellini fut rockeur underground, avant de choisir un tout autre univers. Âgé de trente-huit ans, Angie est aujourd’hui un sex-reporter qui connaît toutes le facettes de la pornographie. Les moindres recoins du Bois de Boulogne, Pigalle et son ambiance, les clubs libertins, les vicieux collectionneurs, il s’intéresse à tout ce qui concerne le sexe. Avec Lola Joy et IVG (Isidore Violette-Gastinger), Angie réalise des séries de photos en plein air, dans les endroits les plus improbables. “Ah putain, Angie, à quoi tu sers dans la vie ? Commis du vice ! Tu as laissé la vertu aux autres, mais ce n’est pas de tout repos” s’avoue-t-il. Son employeur Fez, c’est le Citizen Kane du porno, patron d’un empire de presse de la fesse. Il mise actuellement sur le gonzo, ces petits films semi-amateurs, tournés à la sauvette. Peu de frais engagés, mais beaucoup de clients à la clé. Angie n’ignore rien de la rivalité entre les deux pros du X que sont IVG et Douglas Pean. Pour en connaître les détails, il s’adresse à Gueule d’Amour, un obsédé du sexe et des vidéos rares. Certes, la cote de Douglas Pean a nettement baissé ces derniers temps, à cause de supposés problèmes d’érection. Mais il compte sur le tournage d’un nouveau film à Cannes pour relancer sa carrière. D’ailleurs, Fez a demandé à Angie d’aller faire un reportage là-dessus. Entre-temps, IVG a été hospitalisé après une agression. Difficile de croire que ces types venaient du milieu du X où, à défaut d’être propres, les relations sont clairement définies. IVG est un gars solide, qui s’en remet rapidement. Accompagnés de Lola Joy, Angie et lui se dirigent alors vers Cannes à bord d’une ambulance vintage qui sert de décor à quelques films gonzo durant le trajet. Fez doit rentabiliser leur voyage. L’équipe de tournage autour de Douglas Pean est déjà en place, dans une villa de luxe. L’endroit appartient à une riche dame mûre. Son amant Max s’est improvisé producteur du film X en question. Ça ressemble d’assez près à une pétaudière, peuplée de jolies filles (dont la belle Zora) et d’hommes de toutes origines (dont le Serbe inquiétant Slobodan). Douglas Pean est nerveux, car il doit se montrer à la hauteur. En réalité, toute la maisonnée est sous tension. D’autant que la dame mûre a des héritiers qui n’aiment guère ce genre de frasques. IVG et Lola logent dans un camping des environs, tournant des gonzo dès que s’en offre l’occasion. Angie n’aimait pas l’idée que son ami IVG soit armé d’un gros flingue. Pourtant, si ça doit pétarader autour de lui, le sex-reporter aura bien besoin de munitions… C’est un roman s’adressant uniquement à un public adulte, bien entendu. Même si on est souvent plutôt dans la gauloiserie paillarde, que dans le salace dégoûtant. Le contexte présente une sorte d’état des lieux de la pornographie. Celle de ces quinze dernières années, allant de la VHS au DVD en passant par Internet. Celle du film X, de qualité correcte ou plus bâclés, tels les gonzos. Celle des pratiques sexuelles consentantes, brèves rencontres d’affamés de plaisir ou échangisme plus bourgeois. Le sexe est un bizness qu’il faut observer sans préjugés. Ce que font le cinéaste Jean-Pierre Mocky, interviewé dans la préface, et le romancier Abdel Hafed Benotman, qui a écrit la postface. Pour eux, l’obscénité n’est pas liée à la liberté sexuelle, mais davantage à nos sociétés. Alors, bien sûr, l’univers ici évoqué ne respire pas le raffinement, avec le vocabulaire qui correspond, et des scènes sans fioritures. Ça reste malgré tout un polar sociétal, un peu plus cru que d’autres. L’intrigue n’est pas purement énigmatique, mais pleine d’action et de péripéties. Ce qui nous entraîne à bon rythme vers un final particulièrement agité. Mocky y voit même le genre Mickey Spillane “avec des types hard dans une histoire hard, qui se canardent à tout va, les balles qui sifflent…” Pas pour lecteurs chastes et pudiques, c’est certain. Mais pour tous les autres, oui. |